Madame, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les élus,
C’est donc la seconde fois que Patrick Kanner et moi-même avons le plaisir de vous présenter nos vœux.
Deux ans bientôt se sont écoulés depuis ma prise de fonction et c’est toujours avec plaisir que je vous retrouve tous, concernés à un titre ou un autre par le sport, amateurs, connaisseurs, amoureux du sport.
Aujourd’hui, c’est au Point Ephémère, un endroit certes quelque peu atypique pour une cérémonie de vœux mais qui incarne si bien ce Paris festif, ce Paris de la jeunesse, qui a été tant meurtri en 2015.
Ce n’est qu’à quelques centaines de mètres, Monsieur le maire, que de terribles attaques ont été portées contre notre pays, contre Paris, contre l’humanité.
Le sport doit être et demeurer – et je tenais à commencer par ce point – un repère éthique et moral.
L’année 2015 nous aura laissé en mémoire les images fortes et émouvantes de l’extraordinaire mobilisation du sport français et international suite aux évènements tragiques de janvier puis de novembre.
Le mouvement sportif s’est mobilisé spontanément : la Marseillaise, les couleurs tricolores et le silence du recueillement ont raisonné dans les salles de sport et les stades, grands ou petits du monde entier.
A l’heure où de nombreux concitoyens s’interrogent sur l’avenir après une année 2015 particulièrement troublée, le sport se doit d’être à la hauteur des attentes qui sont placées en lui.
Et, elles sont nombreuses.
Le sport n’est pas qu’un spectacle. Il joue et doit continuer à jouer un rôle dans notre République laïque et citoyenne. Il véhicule des valeurs, il intègre, il tolère, il partage, il fait cohabiter côte à côte dans le respect des différences, il est l’un des grands vecteur de cohésion sociale et républicaine.
C’est cette importance décisive, qui justifie que le sport soit un outil au service de politiques publiques ambitieuses et d’une intervention active de l’Etat.
Avant de vous présenter mes vœux pour 2016, faut-il encore rapidement constater si ceux de 2015 ont bien été réalisés. Sans excès de vanité, tel est le cas.
C’est tout d’abord le plan « Citoyen du sport » que nous avons porté au sein du Comité Interministériel Egalité et Citoyenneté qui a été voulu par le Premier ministre en réponse aux attentats de janvier 2015.
Ce plan c’est l’ADN de notre action : des mesures concrètes pour aider au plus près des territoires l’ensemble des acteurs qui font du sport un formidable outil éducatif.
Elles permettent ainsi à des jeunes de s’émanciper de leur quotidien, de se dépasser et ainsi de se construire ou se reconstruire par la pratique du sport et d’intégrer des valeurs essentielles comme le respect, la fraternité, la laïcité.
Car je le dis et le répète à l’envi : le sport est un formidable vecteur de lien social.
Nous avons donc créé 300 emplois spécifiques pour des associations sportives dans des quartiers prioritaires. 1000 emplois du CNDS ont été ciblés pour ces quartiers. 711 jeunes ont été accompagnés via le dispositif SESAME pour suivre une formation diplomante ou qualifiante aux métiers du sport et de l’animation. Nous avons doublé le nombre de contrats d’apprentissage dans le sport dépassant les 6000.
Sur le service civique, cher Patrick Kanner, nous avons signé un engagement triennal de 15000 contrats et je peux déjà affirmer que nous déborderons de cet objectif puisque dès la première année, nous avons dépassé les 6300 contrats de services civiques dans le sport. Nous avons demandé aux fédérations, cher Denis Masseglia, de travailler un plan « citoyens du sport » pour élargir l’offre sportive dans les quartiers avec un soutien financier de 2 millions d’euros qui a été versé.
Nous avons soutenu des structures associatives qui proposent du sport à ceux qui n’en n’ont jamais fait.
Et enfin, nous avons mis en place un plan « J’apprends à nager » destiné spécifiquement aux enfants scolarisés en classe de 6ème pour que ceux qui ne savent pas nager puissent apprendre la natation à travers des cours financés par notre dispositif. Ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui en ont profité.
