Publié le 20 mars 2018

Sport et développement : un rôle à jouer en Afrique pour les entreprises

Retrouvez notre tribune suite à la création d'une plate-forme de transformation par le sport en Afrique. 

 

 

 

La politique de développement par le sport en Afrique, lancée par Emmanuel Macron, offre des opportunités pour les acteurs économiques du sport français, porteurs de réels atouts pour promouvoir des investissements responsables.

Emmanuel Macron accueillait à l'Elysée en février dernier George Weah, ancienne gloire du Paris-Saint-Germain, récemment élu président du Libéria. En présence de personnalités importantes du football, dont Gianni Infantino, président de la Fifa, et Ahmed Ahmed, président de Confédération africaine de football (CAF), les dirigeants ont annoncé la création d’une plate-forme de transformation par le sport en Afrique.

Quelques jours plus tôt, la ministre des Sports Laura Flessel se rendait au Rwanda pour une visite d’État, où elle a notamment inauguré un stade urbain soutenu par la Fondation Engie aux côtés de son homologue rwandaise, Julienne Uwacu. Dernièrement, le gouvernement français a multiplié les initiatives tournées vers la promotion du sport en Afrique, traduisant sa politique de développement et l’engagement qu’il entend poursuivre sur le continent africain.

Un rôle à jouer pour le sport

Le XXIe siècle est souvent décrit comme «le siècle de l’Afrique». Certes, les prévisions de croissance sont élevées : selon la Banque Mondiale, 6 des 10 croissances économiques les plus élevées en 2018 sont promises à des pays africains.

Cependant, «la croissance ne se mange pas» comme le note avec ironie la population ivoirienne. De forts enjeux de développement subsistent en parallèle de cette expansion économique annoncée, matérialisés par les problématiques de santé, d’éducation, de stabilité politique ou encore de démographie. 

Les opportunités économiques sont intrinsèquement liées à ces enjeux de développement social. Le domaine du sport a-t-il un rôle à jouer dans ce contexte ? À la lumière de ses initiatives, le gouvernement français semble pencher pour une réponse positive, érigeant le sport comme un véritable tremplin pour transformer ces croissances en progrès tangibles pour la population africaine.

Les événements sportifs fleurissent en Afrique

Progressivement, le monde sportif en Afrique se structure. Moteurs essentiels de l’économie du sport, des événements sportifs internationaux de plus en plus importants et variés s’organisent sur le continent, comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en football, les Jeux de la Francophonie ou plus récemment des compétitions de cyclisme dans le cadre de l’UCI Africa Tour.

L’accueil de la Coupe du monde de la Fifa 2010 en Afrique du Sud a marqué un vrai pas en avant pour démontrer la capacité de pays africains à accueillir des événements d’une telle envergure. Même si l’impact socioéconomique de ces manifestations sportives reste encore à relativiser, ils participent au rayonnement international croissant des pays organisateurs et du continent dans son ensemble.

Des Jeux Olympiques africains ne sont pas encore d’actualité, mais des discussions sont en cours entre le Comité olympique international (CIO) et les comités olympiques de pays africains intéressés pour accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2022. En parallèle, le Maroc mène une candidature pour organiser la Coupe du monde de la Fifa 2026, des initiatives porteuses de nombreux plans de développement d’infrastructures sportives.

Ainsi, le Maroc prévoit la construction de 800 terrains de proximité entre 2018 et 2020, à l’instar de la Côte d’Ivoire qui a lancé un plan de construction et rénovation d’infrastructures sportives en vue de l’accueil de la CAN 2021. Ces activités illustrent une évolution progressive vers un marché du sport africain plus à même de répondre aux exigences socioéconomiques de la scène internationale.

Investissements responsables et francophonie

Dans ce contexte porteur, les acteurs économiques français du sport à l’export doivent privilégier des investissements responsables pour véritablement prendre part à l’évolution du marché africain sur la durée. Ils doivent prendre conscience que les enjeux de développement sont bien sociaux avant d’être économiques.

La pérennité et le succès des investissements privés français dans l’économie du sport africain reposeront sur des partenariats avec le tissu économique local, en phase avec les besoins et opportunités des pays concernés. Pour se faire une place de choix et porter leurs valeurs dans la compétition internationale, les acteurs français doivent utiliser leurs atouts, par exemple capitaliser sur la francophonie.

Le partage d’une langue permet indéniablement de rapprocher plusieurs parties prenantes, comme le démontre une étude sur la préférence linguistique comme facteur clé pour les relations économiques entre différents territoires.

À l’instar de la francophonie, les acteurs du sport français doivent trouver des outils leur permettant de pleinement prendre part aux évolutions en cours et à venir sur le continent africain, en s’adaptant aux spécificités propres à chaque pays. Gage d’ouverture et d’inclusion, le sport peut être un ciment puissant pour rassembler tous les acteurs concernés par ce nouveau souffle économique et social en Afrique.

Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora

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