Publié le 26 juillet 2021

[Sport Stratégies] EXTRAIT DU MAG : « Le sport majeur dans l’édition reste le football »

EXTRAIT DU MAG : « Le sport majeur dans l’édition reste le football »

Benoît Bontout est une figure dans le monde de l’édition. Éditeur depuis 20 ans, il a toujours na­vigué autour du sport et des jeux. Après avoir fait ses armes chez Mango puis poursuivi chez Solar, il débarque chez Marabout en 2016. Avec un chiffre d’affaires confortable de 3 millions d’eu­ros, la maison d’édition se positionne en leader dans le secteur du livre pratique. Le sport est pour beaucoup dans cette position de n°1.

Sport Stratégies : Présentez-nous votre maison d’édition !

Benoît Bontout : Les éditions Marabout ont été créées en Belgique en 1949. Elles ont connu un renouveau très marqué au début des années 2000 sous l’impulsion d’Élisabeth Darets. Marabout est, depuis lors, devenu leader dans le secteur du livre pratique.

 

S.S : En chiffres, cela donne quoi ?

B.B : Pour la partie sports, le département a été créé en 2015-2016 ; en 2018, nous étions déjà quasiment premiers et, en 2020, nous sommes devenus leader avec un CA de l’ordre de 3 mil­lions d’euros.

 

S.S : Pourquoi avoir choisi le sport ?

B.B : Dans l’édition pratique, les grands domaines sont la cuisine, la santé mais aussi le sport. Je me passionne pour ce secteur depuis très longtemps et il y avait beaucoup à faire pour moderniser les livres, changer l’approche éditoriale, le gra­phisme.

 

S.S : Quels sports et pourquoi ces choix ?

B.B : Nous avons tout d’abord choisi des partenaires puissants et des auteurs reconnus pour étoffer notre catalogue et avons commencé sur les sports les plus « grand public » : foot et rugby. Est venue ensuite la recherche de sports de niche, mais sur lesquels les Français s’illustrent, comme le biath­lon avec Martin Fourcade ou pour lesquels ils se passionnent.

 

S.S : Y a-t-il des sports qui fonctionnent mieux que d’autres ?

B.B : Le potentiel des sports est différent : le sport ma­jeur dans l’édition reste le football. Il y a souvent un lien entre le nombre de pratiquants, la média­tisation des stars et les ventes de livre. Mais tous les sports nous intéressent et tous sont susceptibles de donner lieu à un traitement éditorial. Il faut trouver le bon angle, le bon auteur.

 

S.S : Le marché du livre de sport se porte comment ? Comparativement aux autres secteurs ?

B.B : Le marché du livre de sport est globalement stable mais connaît des pics en fonction des évé­nements sportifs (Coupe du monde, champion­nats d’Europe des nations, etc.), des résultats des équipes ou des championnes et champions nationaux ou de l’existence d’un best-seller qui porte le marché.

 

S.S : Le confinement a-t-il eu pour effet de booster les ventes ?

B.B : Le secteur du livre dans son ensemble a plutôt profité du confinement et les livres de sports aussi. Notamment les livres de fitness, les livres pour prévenir les problèmes liés à un mode de vie sédentaire. Mais pas seulement, les livres de champions hors norme comme Martin Fourcade, ou les « bibles » comme "Le plus grand livre de basket-ball de tous les temps selon Trashtalk" ont très bien marché.

 

S.S : Avez-vous une idée du profil type du lecteur chez vous ?

B.B : Nous avons une idée un peu empirique du profil de nos lecteurs mais ce ne sont que des intuitions ; nous ne faisons pas d’études mais en analysant nos réussites et aussi les livres qui peinent à trouver leur public, on finit par avoir une idée plus précise de notre public. Sans garantie ni certitude, c’est aussi ce qui fait le charme de notre métier. Notre marché est aussi un marché d’offres. Nous proposons, innovons. Et cela marche !

