Publié le 01 juillet 2021

Tour de France 2021 : Au-delà de la performance sportive, un événement aux enjeux multiples !

C’est reparti ! Les 184 coureurs du Tour de France, organisé par Amaury Sport Organisation, se sont élancés à la conquête de la Grande Boucle et de ses prestigieux maillots le samedi 26 juin à Brest. Une première semaine qui a réservé son lot de surprises et de premiers exploits. En attendant de célébrer de nouvelles victoires de nos coureurs tricolores et les bonnes performances de nos équipes françaises, voici un petit tour d’horizon des autres enjeux de cet événement si spécial.

Le Tour de France, un événement suivi mondialement

Après les Jeux Olympiques d’été et la Coupe du Monde de football, le Tour de France est l’événement le plus suivi au monde en rassemblant chaque année 3,5 milliards de téléspectateurs pour une diffusion télévisée dans 190 pays. À l’échelle française, 40 millions de téléspectateurs ont suivi la course sur France TV en 2020. En progression, le premier week-end du Tour 2021 a réuni 3,94 millions de téléspectateurs, en hausse de 4,3% par rapport à 2020. Enfin, le Tour de France rassemble une communauté de 8,7 millions de fans sur les réseaux sociaux et cumule 77,6 millions de vidéos vues pour l’édition 2020. Pas mal non ?

Différentes sources de revenus pour le Tour et un enjeu pour les villes-étapes

Avec son aura, le Tour de France est forcément attractif. Sa spécificité réside néanmoins dans le fait que, contrairement aux mastodontes que représentent les Jeux Olympiques et Paralympiques ou la Coupe du Monde de football de la FIFA , ses retombées économiques et la possibilité pour les acteurs de s’y associer restent raisonnables.

En effet, le chiffre d’affaires du Tour de France en 2019 était estimé à 130 millions d’euros dont 40% à 50% de sponsoring, entre 50 et 55% de droits TV et entre 5% et 10% de revenus issus de l’investissement des collectivités.

Petit focus d’ailleurs sur ces dernières, combien ça coûte pour une ville d’accueillir le Tour ? Qu’en tirent-t-elles ? Alors que 250 villes envoient leur candidature chaque année à ASO, il faut débourser 65.000 € pour une ville-départ, 110.000 € pour une arrivée et 160.000 € pour les deux. À cette première dépense viennent bien entendu s’ajouter des coûts supplémentaires d’organisation (aménagement, signalisation, mobilisation des forces de l’ordre...).

Les retombées économiques pour les villes-étape sont tout sauf négligeables ! La présence du public va booster l’économie locale et l’exposition médiatique du Tour permet une très belle mise en avant, notamment au niveau du tourisme. L’an dernier, le directeur du Tour Christian Prudhomme expliquait qu’il y avait un rapport de 3 à 8 entre le montant investi et le retour sur investissement pour une ville.

 

Les sponsors et le Tour, une histoire unique et un apport mutuel

Avec des équipes qui portent le nom de leurs partenaires et la célébrissime caravane publicitaire qui compte environ 160 véhicules et distribue 16 millions d’objets par édition, le Tour de France est intrinsèquement lié à ses sponsors, que ce soit les partenaires et fournisseurs officiels de l’événement, ou les sponsors des équipes. Cette année, 39 partenaires seront au départ du Tour et en soutien des 23 équipes participant à la compétition. Françoise BRESSON (Directrice RSE et Communication) chez Nestlé Waters (Vittel) qualifiait récemment le Tour comme le seul événement au cours duquel, les spectateurs viennent à la rencontre des marques, intervention à l'occasion de l'événement SPORSORA , A nos marques, prêts, (re)partons ! 

Sponsors d’équipes : accessibilité et visibilité : Les équipes n’existent que grâce aux investissements de leurs sponsors. Pourquoi un tel engouement des marques pour s’associer à une équipe de cyclisme ? Tout d’abord, comme évoqué un peu plus haut, le cyclisme reste relativement accessible pour les sponsors au regard des retombées pour la marque. Le budget moyen d’une équipe cycliste professionnelle du World Tour de l’UCI est de 18 millions d’euros. De plus, le cyclisme comme la voile permet d’assimiler directement la marque aux exploits sportifs des coureurs qui portent les couleurs et le nom de leurs sponsors. Des marques telles que la Française des Jeux ou AG2R qui sont engagées depuis de longues années sont désormais complètement assimilées au Tour par les spectateurs.

Sponsors et fournisseurs officiels du Tour de France : Accessibilité, exceptionnel gain de visibilité, image solidement associée à la compétition... les mêmes raisons de sponsoriser une équipe incitent les marques à investir sur l’événement. En 2019, le montant des premiers tickets de partenariats se situait entre 250 000 € et 300 000 €. La caravane publicitaire offre bien entendu une exposition unique. Mais c’est aussi un vrai moyen pour les partenaires de faire passer des messages, à l’heure où le développement durable et l’engagement sociétal des marques est de plus en plus important aux yeux des consommateurs. Ou encore de démontrer leur technologie, leur expertise grâce à cette vitrine exceptionnelle (Orange, Enedis).

 

Budget des équipes : être compétitif, ça a un prix !

On note de grands écarts de budget entre les équipes. Naturellement, les plus conséquents sont liés aux équipes les plus attendues et comptent les coureurs favoris en leur sein. Ainsi, la Team Ineos Grenadier possède le plus gros budget de l’histoire du cyclisme avec 50 millions d’euros et des têtes d’affiches comme Geraint Thomas ou Richard Carapaz quand l’équipe B&B Hôtels KTM n’a qu’un budget de 7,5 millions d’euros. Derrière Ineos, on retrouve (assez loin pour le souligner !) la UEA Team Emirates avec un budget de 35 millions d’euros. Jumbo-Visma complète le podium avec un budget de 27 millions d’euros. La première équipe française est celle co-namée par Citroën et AG2R – La Mondiale avec un budget de 23 millions d’euros.