La mobilisation de la puissance publique dans le champ sportif était également attendue pour lui permettre d’impacter positivement son environnement, et d’en faire un acteur des politiques de santé.
Pour ces dernières, le premier défi que nous nous sommes fixés était de mettre en œuvre la prescription médicale d’activités physiques et sportives.
Un pas décisif a été réalisé avec l’amendement sur la prescription médicale porté par les parlementaires dont Valérie Fourneyron et voté dans le cadre de la loi sur la modernisation de notre système de santé.
Le second défi, c’est celui de mieux lutter encore contre l’inactivité physique en simplifiant l’accès à la pratique sportive. C’est un des buts poursuivis par la simplification du certificat médical.
L’année 2015 aura également vu la transposition en droit interne des nouveaux principes du Code mondial antidopage par la publication de l’ordonnance du 30 septembre 2015.
Sur les questions d’éthique, j’ai signé, au nom de la France, la Convention de Macolin du Conseil de l’Europe pour la lutte contre les manipulations des compétitions sportives.
Et puis dans le bilan, un des grands moments de cette année écoulée, a été l’adoption à l’unanimité, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, de la loi sur le statut du sportif.
A bien des égards, cette loi est une victoire. Une victoire pour la reconnaissance des sportives et des sportifs qui représentent la France au quotidien.
Une victoire pour ces mêmes sportifs qui bénéficieront désormais d’une protection sociale, d’une sécurisation de leur situation et d’un accompagnement socioprofessionnel renforcé. Je tiens à remercier en premier lieu Brigitte Bourguignon, auteure de la proposition de loi, Patrick Bloche le Président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education qui en était cosignataire, mais également le rapporteur au Sénat Michel Savin et le Professeur Jean-Pierre Karaquillo, qui m’a remis un rapport important ayant inspiré ce texte.
Cet accompagnement socio professionnel renforcé pour celles et ceux qui nous représenteront à Rio l’été prochain aux Jeux Olympiques et Paralympiques s’est aussi traduit concrètement par le « Pacte de Performance » lancé il y a un peu plus d’un an pour le Président de la République, François Hollande.
Aujourd’hui avec 80 entreprises engagées, 176 contrats ont été signés par des sportifs de haut niveau qui bénéficient désormais d’un contrat de travail aménagé ou d’un contrat d’image et de parrainage ainsi que d’un engagement d’insertion dans l’entreprise après la carrière.
Mais surtout ce que je retiendrai, c’est que ces sportifs préparent désormais leurs échéances internationales plus sereinement avec un outil, l’INSEP, qui est prépondérant. J’en profite pour saluer le président et le directeur général de ce formidable outil au service de l’excellence sportive française.
Le rôle de l’État a été de favoriser la rencontre entre ces deux mondes et de valoriser l’action des entreprises qui, en accompagnant les sportifs de haut niveau, s’engagent elles aussi comme les sportifs et les fédérations pour le rayonnement de la France. C’est une forme de partenariat public-privé vertueux.
Un autre partenariat, celui avec les collectivités locales, est lui-aussi permanent.
Il se matérialise tout particulièrement au sein du CNDS, et nous avons voulu renforcer encore la présence des élus locaux, car les véritables piliers de l’investissement pour le sport dans les territoires, ce sont eux.
Ainsi, avec la nouvelle organisation territoriale du CNDS, conséquence directe de la loi NOTRE, les collectivités se verront légitimement reconnaître à partir de cette année un place renforcée au sein des commissions territoriales avec notamment un rôle délibératif donné à l’ANDES (l’Association Nationale des Elus du Sport).
Mais, une meilleure coopération dans la décision n’est rien sans moyens. Nous avons préservé au maximum ceux du CNDS, et 2016 verra notamment à nouveau des fonds supplémentaires, dédiés au plan Citoyens du Sport.
En ces temps difficiles pour les finances publiques, nous avons voulu nous donner, vous donner, les moyens de continuer à améliorer l’accès aux pratiques pour tous.
Malgré les inquiétudes parfois infondées, nous avons, avec l’appui du Président de la République et du Premier Ministre, pu maintenir notre soutien au monde sportif.
