Publié le 06 mai 2020

[News Tank Sport] Entretien avec Thibaut Chatelard & Thomas Otton (LNR)

« L’activité de la LNR est très soutenue en cette période car on travaille sur de nombreux scénarios de reprise de Championnats. On les envisage tant en termes de diffusion que d’habillage des matches, que ce soit pour un huis clos ou pour un modèle avec du public », explique Thibault Chatelard, directeur marketing et commercial de la Ligue Nationale de Rugby, à News Tank le 29/04/2020, alors que le Top 14 ne pourra pas reprendre au moins avant août 2020.

Après le discours d’Édouard Philippe, Premier ministre, à l’Assemblée nationale le 28/04/2020, qui exclut toute reprise de « la saison 2019-20 de sport professionnel », le Bureau de la LNR propose, le 30/04/2020, à son Comité directeur de la LNR « de prononcer la fin de cette saison 2019-20, et de se concentrer sur l’organisation du lancement des éditions 2020-21 des deux championnats à compter du mois de septembre 2020. La date de ce Comité directeur sera fixée dans les prochains jours. »

« On a créé des activations originales comme les cahiers du Top 14, téléchargés plus de 4 000 fois ou l’émission hebdomadaire “avant match” , 100 % digitale, avec Cristian Califano. Notre approche est davantage axée grand public, via les réseaux sociaux, et plus sur la fidélisation des fans via MyRugby. Notre ligne éditoriale s’articule aujourd’hui autour du divertissement et de la solidarité. On met ainsi en avant les actions RSE menées par les clubs et les joueurs dont certains sont aussi médecins ou infirmiers et donc en première ligne », souligne Thomas Otton, directeur communications et RSE de la LNR.

« Le temps venu, nous proposerons à nos partenaires des dispositifs de compensation sur cette fin de saison si elle reprend ou la saison prochaine. Concernant les versements des droits TV, les discussions restent ouvertes avec nos diffuseurs, Canal+, Eurosport et France TV. On regarde tout cela sous le prisme financier avec l’ambition d’optimiser le budget si on peut le faire. On ne va pas rogner sur l’organisation sportive et partenariale au niveau budgétaire. On respecte les engagements contractuels avec nos partenaires et on verra si certains supports produits peuvent être réutilisés, mais on n’habillera pas certaines zones autour du stade si le huis clos est imposé », indique le directeur commercial.

« Nous envisageons aussi les scénarios pour préserver l’économie du rugby, mise à mal en ce moment. C’est également notre rôle de montrer que la LNR est une institution qui travaille en responsabilité avec toutes les parties prenantes du rugby français pour sécuriser le présent et penser à l’avenir avec, comme baromètre, la question de la santé des acteurs », ajoute Thomas Otton qui répond avec Thibaut Chatelard aux questions de News Tank.

Comment s’organisent la LNR, ses salariés, et plus particulièrement votre équipe, en cette période de crise sanitaire et de confinement (activité partielle, télétravail, etc.) ? 

Thomas Otton : L’ensemble des salariés de la LNR est en télétravail, depuis la veille de l’annonce du confinement (qui a débuté le 17/03/2020). Les employés n’ont pas été mis en chômage partiel vu le travail à accomplir sur la gestion de crise : scénarios de reprise, impact financier et impact sur les règlements. Les salariés de la Ligue sont ainsi mobilisés sur cette crise, une sorte de nouvelle « phase finale » à organiser par l’intensité du travail à accomplir que nous menons en lien étroit avec nos élus et les présidents de Top 14 et de Pro D2, qui sont en première ligne.

On a notamment mis en place une méthodologie constructive pour imaginer la reprise avec la création de trois groupes de travail, via tirage au sort, pour diluer les intérêts particuliers et avoir tous les points de vue, qui se réunissent de manière hebdomadaire. Il s’agit d’une méthode collégiale et sérieuse pour aborder cette crise, une démarche adoptée par d’autres instances (la LNH notamment).

Il y a également un vrai plan d’économies de charge, drastique, mené par la LNR dès la suspension de la saison 2019-20 et inclus dans le prévisionnel 2020-21 pour aider à faire face à la crise financière à venir. Chaque source de revenus est questionnée et cela pourrait avoir des impacts sur des actions événementielles notamment. Des arbitrages devront alors être faits. La masse salariale de la LNR va également être diminuée.

