La présidente de la Ligue de Football Professionnel venait de participer à deux réunions : un séminaire des référents supporters tout d’abord, puis une rencontre avec l’ANS et des associations LGBT. « Ce furent deux très bonnes réunions. Les discussions ont été très constructives. Nous en sommes au temps du dialogue et de la concertation. Nous avons pu mettre toutes les choses à plat car il y avait beaucoup d’incompréhension », affirme Nathalie Boy de la Tour.
A propos des interruptions de matches ordonnées depuis le début de la saison 2019-20 en raison de chants homophobes qui émanaient des tribunes, la présidente de la LFP indique : « Il faut raison garder. En 118 matches de Ligue 1 Conforama, de Domino’s Ligue 2 et de Coupe de la Ligue BKT, il y a eu sept interruptions de matches pour une durée totale de 20 minutes, soit moins de trois minutes par rencontre. »
Depuis la quatrième journée de Ligue 1 (disputée du 30/08 au 01/09/2019), les délégués disposent d’un cadre clair qui repose sur la jurisprudence établie par la commission de discipline le 28/08/2019 et qui distingue “propos à caractère discriminatoire” et “propos insultants” . « Nous faisons confiance aux supporters, ainsi qu’aux présidents de clubs pour qu’il n’y ait pas de banderoles. S’il y a des propos discriminatoires, le délégué alertera l’arbitre et c’est lui qui décidera d’interrompre ou non la rencontre », explique Didier Quillot, directeur général exécutif de la LFP.
« Je fais confiance au discernement des délégués et des arbitres », ajoute Nathalie Boy de la Tour, qui poursuit:.
« Le football constitue une caisse de résonance incroyable. S’il permet de faire comprendre qu’on ne peut plus utiliser certains mots, que la passion et l'émotion au stade peuvent aussi se conjuguer avec le respect de la sensibilité de chacun, il aura gagné.
Le problème est complexe, car tout est affaire de perception : le supporter ne perçoit pas forcément le caractère discriminant des mots qu’il utilise, alors que la société les considère comme discriminants. Notre volonté est de réduire ce fossé. »
« Il ne s’agit pas d'éduquer, mais de sensibiliser »
« Il ne s’agit pas d'éduquer, mais de sensibiliser. Les débats ont été intéressants, touchants : il faut rappeler que le taux de suicide au sein de la population homosexuelle est six fois plus élevé qu’au sein de la population en général. Ce que nous proposons, c’est maintenant de reproduire au niveau local les réunions organisées aujourd’hui au niveau national. »
“Les mots créent les maux”, a dit un intervenant. « Il y a une volonté forte de la Ligue de s’engager dans ce combat en misant sur la prévention et la sensibilisation. Nous souhaitons repartir sur des bases saines et constructives.
Nous savons bien que l’interruption d’un match n’est pas la solution idoine. Elle pénalise les acteurs, la grande majorité des spectateurs et les téléspectateurs. C’est une solution extrême.
Nous devons continuer à travailler ensemble, avec les supporters. Nous avons engagé à la Ligue un responsable des référents supporters. Je fais confiance aux associations : il faut savoir construire sur une situation de crise. »
Nathalie Boy de la Tour, présidente de la LFP, le 11/09/2019
« L’homophobie est un fléau, mais le football n’est pas homophobe. Le président de la République (Emmanuel Macron) a dit hier (10/09/2019) : “Il faut avoir de la clarté dans les principes, du discernement dans l’application et la volonté de travailler ensemble”. Tout le monde souhaite que la température baisse. Des discussions vont avoir lieu au niveau local et je crois que ce qui a marché au niveau national va marcher au niveau local.
Il y a une volonté partagée de la Ligue, des associations de supporters et des associations LGBT de travailler ensemble et de faire preuve de pédagogie et de concertation. Il faut que les politiques nous fassent confiance et nous laissent travailler localement. On résoudra ce problème. »
Didier Quillot, directeur général exécutif de la LFP, le 11/09/2019