Publié le 01 juillet 2021

[News Tank Sport] « L’UNSS a joué son rôle de développeur de pratiques » (N. Costantini, directrice nationale)

« Durant cette période de crise sanitaire, nous avons développé beaucoup de nouvelles activités, comme la randonnée pédestre. La multi-activité, qui est dans notre ADN, s’est aussi développée à l’image du succès du laser run, qui consiste à courir et tirer. Nous avons investi les espaces extérieurs à travers de la course d’orientation avec des relais en équipes, des raquettes en zone de montagne, de la glisse, etc. L’UNSS a vraiment joué son rôle de développeur de pratiques », déclare Nathalie Costantini, directrice nationale de l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS), à News Tank, le 22/06/2021.

« Nous avons été les seuls à avoir eu l’autorisation de continuer à faire pratiquer du sport aux mineurs. Nous avions par conséquent l’obligation de réussir, avec la dure mission d’éviter toute rupture totale de pratique et de garder le lien avec les jeunes », rappelle-t-elle alors que l’UNSS propose aux élèves de collèges et lycées plus de 118 activités, et organise chaque année 148 championnats de France, aucun d’entre eux n’ayant pu aller à son terme lors de l’année scolaire 2020-21 en raison des contraintes sanitaires en vigueur.

« De manière générale, nos deux motifs d’agir sont d’abord la découverte et le développement de la pratique physique, et ensuite l’engagement associatif. Sur ce dernier point, il va falloir beaucoup travailler à la rentrée pour que les licenciés comprennent le sens de l’engagement dans un projet associatif et le fait que nous ne soyons pas sur une valeur marchande de la pratique », affirme la directrice nationale de l’UNSS.

« Il y a 6 millions de jeunes dans le second degré, pour 37 000 enseignants, soit 171 élèves par enseignant. Donc mathématiquement, augmenter le nombre de pratiquants et faire du sport une voie de réussite et d’excellence passent nécessairement par une organisation qui implique à la fois l’UNSS et les clubs », ajoute Nathalie Costantini, qui répond aux questions de News Tank.


« Les enjeux de la rentrée de septembre seront de donner une place importante aux besoins exprimés par les jeunes et de remotiver nos enseignants » (N. Costantini, UNSS)

Comment l’UNSS a-t-elle traversé cette année 2020-21 marquée par la crise sanitaire ?

Nous avons été les seuls à avoir eu l’autorisation de continuer à faire pratiquer du sport aux mineurs. Nous avions par conséquent l’obligation de réussir, avec la dure mission d’éviter toute rupture totale de pratique et de garder le lien avec les jeunes.

Il y a des endroits où la crise a transformé la nature des pratiques réalisées, mais pas leur bien fondé et la possibilité de les mettre en œuvre. Il faut toutefois noter que nos 148 championnats de France n’ont pu être menés à leur terme, même si certaines activités avaient démarré au niveau des districts.

Nous avions plusieurs scénarios dans cette période Covid avec pour seule obligation de respecter les contraintes sanitaires : pas de brassage entre établissements, pas de contact entre élèves. Mais cela ne voulait pas dire qu’on ne pouvait pas avoir sur un même lieu plusieurs établissements différents, avec un sens de circulation, des décalages d’arrivée sur place, etc. Le fait d’être dans un cadre de pratique volontaire, par rapport à l’école qui est obligatoire, a été un élément clé. Le sport scolaire s’est révélé le seul espace de pratique choisie. Cela a permis de maintenir le lien avec les enfants, mais aussi entre les établissements.

Autre point très important : notre plateforme d’inscriptions OPUSS a permis de sécuriser nos pratiques et de rassurer les autorités préfectorales et l’ARS car la traçabilité était assurée et permettait en cas de problème et d’éventuel cluster - heureusement il n’y en a pas eu -, d’informer en temps réels du nombre et des coordonnées des enfants concernés.

Avez-vous perdu des licenciés ?