AG2R et FDJ sont allés chercher des co-namer (respectivement Citroën et Groupama) afin d’atteindre un budget permettant d’être compétitif.

 

Le Tour à l’heure de la réflexion environnementale

Souvent jugée polluante, la Grande Boucle et ses partenaires redoublent d’efforts pour réduite l’impact de la compétition sur l’environnement. ASO, organisateur de la compétition a déployé un plan d’action portant sur plusieurs points (gestion des déchets, restauration, protection de la biodiversité...) et a par exemple veillé au recyclage dans le Village Départ et publié un bilan carbone précis de la première étape. La responsable RSE du Tour, Karine Bozzachi a assuré que le Tour travaillait main dans la main avec les départements et accompagnait les collectivités sur la gestion des déchets.

Les marques, conscientes de l’exposition médiatique ne sont pas en reste au sein de la caravane. AG2R a lancé le programme « Vivons Vélos » pour encourager à la pratique et réalisé des dons à l’Institut Pasteur. Vittel distribue des sacs issus de bouteilles d’eau recyclées alors que la FDJ, dans le but de promouvoir la mobilité douce et de sensibiliser le public à la pratique du vélo a déployé un camion atelier « recyclisme » sur chaque étape, dans lequel les mécaniciens vont enseigner au grand public les réflexes pour entretenir un vélo. Si l’on reste sur ce thème de mobilité, cette édition 2021 est marquée par l’émergence de véhicules hybrides rechargeables et 100% électriques. On peut notamment citer Enedis qui, comme en 2020, roulera en véhicule électrique lors de chaque étape. Et bien entendu, il est indispensable de citer l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque, partenaire du Tour depuis 17 ans, qui a été sélectionnée pour « l’étape du cœur » (6ème étape) afin de récolter des fonds pour les opérations de plusieurs enfants

Si bien sûr des progrès restent à réaliser, le Tour, depuis plusieurs années, s’est doté d’une vraie démarche environnementale.

 

Le Tour de France, une opportunité de soft power de plus en plus prisée

Alors que le Kazakhstan avait lancé l’équipe Astana en 2007, le Tour de France compte désormais plusieurs équipes aux couleurs d’un pays. Tout comme pour les sponsors, le coup de projecteur apporté par l’exposition médiatique du Tour incite certains États à s’y intéresser de près. Ainsi l’an dernier, l’équipe Israël Start-Up Nation, conçue pour être une ambassadrice d’Israël a participé à son premier Tour, financée par le milliardaire Sylvan Adams et avec Christopher Froome comme tête d’affiche. Les Émirats Arabes Unis ont, eux, racheté l’équipe Lampre en 2017 pour créer l’UAE Team Emirates.

Pour cette édition 2021, quatre équipes affichent les couleurs et/ou le nom d’un État avec Israël Start-Up Nation et la UAE Team Emirates donc, ainsi qu’Astana Pro Team et la Team Bahrain Victorious.

Qui a dit que le sport n’était pas politique ?

 

Du public, mais de manière encadrée

Un Tour de France sans public, ce n’est pas un Tour. Alors quel plaisir de pouvoir compter sur la présence de spectateurs sur les bords de route ! Malgré tout, certaines règles sont encore à respecter pour pouvoir assister aux étapes de la Grande Boucle en conditions réelles. Le Pass sanitaire devait être présenté pour accéder aux zones de rassemblements des départs et des arrivées des quatre premières étapes. Pour le reste du parcours, un accès libre était de mise mais avec l’obligation du port du masque, une distanciation et l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes. À partir du 1er juillet et de la dernière étape du déconfinement, les mesures seront adaptées à chaque fois avec les autorités locales « au dernier moment » selon Christian Prudhomme. Par exemple à Tours pour la 6ème étape, les spectateurs n’auront pas l’obligation de présenter un pass sanitaire pour accéder aux zones de rassemblements mais ces dernières seront limitées à 1000 personnes avec port du masque.

Dernière règle mais essentielle, manier les pancartes avec précaution et ne pas risquer d’atteindre l’intégrité des coureurs...

 

Le Tour féminin, enfin !

Bon, alors pas pour cette édition, la Covid-19 ayant également affecté cette initiative. Mais le retour d’une édition féminine, disparue depuis 2009, approche ! En effet, Christian Prudhomme a annoncé fin mai qu’un Tour de France féminin aura lieu en 2022, après l’édition masculine. Le directeur du Tour de France a notamment expliqué que le principal défi sera de trouver un équilibre économique.

Ces derniers jours, la Française des Jeux, déjà partenaire de La course By le Tour, a d’ailleurs d’ores et déjà annoncé un partenariat avec le futur Tour de France Femmes avec Zwift et poursuit ainsi son engagement en faveur du cyclisme féminin et du sport féminin de manière générale. Plusieurs autres partenaires du Tour de France ont également fait part de leur enthousiasme pour s’engager (LCL, E. Leclerc, Tissot...)

La première étape aura lieu le jour même que l’arrivée du Tour de France 2022. Le Tour de France Femmes avec Zwift bénéficiera d’une couverture télévisée quotidienne en direct et d’une exposition mondiale. France Télévisions prolongera d’une semaine les après-midis consacrées au Tour et un accord avec l’Union Européenne de Radiodiffusion prévoit également une diffusion sur des grandes chaînes généralistes européennes.

Nous en tout cas, on a hâte !

 

Yanis Lahmeri, Chargé de mission Relations Institutionnelles et Internationales chez SPORSORA

Magali Tézénas du Montcel, Déléguée Générale SPORSORA