Publié le 13 mars 2019

Le rapport financier annuel 2017/2018 de la LFP

Publication du rapport financier annuel 2017/2018 de la LFP : le football affiche une performance économique exceptionnelle.

 

 

Au terme de la saison 2017/2018, le football professionnel français affiche une performance économique exceptionnelle, avec un chiffre d’affaires de 2,836 milliards d’euros, soit en hausse de 31 % par rapport à la saison précédente, et un bénéfice opérationnel de + 161 M€ contre une perte de 32 M€ lors de la saison précédente.

Cette performance intègre : 

  • Un montant record de 929 M€ de plus-values liées aux transferts de joueurs (contre 302 M€ en 2016/2017) ;
  • Une dynamique commerciale des clubs qui se confirme à travers des produits d’exploitation en hausse de 2 % par rapport à 2016/2017, s’établissant à 1 907 M€ ;
  • Une augmentation marquée des coûts (y compris masse salariale) qui s’établissent à 2 675 M€, en hausse de 22 %, et qui résultent des investissements importants réalisés par certains clubs lors du dernier mercato. 

Compte tenu de la structure de financement du football professionnel français essentiellement composée de dettes financières et de comptes courants d’actionnaires, la performance économique est obérée par : 

  • Un coût de la dette de 122 M€ (contre 45 M€ en 2016/2017) qui résulte de l’utilisation par certains clubs de modèles de financement innovants faisant intervenir d’importants effets de levier ; 
  • Une reprise de 178 M€ d’un compte courant d’actionnaire d’un club correspondant à un retour à meilleure fortune.

En conséquence, le résultat net comptable se dégrade sur la saison, affichant une perte de - 176 M€ (contre - 101 M€ en 2016/2017).

Cependant, 15 clubs de Ligue 1 Conforama (contre 13 lors de la saison précédente) et 14 clubs de Domino’s Ligue 2 affichent des résultats nets bénéficiaires au terme de la saison 2017/2018.

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Les produits hors mutations s’établissent à 1.907 M€ au 30 juin 2018, en croissance de 2 % par rapport à 2016/2017.

Cette croissance résulte pour l’essentiel d’une augmentation de 21 % des autres produits dont les produits issus du merchandising (400 M€, en augmentation de 68 M€). Attirant une gamme de partenaires de plus en plus large, de nombreux clubs ont poursuivi avec succès leurs actions de diversification de leurs revenus.

Après une croissance de 13 % sur la saison 2016/2017, les recettes liées à la billetterie augmentent de 2 % sur la saison, à 209 M€ (dont 15% d’augmentation pour la Ligue 1 Conforama).

Les charges augmentent de 22% et s’établissent à 2675M€ au 30 juin 2018. Cette augmentation marquée des coûts traduit les investissements importants réalisés par certains clubs lors du mercato de l’été 2017. Ces investissements résultent pour l’essentiel de la volonté des clubs ayant des ambitions européennes de renforcer leurs effectifs pour accroitre leur compétitivité à court terme ainsi que des ajustements opérés par les clubs jouant le maintien.

Ces investissements expliquent : 

  • La forte progression de la masse salariale chargée (17 % sur la saison contre 5 % la saison précédente), qui s’établit à 1 446 M€ ;
  • L’augmentation de 61 % des dotations aux amortissements des indemnités de mutations, qui pèsent pour 378 M€ ;
  • L’augmentation de 71 % des honoraires versés aux agents, qui s’élèvent à 91 M€.
  • L’augmentation de près de 80 % de la valeur de l’actif « Joueurs » du football professionnel français, qui représente 1 053 M€ contre 591 M€ en 2016/2017. La valeur économique de cet actif est aujourd’hui estimée à 3,6 Md€ (selon Transfermark). 

En conséquence, le résultat d’exploitation se dégrade fortement sur l’exercice, affichant une perte de - 768 M€ contre - 334 M€ au terme de la saison 2016/2017.

Néanmoins, et compte tenu du montant record de plus-values sur cessions de joueurs (de 929 M€), le football professionnel français affiche au terme de la saison 2017/2018 un bénéfice opérationnel de 161 M€ contre une perte de 32 M€ lors de la saison précédente.

Le modèle économique reste par conséquent tributaire de la capacité des clubs à céder régulièrement des joueurs. 

La sensibilité du modèle économique du football français aux transferts de joueurs et à sa structure de financement justifie plus que jamais la poursuite du renforcement des Fonds Propres des clubs (capitaux propres et comptes courants d’actionnaires), qui ont progressé de 42 % sur la saison, pour s’établir à 1 478 M€ au 30 juin 2018. Le ratio de levier consolidé (dettes financières/ Fonds Propres) reste stable à 39 %.

La trésorerie des clubs professionnels est restée largement positive sur la saison. A titre d’illustration, les clubs de Ligue 1 Conforama ont généré un flux net de trésorerie positif de 140 M€ sur la saison.

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L’attractivité du football français a été encore renforcée du fait des perspectives liées au futur cycle de droits audiovisuels, et de l’intérêt de nouveaux investisseurs.

Dans ce contexte, la DNCG a été informée de quatre projets de reprise au cours de la saison 2017/2018. Conformément à la mission qui lui a été confiée par le législateur depuis le 1er mars 2017, elle a eu à revoir de façon approfondie trois de ces projets. 

Cette nouvelle faculté d’intervention permet, en amont des prises de participation au capital des clubs, d’analyser la qualité des investisseurs et d’évaluer leur capacité financière au regard de leur projet à moyen-long terme. 

L’objectif est de mettre en place un modèle de développement solide pour le club sur la base d’un dialogue constructif entre l’investisseur et la DNCG, dans le respect des conditions applicables à l’ensemble des clubs concurrents. 

L’évaluation de la DNCG sur un projet de reprise de club constitue un élément d’appréciation pour les investisseurs afin qu’ils puissent anticiper les attentes que pourra avoir la Commission de Contrôle des Clubs Professionnels en termes de financement pour le club. 

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Parallèlement, la loi du 1er mars 2017 lui a confié le contrôle financier de l’activité des agents sportifs. Les flux financiers générés par l’activité des agents ont représenté en 2017/2018 un montant de commissions, versé par les clubs de Ligue 1 Conforama et de Domino’s Ligue 2, de plus de 91M€.

La DNCG a ainsi procédé à l’examen des comptes de six agents sportifs sélectionnés par échantillonnage, et a analysé les opérations pour lesquelles ils sont intervenus. Les contrôles effectués ont conduit à classer trois dossiers sans observations, et à transmettre trois autres dossiers à la Commission Fédérale des Agents Sportifs qui aura la responsabilité de déterminer les suites et éventuellement sanctions à donner.

Si l’engouement suscité par le football professionnel français lui confère un statut particulier, sa dimension financière est parfois source de critiques qui occultent alors un ensemble de réalités positives : créateur d’emplois (35 000 au sein de la filière), contribuable important (près d’un milliard d’euros d’impôts et taxes générés) et générateur de lien social, le football professionnel assume une responsabilité sociale d’entreprise indéniable.

A travers l’ensemble de ses missions – tant d’accompagnement que de contrôle - la DNCG entend contribuer à cette responsabilité sociale et continuera à accompagner la mutation du football professionnel français.