Quelles initiatives menez-vous via vos différentes plateformes digitales pour maintenir un lien avec vos fans pendant cette période ?

T. Otton : Nous avons sécurisé notre capacité à garder du lien avec nos communautés, via les plateformes numériques ainsi que la plateforme gratuite MyRugby, un réseau exclusif pour ses abonnés. Nous avons optimisé notre ligne éditoriale, déjà axée en partie depuis quelques années sur des contenus décorrélés de l’actualité sportive des championnats : mise en avant de personnalités, de la culture rugby, de jeux, etc. Avec la suspension des matches et du sportif, nous avons dû accélérer ce processus.

On a créé des activations originales comme les cahiers du Top 14, téléchargés plus de 4 000 fois ou l’émission hebdomadaire « avant match », 100 % digitale, avec Cristian Califano. Nous en sommes au cinquième épisode avec plus de 100 000 vues par épisode avec les replays. Notre approche est davantage axée grand public, via les réseaux sociaux et plus sur la fidélisation des fans via MyRugby. Notre ligne éditoriale s’articule aujourd’hui autour du divertissement et de la solidarité. On met ainsi en avant les actions RSE menées par les clubs et les joueurs dont certains sont aussi médecins ou infirmiers et donc en première ligne.

Thibaut Chatelard : Nous avons aussi mis l’accent sur la rediffusion de matches historiques, une fois par semaine, sur MyRugby, notre programme de membership entièrement gratuit pour les passionnés de rugby. Les meilleurs moments étant postés sur les réseaux sociaux des championnats. Cela nous permet d’animer notre communauté et de recruter de nouveaux membres pour MyRugby, plateforme lancée en août 2020. Et on voit aujourd’hui l’importance de ce programme qui compte plus de 55 000 membres pour garder un lien avec notre base de fans.

A noter également que notre diffuseur, Canal+, a également rediffusé de nombreux matches de Top 14 (près d’une soixantaine) sur Canal+ Sport pendant cette période de suspension, ainsi qu’un Prime Time sur Canal+ le dimanche 26/04/2020 sur le titre mémorable de l'ASM Clermont Auvergne en 2010.

On propose des contenus vidéos avec des mécanismes de votes sous forme de tournoi comme par exemple pour le « meilleur essai ». On lance aussi des sondages comme celui sur le XV de rêve du Top 14, qui a totalisé plus de 3 000 votes, ce qui est un beau taux de participation. On propose aussi de nouveaux modèles de contenus interactifs : des images où des infos complémentaires s’affichent pendant leur consultation. Enfin, on a lancé un concours pour les enfants « Dessine ton rugby » sur le thème du Top 14 et on envisage d’en projeter une sélection dans les stades à la reprise des championnats.

Il semble y avoir une prééminence de la marque LNR pendant la crise. Est-ce bénéfique pour la Ligue ?

T. Otton : La LNR est une marque institutionnelle, qui est actrice pendant la crise et dans la préparation de l’après-crise. Elle est ainsi beaucoup mise en avant. Notre rôle, à la Communication, est de faire preuve de pédagogie pour expliquer nos actions et nos décisions, notamment grâce à une méthodologie de gestion de crise efficace. Il faut montrer que l’on avance de manière itérative, réfléchie, pragmatique et constructive. 

La situation sanitaire est la priorité n° 1 et cela doit se ressentir dans nos prises de parole, auprès des partenaires, des présidents, et bien sûr des médias. C’est le sujet prioritaire car il concerne la santé des joueurs, de tous les acteurs du rugby et bien sûr du public . On l’a martelé et c’est un repère qui guide nos prises de parole et nos décisions. Même si la LNR est beaucoup mise en avant, la décision finale, quoi qu’il arrive, incombera avant tout aux Pouvoirs publics : notre ministère de tutelle, celui des Sports, nous donnera la direction à suivre.

