Plébiscité par ceux qui l’ont adopté, le sport en entreprise présente un fort potentiel de développement. Etat des lieux des freins et leviers au développement de la pratique du sport en entreprise.
La pratique d’une activité physique et sportive (APS) s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur de santé publique, et concerne de façon croissante la vie des entreprises. Simultanément, la montée en puissance des préoccupations relatives au bien-être des salariés renouvelle l’approche de la qualité de vie au travail. C’est notamment à ces sujets que réfléchit le Think & Do Tank « Vitalité, Sport & Entreprise », qui réunit des médecins, des sociologues, des ergonomes, des coachs, des sportifs de haut niveau et des dirigeants d’entreprises sous l’impulsion de Generali France.
« Nous rassemblons des acteurs très divers, tous engagés pour favoriser la santé, la forme et le bien-être des salariés dans le cadre des entreprises, explique Marie-Christine Lanne, Directrice de la communication et des engagements sociétaux chez Generali France, et co-fondatrice du Think & Do Tank « Vitalité, Sport & Entreprise avec le sociologue Bertrand Pulman ». Notre objectif est de mettre en relief les bienfaits de la pratique d’une activité physique sur le capital santé des salariés, mais aussi de voir comment prévenir les risques de toute nature, tant physiques que psychologiques, pour participer à la qualité de vie au travail. »
Pour répondre à ces questions, l’enquête réalisée par OpinionWay a croisé les regards de plus de 1000 salariés et 300 dirigeants, travaillant dans des entreprises de tailles très diverses (1). Elle a été présentée ce matin lors du SportWellness Lab, un événement organisé par la Fédération Européenne du Sport en Entreprise et soutenu par la Commission Européenne.
Que retenir du premier baromètre « Vitalité, Sport & Entreprise » ?
- Alors que 2/3 des salariés et des dirigeants français interrogés pratiquent une ou plusieurs activités sportives à titre privé, ils ne sont que 10% à le faire dans le cadre de leur entreprise.
- Le sport en entreprise fait l’unanimité chez les pratiquants et les entreprises proposant des activités à leurs salariés : 94% des salariés s’y adonnant sont satisfaits et 100% des chefs d’entreprise recommandent à leurs pairs de développer ces activités !
- Pour autant, il existe des marges de progression importantes auprès des salariés et entreprises sans offre d’activité physique et sportive pour franchir le pas.
Sans surprise, les activités physiques et sportives sont davantage proposées par les grandes entreprises : 40% d’entre elles ont sauté le pas, contre à peine 15% des PME. Or, dans les organisations qui ne proposent pas une activité physique et sportive (APS) à leurs salariés, 35% des collaborateurs aimeraient que ce soit le cas.
Le sport en entreprise : l’essayer, c’est l’adopter !
Le sport en entreprise fait l’unanimité chez les pratiquants. 94% des salariés s’y adonnant sont satisfaits : l’activité correspond à leurs attentes (58%), cela leur permet de se défouler (19%) et c’est bon pour leur santé (14%). Les dirigeants qui proposent des APS à leurs salariés expriment la même satisfaction. Plus de 8 sur 10 estiment ainsi que cela améliore l’état de santé et le bien-être de leurs collaborateurs (89%), facilite l’intégration dans l’entreprise (87%), renforce l’esprit d’équipe (85%), contribue à une meilleure gestion du stress (80%) et développe le sentiment d’appartenance à l’entreprise (80%). Mieux : ils sont 100% à recommander aux autres entreprises de s’y mettre ! Ce double engouement est un message fort : au-delà des bienfaits pour la santé, le sport est vécu comme un levier efficace en matière de ressources humaines et de management, notamment pour remettre l’humain au centre de l’entreprise et permettre aux collaborateurs de mieux travailler au sein d’un collectif.
Hugues Cazenave, Président-fondateur d'OpinionWay souligne : « Les résultats de ce baromètre confirment que les activités physiques et sportives restent aujourd’hui très peu répandues dans les entreprises françaises. Elles semblent surtout réservées aux Grandes Entreprises et aux ETI, alors que la moitié des salariés français travaillent dans des entreprises de moins de 249 personnes. Le potentiel de développement de cette offre est donc considérable ! Dirigeants et salariés estiment que l’entreprise est légitime à proposer des APS et un tiers des salariés français dont l’entreprise n’en propose pas affirment être très intéressés par une telle offre. L’enjeu consiste donc à lever les freins et accompagner les entreprises, surtout les plus petites, dans cette démarche pour le bien non seulement des salariés eux-mêmes, mais aussi des entreprises et de l’économie française dans son ensemble. Il reste bien sûr du chemin à parcourir, mais les bénéfices potentiels apparaissent élevés et multiples.»