 

S.S : Globalement, comment se font les choix d’édition chez vous ? Selon quels critères ?

B.B : Les projets sont nombreux : nous sommes par­fois contactés directement par un auteur qui nous connaît. La plupart du temps, nous avons en tête une idée précise, et nous cherchons qui peut être le porteur du projet. Ensuite, si nous croyons à un projet, nous nous projetons plus avant.

Nous prenons en compte tous les aspects, notam­ment la fabrication de l’ouvrage, nous travaillons sur le budget et nous aboutissons à une proposi­tion éditoriale globale. Pour réaliser tel livre, voi­ci ce que nous pouvons proposer à chacun des intervenants à commencer par le ou les auteurs.

 

S.S : Quel est le cahier des charges pour les 2 parties ?

B.B : Il n’y a pas de cahier des charges à proprement parler. En tant qu’éditeur, nous devons assurer à l’auteur d’abord que son livre sera celui qu’il souhaitait et ensuite que nous ferons tout notre possible pour qu’il rencontre son public. C’est-à-dire, faire en sorte que, commercialement, le livre soit présent en librairies et aussi que, grâce à nos efforts de promotion presse (médias) et de marketing digital (web et réseaux sociaux), celles et ceux à qui le livre s’adressent soient informés de son existence.

 

S.S : Le secteur étant très concurrentiel, quelle stratégie marketing mettez-vous en place ?

B.B : Bien sûr, les grandes autobiographies peuvent être accompagnées par de la publicité affichage. Mais ce n’est pas courant, et certainement pas le meilleur vecteur pour faire vendre un titre.

Nous disposons d’un service de communication et d’un service marketing qui travaillent main dans la main pour faire connaître nos ouvrages.

Pour certains de nos livres à forts enjeux, notre responsable de communication n’hésite pas à faire appel à des attachées de presse extérieures, spécialistes du monde du sport qui nous aident à rendre notre communication extrêmement effi­cace. Nous cherchons à bien comprendre dans quel environnement nos livres s’inscrivent : Qui sont nos auteurs ? Quelles sont les passerelles possibles ? Qui pourrait relayer au mieux la sortie du livre sur le web, les RS en télé, radio ou en presse ?

Nos auteurs disposent parfois d’une solide com­munauté sur les réseaux et, dans ce cas, nous les aiguillons dans leur communication autour de leur livre. L’idée étant qu’ils soient le plus efficace possible auprès de leur communauté.

 

S.S : Les livres sont-ils proposés en fonction de l’actualité ?

B.B : Parfois, nos livres répondent à une actualité très précise, comme par exemple la Coupe du monde 2018 ou l’Euro 2020 qui vient de se dérouler. Avant l’événement, nous proposons gé­néralement des guides officiels. Après les grands rendez-vous, des résumés ou livres synthèse. Après La victoire des Bleus en Coupe du monde 2018, nous avons sorti deux livres dans le mois qui a suivi la finale.

Mais le plus souvent, nos livres répondent à une attente plus profonde, qui s’inscrit dans la du­rée, le temps long. L’autobiographie de Martin Fourcade couronne une carrière exemplaire de plus de 13 ans. "Le grand livre de la boxe" de Jean-Philippe Lustyk raconte la grande aventure de la boxe. Et l’auteur est spécialiste et passionné de ce sport depuis 30 ans. Nous cherchons à proposer des livres « consistants » même quand nous les éditons dans l’urgence d’un événement.

 

S.S : Le marketing d’influence est-il utilisé dans le secteur de l’édition ?

B.B : Je ne pense pas qu’on puisse parler de marke­ting d’influence dans l’édition comme on l’entend pour d’autres secteurs. Nous cherchons, bien sûr, à faire connaître nos ouvrages sur les différents réseaux sociaux et via les comptes les plus in­fluents mais, lorsque c’est le cas, c’est souvent parce que nos auteurs sont eux-mêmes person­nellement impliqués ou au coeur de ces comptes influents.

 

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