Nous envisageons aussi les scénarios pour préserver l’économie du rugby, mise à mal en ce moment. C’est également notre rôle de montrer que la LNR est une institution qui travaille en responsabilité avec toutes les parties prenantes du rugby français pour sécuriser le présent et penser à l’avenir avec, comme baromètre, la question de la santé des acteurs.

https://sport.newstank.fr/application/newstank/package/sport/img/650.puce_next.png") 0% 0% no-repeat rgb(255, 255, 255); font-style: normal; font-variant-ligatures: normal; font-variant-caps: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: justify; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px; -webkit-text-stroke-width: 0px; text-decoration-style: initial; text-decoration-color: initial;">La suspension des Championnats professionnels (Top 14 et Pro D2) est entérinée au moins jusqu’en août 2020. Comment prépare-t-on une éventuelle reprise des compétitions côté marketing (options dégradées sans PLV -publicité sur le lieu de vente-, etc.) ? 

T. Chatelard : L’activité de la LNR est très soutenue en cette période, car on travaille sur de nombreux scénarios de reprises de Championnats. On les envisage tant en termes de diffusion que d’habillage des matches, que ce soit pour un huis clos ou pour un modèle avec du public. On avait par exemple effectué un repérage sur l’habillage du stade de Nice (Allianz Riviera) pour les demi-finales du Top 14, annulées depuis. On envisage donc d’autres scénarios autour de nouvelles enceintes susceptibles de les accueillir. On travaille aussi sur des options de reprise qui imposeraient un enchaînement de la fin de la saison 2019-20 et du début de la suivante.

On doit également se projeter sur la saison prochaineOn étudie plusieurs aspects dont le respect des mesures de distanciation sociale, notamment pour l’organisation des matches comme par exemple les moyens de production audiovisuelle avec la possibilité de faire certaines choses à distance. On doit également se projeter sur la saison prochaine et anticiper pour cet été, avec les mesures nécessaires, la maintenance de nos 30 systèmes LED installés dans l’ensemble de nos clubs professionnels afin de garantir à nos partenaires et à ceux des clubs une visibilité optimale à la reprise.

On regarde tout cela sous le prisme financier avec l’ambition d’optimiser le budget si on peut le faire. On ne va pas rogner sur l’organisation sportive et partenariale au niveau budgétaire. On respecte les engagements contractuels avec nos partenaires et on verra si certains supports produits peuvent être réutilisés, mais on n’habillera pas certaines zones autour du stade si le huis clos est imposé.

Quelle a été la réaction de vos partenaires (sponsoring et TV) suite à l’arrêt des compétitions ? Envisagez-vous des opérations conjointes pendant cette période ?

T. Chatelard  : On a la chance de bénéficier de partenaires fidèles et solidaires, dont certains, tels que la Société GénéraleOrange, la GMF et Canal+, sont historiques et avec nous depuis la création de la LNR. On est en relation étroite avec eux. Ils sont impliqués dans les discussions autour des différents scénarios et les opérations mises en place durant cette période de suspension de nos Championnats. On continue par exemple d’associer les partenaires qui bénéficient de billboards aux rediffusions de matches sur Canal+ Sport. Le temps voulu, nous proposerons à nos partenaires des dispositifs de compensation sur cette fin de saison si elle reprend ou la saison prochaine. On va également lancer une opération RSE à laquelle certains partenaires sont associés. La tendance est ainsi plutôt au soutien de nos partenaires.

Concernant les versements des droits TV, les discussions restent ouvertes avec nos diffuseurs, Canal+, Eurosport et France TV. 

Nous essayons également de rester le plus en contact possible avec nos supporters et notamment les acheteurs de billets des matches de phase finale. Nous avons été contraints la semaine passée d’annuler l’organisation des demi-finales à Nice qui s’annonçaient, une fois encore, comme un succès populaire. Nous avons alors immédiatement proposé aux acheteurs de billetterie des solutions. Le sort de la finale sera lui arbitré en Assemblée générale, début mai.

Quid de votre nouveau circuit de rugby à 7, l’In Extenso Supersevens ?

T. Chatelard : Nous avons annoncé également aux partenaires de l’In Extenso Supersevens que nous ne serons pas en mesure d’organiser comme initialement prévu les trois étapes estivales et l’ensemble de nos partenaires comme In Extenso, Duracell, GMF, PPA, La Poste ou encore beRugBe nous ont immédiatement manifesté leur soutien. Notre objectif reste de pouvoir organiser une étape. On veut maintenir une date événementielle le 16/11/2020 à la Paris Défense Arena comme ce fut le cas en février 2020. Il y aura donc nécessairement un aménagement des termes de leur contrat, mais de pouvoir dès à présent compter sur leur présence est une vraie preuve de solidarité de leur part.

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