Le mouvement sportif doit se positionner pour promouvoir l'activité des Français. L'entreprise représente un environnement idéal pour agir, offrant de vraies solutions pour la santé publique.
La sédentarité tue au moins autant que le tabagisme alors que plus d'un Français sur deux ne pratique pas ou plus d'activité physique et sportive (APS). Dix millions de personnes sont touchées par des pathologies de longue durée pouvant être liées à ce manque de pratique. D'après l'OMS, l'inactivité physique est impliquée dans plus de trois millions de morts évitables par an dans le monde, causant des diabètes, des maladies cardiovasculaires, certains cancers...
Comment faire face à ces chiffres alarmants ? Dans un contexte où la Sécurité sociale se débat avec son gouffre financier, il paraît urgent de faire la promotion du sport, outil de prévention primaire, secondaire et même tertiaire, tout en générant de nouvelles opportunités économiques. Les prochains Jeux mondiaux du Sport d'Entreprise qui se dérouleront à la Baule fin mai 2018 représentent justement une occasion de rappeler à tous que le sport en entreprise s'affirme comme une réelle solution contre la sédentarité.
Inscrit au coeur de sa feuille de route, la ministre des Sports Laura Flessel a bien identifié l'inactivité comme enjeu de santé publique. Selon un rapport du Conseil national des activités physiques et sportives (CNAPS) publié en 2007, une personne sédentaire coûte 250 euros de plus par an à la Sécurité sociale par rapport à une personne active. En se fixant un objectif d'augmenter de trois millions le nombre de pratiquants d'APS, le gouvernement miserait donc sur une économie de 750 millions d'euros. C'est sans compter sur les bienfaits de l'APS pour traiter certaines pathologies, diminuant mécaniquement les frais de santé et la mobilisation de fonds pour la prévoyance.
Vaincre la sédentarité passe notamment par la compréhension des habitudes des Français. Publiée en septembre 2017, l'étude Esteban souligne que près de 90 % des adultes français déclaraient trois heures ou plus d'activités sédentaires par jour et 41 % d'entre eux plus de sept heures, hors activité professionnelle. Selon les chiffres de l'OCDE, les employés français passent en moyenne 36 heures au travail par semaine, soulignant l'environnement professionnel comme endroit privilégié pour influer sur des changements de normes sociales qui s'inscrivent dans la durée. Bien que l'APS fasse partie des habitudes personnelles de chacun, un cadre professionnel propice à la pratique sportive représente une aubaine pour ancrer une certaine culture du sport et lutter contre la sédentarité.
Au-delà de l'enjeu de santé publique clé pour le bien-être de notre société, le sport en entreprise permet de couvrir un deuxième objectif : un gain significatif pour la productivité des salariés. Selon une étude de Goodwill Management, en collaboration avec le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le MEDEF, "un collaborateur sédentaire qui se met à la pratique d'une APS améliore sa productivité de 6 % à 9 %".
Ce résultat peut représenter un argument de poids pour inciter davantage les entreprises à s'investir dans cette démarche et améliorer ainsi leur indice de performance QVT (Qualité de Vie au Travail). Des bénéfices potentiels supplémentaires pour une stratégie de santé publique encore trop peu exploitée par les parties prenantes, malgré des évaluations récurrentes concentrées sur la France, dont le baromètre "Attitude Prévention" de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (IRMES) dirigé par le professeur Jean-François Toussaint.
Le mouvement sportif doit se positionner pour promouvoir l'activité des Français. Deux types d'action sont à privilégier. D'abord, la prévention par l'APS en entreprise permettrait de prévenir des pathologies professionnelles largement répandues dans notre société. Les acteurs du sport ont une réelle expertise sur la pratique des activités physiques pertinentes ; en collaboration avec les spécialistes médicaux, les résultats pourraient être très bénéfiques pour les patients comme pour l'économie du sport dans son ensemble. Un premier pas en ce sens a d'ailleurs été engagé avec la mise en vigueur du sport sur ordonnance.
Le deuxième axe sur lequel le mouvement sportif pourrait se concentrer de manière légitime se trouve dans la reprise d'activité physique. Celle-ci constitue la véritable porte d'entrée du sport dans le monde de l'entreprise. Compte tenu des niveaux de sédentarité, cette problématique concerne le plus grand nombre et correspond tout à fait au public captif de l'entreprise.
Portées par le mouvement sportif, ces actions permettraient d'apporter des réponses aux enjeux de santé publique exprimés par le gouvernement. La situation alarmante de la sédentarité a le mérite de représenter un fort potentiel pour la mise en place de collaborations innovantes et même, pourquoi pas, la création d'une nouvelle économie. Le sport en entreprise semble bien être un des remèdes gagnants pour la santé publique.