Publié le 08 avril 2020

[News Tank Sport] « Reprendre à huis clos n’aurait aucun sens économique » (Étienne Capon, LNH)

« La reprise des compétitions est un des scénarii sur lesquels on se penche. Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que reprendre à huis clos n’aurait aucun sens économique, contrairement à d’autres sports. Cela n’est pas envisagé. Cela n’aurait aucun sens de continuer à creuser un trou économique déjà important », déclare Étienne Capon, directeur général de la LNH, à News Tank, le 06/04/2020.

« Il nous reste huit journées de Lidl StarLigue et sept à huit journées (plus les playoffs) selon les les clubs de ProLigue à disputer, mais plus le temps passe, et moins la reprise des compétitions est envisageable et en particulier pour les championnats », explique le dirigeant de l’instance qui a suspendu la Lidl StarLigue et la Proligue jusqu’au 22/04/2020, le 13/03/2020.

« Le chômage partiel n’est pas nécessaire vu que l’on a perçu les recettes de la saison 2019-20 à 90 %, que nous avons la trésorerie et que la charge de travail est importante, notamment pour envisager les scenarii de reprise et répondre aux questions des clubs », poursuit le directeur général.

« Nous regardons notre marge de manœuvre et notre trésorerie pour nous assurer de reverser les sommes dues aux clubs en temps et en heure et ce, même si l’un ou l’autre de nos partenaires venait à faire défaut. Le but est de faire en sorte que notre trésorerie ne pèse pas sur celle des clubs. C’est une manière d’assumer une part du risque », ajoute Étienne Capon qui répond aux questions de News Tank.

Comment s’organise la LNH et ses salariés face aux directives de l'État pour endiguer la propagation de la pandémie ?

Nous sommes tous en télétravail et il n’y a pas de chômage partiel. Nous avons par contre gelé certaines embauches sur des postes qui risquaient de ne pas nécessiter autant de ressources pendant cette période. Le chômage partiel n’est pas nécessaire, vu que l’on a perçu les recettes de la saison 2019-20 à 90 %, que nous avons la trésorerie et que la charge de travail est importante, notamment pour envisager les scenarii de reprise et répondre aux questions des clubs.

Comment communiquez-vous avec les clubs pendant cette période ? Que leur avez-vous conseillé ?

On a mis en place très tôt trois groupes de travail dont l’un axé sur le social et l’économique, l’autre sur la communication et le marketing et le dernier sur les événements et les compétitions. Dans chacun des groupes figurent des représentants de toutes les parties prenantes du handball (clubs des deux divisions, dirigeants de la FFHB et de la LNH, entraîneurs et joueurs). Ces groupes se réunissent deux fois par semaine en visioconférence. On y fixe alors les priorités, on lance la production de notes, de documents ou d’études auprès des différents services de la LNH, de prestataires ou d’experts pour préparer les réunions futures ou pour nourrir la réflexion des clubs comme par exemple une note sur le chômage partiel, mise à jour quotidiennement.

Nous mettons tout cela à disposition via e-mail et surtout via le “Hub LNH”, notre plateforme, lancée en février 2020, à destination de l’ensemble des acteurs du handball professionnel dont les clubs. Les groupe de travail permettent également aux acteurs du handball pro de poser des questions - parfois très techniques - ce qui, en particulier concernant le chômage partiel, est l’occasion d’enrichir ensuite la note d’un questions/réponses au gré des décisions et précisions apportées par le ministère du Travail ou par nos experts.

Autre exemple, chaque club souhaite connaître les dispositifs mis en place par les autres clubs concernant le chômage partiel (effectif concerné, temporalité, etc.) afin d’adapter le sien. Nous avons donc fait la démarche de demander à chaque club où il en était et de partager ces informations. Les représentants de clubs ont répondu positivement et on a pu compiler tout cela et le mettre à disposition.

La suspension des championnats professionnels (Lidl StarLigue et Proligue) jusqu’au 22/04/2020, soit quatre journées au total, a été entérinée. Comment prépare-t-on une éventuelle reprise des compétitions ? Quels scénarios sont envisagés et de quelle manière ?

Un des aspects positifs de la crise est que cela renforce la volonté de travailler avec l’ensemble des acteurs du handball. Cet aspect collaboratif est mis en exergue pendant cette période sachant qu’il y a de nombreux sujets à aborder. Il faut notamment imaginer la reprise de 2019-20 et la saison suivante avec un embouteillage potentiel suite au report des compétitions internationales.

La reprise des compétitions est un des scénarii sur lesquels on se penche. Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que reprendre à huis clos n’aurait aucun sens économique, contrairement à d’autres sports. Cela n’est pas envisagé. Cela n’aurait aucun sens de continuer à creuser un trou économique déjà important.

Pour envisager une reprise, nous nous sommes d’abord posé la question des conditions d’une reprise sportive et des contraintes sanitaires que cela implique avec les médecins, les entraîneurs, préparateurs physiques et les joueurs. Il a été acté, sur ce sujet, qu’il fallait entre quatre et cinq semaines de tests médicaux et de réathlétisation entre la sortie du confinement et un éventuel premier match.

Il nous reste huit journées de Lidl StarLigue et sept à huit journées (plus les playoffs) selon les les clubs de ProLigue à disputer mais, plus le temps passe, et moins la reprise des compétitions est envisageable et en particulier pour les championnats.

En cas de non-reprise des compétitions, peut-on imaginer que votre diffuseur beIN Sports ne régle pas la totalité de ses droits TV comme il semble vouloir le faire pour le football vis-à-vis de la LFP ?

Nous n’avons pas encore eu de discussions précises avec beIN Sports concernant les droits médias qui ont été intégralement versés pour cette saison. Ce n’était pas la priorité depuis le début de la crise. Il nous faut avoir une idée précise des différents scénarii, de ce que nous pouvons envisager, avant de nous retourner vers l’ensemble de nos partenaires, afin de les leur exposer les solutions possibles et de choisir ensemble la solution la plus respectueuse des intérêts en jeu. Puis, il faudra voir laquelle est privilégiée et en tirer les conséquences.

Où en sont les pistes de réflexion de la LNH sur d’éventuelles mesures économiques à même d’aider les clubs ?

On aide les clubs ne serait-ce qu’en anticipant, dans la limite de notre trésorerie, les reversements de droits qui devaient leur revenir en fin de saison. Certains clubs doivent de l’argent à la LNH. Il sera sans doute possible d’en différer le remboursement, le cas échéant. Un prêt collectif de la LNH n’est pas envisagé, mais nous informons les clubs des modalités de gestion de trésorerie et des prêts qu’ils peuvent contracter dans le cadre de nos notes sur le 'Hub LNH'.

Nous regardons notre marge de manœuvre et notre trésorerie pour nous assurer de reverser les sommes dues aux clubs en temps et en heure et ce même, si l’un ou l’autre de nos partenaires venait à faire défaut. Le but est de faire en sorte que notre trésorerie ne pèse pas sur celle des clubs. C’est une manière d’assumer une part du risque. On envisage aussi d’alléger les dispositifs et le calendrier du contrôle de gestion, d’adapter le cahier des charges, de manière temporaire, pour tenir compte de la situation exceptionnelle de cette crise la saison prochaine. Ce sont des discussions en cours dans les groupes de travail.

 

 

Un article News Tank Sport