Autre étape importante, le transfert des CREPS au 1er janvier 2016 aux Régions. Les CREPS sont maintenant des établissements publics locaux dans les domaines du sport, de la jeunesse et de l’éducation populaire.
La décentralisation des CREPS traduit notre volonté de mieux ancrer ces établissements et leur expertise dans les territoires.
Ce bilan n’est pas exhaustif mais il permet de montrer pour certains ou démontrer pour d’autres le rôle de l’Etat dans la politique sportive française agrémenté par un partenariat fécond avec le mouvement sportif et le Comité National Olympique et Sportif Français.
Ce bilan est l’œuvre des équipes autour des ministres, de la Direction des Sports et des services déconcentrés auxquels, vous le savez, je suis très attaché.
Il reste malgré ces avancées beaucoup de choses à réaliser et je pense qu’en 2016, nous pouvons être encore plus ambitieux sachant que des événements majeurs vont contribuer à dynamiser notre action.
C’est bien entendu l’organisation de l’Euro 2016 de football qui aura lieu dans notre pays et dont l’organisation doit être, non sera, exemplaire.
Ce sont les Jeux de Rio et je rassure le mouvement sportif… les primes pour les nombreuses médailles que nous gagnerons ont bien été budgétées ! Je rappelle que cela n’a pas toujours été le cas.
Nous lancerons la saison 2 du plan « Citoyens du sport » avec 100 nouveaux emplois créés, le doublement de l’enveloppe budgétaire de l’opération « J’apprends à nager » et une enveloppe budgétaire spécifique de 1 million d’euros pour favoriser l’accès des femmes à la pratique sportive. Cela complète opportunément l’initiative engagée par le CSA et notamment Nathalie Sonnac sur les 4 saisons du sport féminin.
D’ailleurs, nous poursuivrons les actions de communication contre toutes les formes de discriminations dans le sport avec l’action « Coup de sifflet ».
Au premier trimestre 2016, nous lancerons ainsi une campagne contre le racisme, le sexisme et contre les préjugés sur le handicap afin de mener une action globale de sensibilisation.
Là aussi, le sport doit montrer l’exemple.
La COP 21 aura été une vitrine des actions engagées par le sport en matière de développement durable, et l’occasion d’un nouvel élan.
J’ai lancé la semaine dernière, à l’INSEP, la Stratégie Nationale de Transition Ecologique vers un Développement Durable du Sport à l’horizon 2020. Et le cahier de préconisations environnementales pour l’organisation des grands évènements sportifs sera prochainement publié.
Le sport est une activité économique à part entière.
C’est dans cette optique que nous avons lancé, en partenariat avec le ministère de l’économie, la filière économique du sport.
Mi-mars, nous sera remis un contrat stratégique, proposant des mesures concrètes pour développer et structurer l’offre française. Outre la création de cette filière, nous mettrons en place l’observatoire de l’économie du sport.
Et comme je parle d’entreprises, comment ne pas parler de la Grande Conférence sur le sport professionnel qui, avec ses six groupes de travail, rendra des préconisations attendues en avril prochain que nous partagerons avec le Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, Emmanuel Macron.
Avec cette Grande Conférence, c’est la volonté d’accompagner le monde professionnel pour renforcer sa compétitivité, mais surtout à mieux le réguler pour éviter toute dérive.
Enfin, 2016 sera, nous y sommes tous sensibles, une année charnière et très importante pour la candidature de Paris à l’organisation des Jeux en 2024.
Il s’agira de mieux affirmer, de populariser encore plus cette candidature pour que nos compatriotes se l’approprient.
Cette candidature est une formidable opportunité pour construire, autour du sport, un projet pour la jeunesse et notre société dans son ensemble qui aille bien au-delà de 2014.
Comme les entraîneurs ont l’habitude de le dire à leurs athlètes : « il y a du pain sur la planche » et bien, délaissant l’action un instant, je vous adresse mes vœux les plus cordiaux pour la nouvelle année et vous assure de mon indéfectible volonté à œuvrer pour le sport français.