Nous avons perdu environ 33 % de nos licenciés, principalement ceux qui faisaient de la compétition. Dans le même temps, nous avons aussi réussi à intéresser de nouveaux jeunes plus sédentaires ou qui avaient une pratique autonome, en famille ou entre copains, en dehors d’un cadre fédéré, et qui pensaient que l’UNSS, ce n’était que de la compétition, qu’ils n’y avaient pas leur place.

Ce sera un vrai challenge pour la rentrée de septembre que de faire cohabiter avec équilibre ces pratiques compétitions avec des pratiques plutôt de type promotionnel.

Comment êtes-vous parvenus à faire continuer les activités malgré les restrictions sanitaires ?

Nous avons développé beaucoup de nouvelles activités, comme la randonnée pédestre par exemple. La multi-activité, qui est dans notre ADN, s’est aussi développée à l’image du succès du laser run, qui consiste à courir et tirer. Nous avons investi les espaces extérieurs à travers de la course d’orientation avec des relais en équipes, des raquettes en zone de montagne, de la glisse, etc. L’UNSS a vraiment joué son rôle de développeur de pratiques.

Nous avons lancé le trophée des AS (associations sportives) qui illustre tout ce qui a été fait en amont dans les différents territoires. Les vainqueurs se verront remettre, non pas des médailles, mais des invitations à suivre du spectacle sportif de haut niveau.

Un autre projet mis en place dès 2019-20 en lien avec le savoir nager a été poursuivi. Ce projet « JAN + », qui aura lieu du 13 au 15/10/2021, consiste à proposer à ceux qui ont finalisé leur apprentissage sécuritaire dans l’eau de s’adonner à de nouvelles activités nautiques. Ce projet met en lien l’UNSS avec six autres fédérations nationales partenaires : Fédération française d'études et de sports sous-marins (FFESSM), Fédérations françaises de natation, d’aviron, de surf, de canoé-kayak et de sauvetage et secourisme. Les jeunes vont pratiquer toutes ces activités pendant trois jours. L’idée est d’aller au-delà de l’aspect sécuritaire et de montrer qu’apprendre à nager ouvre à d’autres pratiques souvent moins connues des jeunes.

De manière générale, nos deux motifs d’agir sont d’abord la découverte et le développement de la pratique physique, et ensuite l’engagement associatif. Sur ce dernier point, il va falloir beaucoup travailler à la rentrée pour que les licenciés comprennent le sens de l’engagement dans un projet associatif et le fait que nous ne soyons pas sur une valeur marchande de la pratique.

La tendance à demander le remboursement de la licence s’est faite sentir chez nous comme dans d’autres fédérations. Si je peux comprendre la difficulté d’un investissement de cette nature pour certaines familles, la licence UNSS reste à un prix modique (15,68 €), ce qui en moyenne conduit à des cotisations qui oscillent entre 20 et 40 euros, pour 36 mercredis de pratique durant lesquels au moins une activité est au programme.

Le digital a-t-il également été un outil important pour conserver le lien avec les licenciés ?

Même si les AS fonctionnaient en interne de leur établissement, la plateforme OPUSS  permettait de rendre visible les activités de chaque structure et de créer l’émulation par les résultats réalisés entre les équipes.

De nombreuses capsules vidéo ont aussi été réalisées par les jeunes reporters pour laisser « trace ». Le digital a agi en complément de la pratique effective, pas comme un outil de substitution.

Vous avez également lancé la « caravane santé » en janvier 2021…

Ce projet autour des « tests de valeur physique et nutrition » est en effet un énorme challenge qui se décline sur tout le territoire et est réalisé en partenariat avec l’Université de Paris. Nous avons créé une application avec des tests ludiques présentés aux jeunes. Ils permettront, à terme, d’avoir une vision précise de la situation physique des jeunes à l’issue de la pandémie.