Les freins à la pratique du sport en entreprise
« Aujourd’hui, les bienfaits de l’activité physique et sportive pour la santé sont largement avérés, et la plupart des gens en sont convaincus, analyse Bertrand Pulman, Professeur de sociologie à la Sorbonne Paris Cité et à l’EHESS et co-fondateur du Think & Do Tank « Vitalité, Sport & Entreprise ». Mais cela n’entraine pas nécessairement un passage à l’acte. Nous avons donc impérativement besoin d’études et d’initiatives concernant la motivation : quels sont les bons leviers permettant d’obtenir que ceux qui ne font pas de sport s’y mettent ? »
Le baromètre « Vitalité, Sport & Entreprise » apporte des éléments de réponses. D’un côté, 15% des salariés dont l’entreprise propose des APS ne pratiquent pas. Les principales raisons évoquées ? Les activités proposées ne conviennent pas (36%), elles sont trop éloignées du lieu de travail (17%), la pratique d’un sport relève de la vie privée (24%) et les équipements sont insuffisants (14%). De l’autre côté, 75% des dirigeants déclarent ne pas avoir pour projet de développer une offre sportive. Les principales raisons évoquées ? L’absence d'infrastructure adéquate dans les locaux (47%), ce n’est pas le rôle de l’entreprise (35%) et le manque de moyens financiers (30%).
Des chiffres qui montrent qu’il existe des marges de progression importantes et qu’il est nécessaire de partager des bonnes pratiques pour aider les entreprises, notamment les TPE et les PME, à franchir le pas.
Les 7 pistes de réflexion et d’action du Think & Do Tank « Vitalité, Sport & Entreprise »
1° Co-construire le projet avec les salariés. S’il est fondamental que la direction soutienne la mise en place d’APS au sein de l’entreprise, il est tout aussi essentiel que les salariés participent à son élaboration : quelles activités veulent-ils pratiquer ? Quand ? A quelle fréquence ? De quelle manière (individuellement ou collectivement) ? Quelles sont leurs contraintes, notamment en termes d’horaires ?
2° Trouver des ambassadeurs dans l’entreprise. Certains salariés, particulièrement motivés, peuvent servir de relais dans les équipes pour fédérer. Souvent eux-mêmes très sportifs, ils vont aider à diffuser les informations à tous les étages de l’entreprise, motiver leurs collègues éloignés de la pratique sportive, proposer d’animer des entrainements, organiser des initiations à certaines disciplines ; en bref, permettre que les salariés s’approprient le projet.
3° Proposer des temps forts dans l’année. Rien de plus motivant que de se donner des objectifs. La participation à des courses, à des tournois ou à des compétitions inter-entreprises peut permettre de rassembler les équipes. Pour la course à pied, il peut s’agir d’un (semi)-marathon, mais aussi de courses accessibles à tous (5 kms) : des manifestations locales sont ainsi souvent organisées afin de collecter des fonds pour une bonne cause. L’entreprise peut prendre en charge les dossards, et éventuellement un coaching pour s’entraîner en amont collectivement.
4° Essayer le sport 2.0. De nombreuses start-up proposent désormais des défis sportifs connectés. Passer par le digital permet de rendre la pratique ludique (gamification, système de récompenses, etc.) et de mettre en mouvement plusieurs sites d’une même entreprise autour d’un challenge commun.
5° Développer l’activité physique au sens large. Venir au travail en vélo, marcher pendant ses pauses, pratiquer du yoga assis sur sa chaise de bureau, s’échauffer avant la prise de poste dans un entrepôt ou une usine… Voilà autant d’initiatives qui peuvent être encouragées par l’entreprise pour lutter contre la sédentarité et élargir considérablement l’offre d’APS en incluant des activités de relaxation, comme le plébiscitent les salariés.
6° Mutualiser les infrastructures. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une salle de sport dernier cri pour favoriser les APS en entreprise. De plus en plus d’entreprises mutualisent leurs espaces (équipements, douches, etc.) pour permettre la pratique du plus grand nombre. Certaines mairies et collectivités autorisent également des sociétés à utiliser stades et gymnases le temps de la pause-déjeuner. Une manière intéressante de réduire les coûts et les contraintes en termes de déplacements ou d’horaires.
7° Surfer sur les grandes compétitions sportives. Il est encourageant de voir qu’à six ans des Jeux olympiques de Paris, 40% des dirigeants d’entreprises interrogés considèrent cet événement comme une opportunité de faire du sport un levier de management et de communication. « Il sera très intéressant de suivre l’évolution de cet indicateur dans le temps et de voir comment la pratique du sport se développe en parallèle, souligne Laurent Damiani, dirigeant du fonds Inspiring Sport Capital, président d’honneur de Sporsora et co-fondateur du Think & Do Tank « Vitalité, Sport & Entreprise ». Les Jeux de 2024 représentent en effet une formidable opportunité pour le développement du sport. Ils devraient favoriser un changement culturel pour faire de la France un pays de sportifs et infuser tous les pans de la société. Dans ce contexte, l’entreprise doit apporter sa contribution pour favoriser cet essor. L’étude montre également que 3/4 des dirigeants interrogés utilisent déjà le sport comme un outil de communication interne ou externe. De l’image à une pratique régulière et structurée, le pas devrait pouvoir être franchi ! ».
Alors, prêts à mouiller le maillot ?
(1) Echantillons de 1 011 salariés, représentatif de la population salariée française, et de 303 dirigeants d’entreprises (échantillon raisonné). Les interviews ont été réalisées du 26 juin au 13 juillet 2018.