C’est sans doute lundi en soirée (heure française) que le trimaran MACIF devrait couper la ligne d’arrivée de The Bridge à l’entrée de New York après environ 8 jours de mer. A moins de 100 milles de « Big Apple » lundi matin, l’équipage mené par François Gabart, fort de ses 150 milles d’avance sur celui d’IDEC Sport, était en position idéale pour remporter cette première transat 100% Ultims.
Un dimanche musclé, une nuit de glisse
Après avoir traversé en début de week-end une des nombreuses dorsales anticycloniques qui se sont dressées sur la route de MACIF entre Saint-Nazaire et New York, l’équipage du trimaran a dû négocier dimanche une brutale montée du vent jusqu’à 35 nœuds qui n’a pas été de tout repos : « Nous avons eu du vent de sud-sud-ouest dans une mer hachée.
C’était le vent le plus fort de notre traversée, nous nous sommes fait chahuter, c’était assez inconfortable, a commenté François Gabart lundi matin (dans la nuit de dimanche à lundi pour lui). Ce n’était pas simple car dans notre situation, en tête avec un peu d’avance sur nos poursuivants, il fallait essayer de trouver le bon compris entre naviguer au mieux et ne pas prendre de risques inutiles, nous nous en sommes plutôt bien sortis. » Le vent a finalement molli en fin de journée dimanche avant de reprendre de la vigueur dans la nuit sur une mer plate, des conditions propices à une belle glisse à plus de 20 nœuds. « Alors que les prévisions devaient nous faire tirer des bords, nous faisons toujours cap sur New York sur un seul bord au près, bâbord amure, parce que le vent est plus sud que prévu. Mais ça ne devrait pas durer, cela risque de faiblir. »
Arrivée en fin de journée
Avec 150 milles d’avance sur IDEC Sport à moins de 100 milles de l’arrivée, le trimaran MACIF est bien placé pour couper en vainqueur la ligne d’arrivée de The Bridge, sans doute en fin de journée lundi. Néanmoins, François Gabart rappelle à juste titre que « ce n’est pas terminé tant que la ligne n’est pas franchie ». D’autant que l’approche des côtes américaines nécessite beaucoup de vigilance : « Il y a un petit peu de monde autour de nous. Nous venons de passer près d’un pêcheur qui n’avait pas d’AIS (système d’identification automatique qui permet de voir le positionnement des bateaux dans sa zone de navigation) ! Nous sommes concentrés. »
Le skipper se montre satisfait de cette transat qui a permis de confronter le bateau et l’équipage à une concurrence de haut niveau : « Nous avions à côté de nous les deux meilleurs multicoques du moment en course au large, IDEC Sport et Sodebo. Le bilan au moment où je vous parle est forcément très positif ! L’équipage a bien fonctionné, il y a eu beaucoup d’interaction, l’organisation que nous avions mise en place avec des rotations fréquentes sur le pont a mis de la fraîcheur et une dynamique à bord. Nous ne nous sommes jamais endormis sur nos réglages. Je pense que tout le monde a pris du plaisir, je vois beaucoup de sourires autour de moi. »
Froid derrière, chaud devant !
Après la brume bien fraîche rencontrée par l’équipage de MACIF sous la zone des glaces, ce sont des températures estivales de plus de 30 degrés qui l’attendent sur New York, terme de sa traversée. Des changements climatiques qui ne sont pas sans conséquence, à en croire François Gabart : « Sur les dernières 24 heures, entre le Gulf Stream chaud et le courant du Labrador froid, nous avons eu des transitions rapides, passant en quelques minutes de zones très humides et froides dans du brouillard à des zones plus chaudes. Cest un peu le yoyo. D’ailleurs j’ai presque attrapé froid, j’éternue de temps en temps ! J’espère que la chaleur new-yorkaise va nous faire du bien et que nous aurons une belle arrivée dans des conditions faciles avec le coucher de soleil, comme pour la Transat anglaise (The Transat bakerly 2016, ndrl). »
Crédit photo : Yann Riou / Macif