Nous avons prévu, avec la commission santé de l’UNSS, d’aller jusqu’en décembre 2021 pour analyser les valeurs et faire ensuite des propositions de pratiques qui soient le plus en lien avec les besoins identifiés.

Qu’attendez-vous de la rentrée de septembre 2021 ?

Une vraie réflexion, à la fois structurelle et organisationnelle, doit avoir lieu afin de donner une place importante aux besoins exprimés par les jeunes. Il va falloir leur donner envie de revenir en profitant de notre chance qui est que l’école est un passage obligatoire pour eux. Il va aussi falloir remotiver nos enseignants pour faire vivre nos activités sur les 36 mercredis de la prochaine année scolaire.

Nous sommes en train de travailler sur notre plan de relance qui s’organise autour de 10 thématiques (égalité de genre, santé, éco-responsabilité, etc.). Nous partons toujours de la pratique sportive pour illustrer les politiques publiques : pratique sportive en mixité, pratique sportive écoresponsable sans aucune bouteille plastique d’eau par exemple, idée de compensation en lien avec l’empreinte carbone notamment des déplacements réalisés, etc.

Sur ce dernier thème, notre objectif est que les 17 objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU soient mis en œuvre et que les jeunes les comprennent. La pratique sportive est en fait notre prétexte à une meilleure prise en compte de ce sujet majeur.

Il y a aussi une réflexion à mener sur le sens de notre action et sur le sens même de l’engagement associatif. Dans ce cadre, la relation avec le chef d’établissement, également président de l’association sportive, devra être majorée et le rôle des comités directeurs et du fonctionnement collégial remis au cœur des échanges comme ce fut le cas ces derniers mois. Cet esprit collectif qui s’affaiblissait s’est révélé un élément essentiel pour surmonter la crise. C’est une chose très positive sur laquelle nous devons nous appuyer.

Emmanuel Macron a récemment présenté le « pass’sport ». Le sport scolaire est-il concerné par ce dispositif ?

Malheureusement non, et cela m’attriste, même si ce ne sont pas les 50 euros que nous escomptions. Nous n’avons pas de CTS et nos ressources, ce sont les professeurs d’EPS. Quant à nos élèves, ils sont captifs. Nous n’avons pas besoin d’aller les chercher plus loin puisqu’ils sont déjà dans les écoles. Ces atouts doivent nous amener à faire preuve de solidarité.

Je regrette toutefois qu’on ne se serve pas des fédérations sportives scolaires comme tremplins pour générer la dynamique attendue. Les AS pourraient aider les clubs à identifier les meilleurs licenciés ou servir de point d’entrée pour ceux qui n’osent pas s’y rendre seuls ou par dignité ne dévoilent pas le pourquoi de leur blocage.

La transformation de la cellule familiale doit être prise en compte (enfants de parents séparés qui n’habitent pas au même endroit, familles monoparentales) pour comprendre pourquoi l’école et l’association sportive sont pour eux l’endroit le plus simple et le plus pertinent pour une pratique sportive organisée de leurs enfants, où l’on s’occupe de tout, notamment des trajets.

Nous devons profiter davantage de cette exception française et faire que l’école joue pleinement le principe d’équité sociale et soit autant que nécessaire le premier moment de la pratique sportive, avant de s’inscrire dans une complémentarité avec la pratique en club.

Il y a 6 millions de jeunes dans le second degré, pour 37 000 enseignants, soit 171 élèves par enseignant. Donc mathématiquement, augmenter le nombre de pratiquants et faire du sport une voie de réussite et d’excellence passent nécessairement par une organisation qui implique à la fois l’UNSS et les clubs.

Nous travaillons aussi sur les fonctions connexes à la pratique sportive : arbitres, reporters, organisateurs, agents de maintenance des équipements, monde économique, etc. Notre rôle est aussi de permettre aux jeunes de montrer leurs talents dans ces rôles sans qui le sport n’existerait pas de la même manière et pourquoi pas en faire aussi un élément de leur parcours professionnel.

Source : News Tank Sport