« Si les revenus provenant du sponsoring sont effectivement en augmentation, ceux provenant des droits de diffusion télévisée de la Champions Cup et de la Challenge Cup à travers le monde sont très largement supérieurs, sur un rapport de 1 à 5 approximativement », déclare Vincent Gaillard, Directeur Général de l’EPCR à News Tank le 07/01/2020, alors que la cinquième journée des Coupes d’Europe de rugby 2019-20 sera disputée du 10 au 12/01/2020.
Concernant la logique d’avoir, pour chaque territoire, un diffuseur gratuit et un diffuseur payant, « il s’agit de trouver un juste équilibre entre les revenus, nécessaires pour nos partie-prenantes et pour le développement du rugby au niveau national, et l’accessibilité de nos compétitions, nécessaires sur le long-terme pour notre réputation et la viabilité de notre programme commercial. Nous sommes particulièrement satisfaits de cet équilibre », poursuit le dirigeant de l’European Professional Club Rugby.
Heineken (bière), The Financial Times (médias) ou Kappa (équipementier) vous ont récemment rejoints. Le sponsoring constitue-t-il votre principale source de revenus ?
Notre objectif principal consiste à établir des partenariats avec des entreprises et marques réputées s’impliquant activement dans nos compétitions sur le plan international, selon leur domaine d’activité et leurs objectifs stratégiques. A ce titre, notre relation avec Heineken - entretenue depuis bientôt 25 ans, un cas unique dont nous sommes très fiers - est particulièrement parlante. Toutefois, nous avons également développé une offre nationale, pour les marques dont l’activité marketing se limite à la France ou à la Grande-Bretagne par exemple, proposant des opportunités d’activation très significatives sur un territoire donné. Nous veillons constamment à créer de la valeur ajoutée et à investir dans notre offre pour qu’elle reste pertinente.
• Le brasseur néerlandais Heineken est devenu sponsor titre de l’European Rugby Champions Cup, « pour quatre ans à partir de la saison 2018-19 », le 04/06/2018.
• La compétition est renommée Champions Cup et la marque de bière sera son principal partenaire officiel. Cette appellation est valable uniquement en France à cause de la loi Evin. Dans les pays britanniques, la compétition prend le nom de Heineken Champions Cup.
• Heineken était sponsor titre de la compétition de 1996 à 2014 (H Cup en France à l'époque) avec un engagement estimé à 8M€ par saison pour la dernière année du contrat en 2013-14. La marque de bière est restée sponsor de l’EPCR pendant la période 2014-2018 mais avec un engagement inférieur (environ 3 M€/saison).
Comment faites-vous pour mettre en valeur la marque Heineken en France, malgré la loi Evin ?
C’est bien évidemment un challenge, car le souci de tous est de s’assurer que la loi soit respectée. Toutefois, les opportunités dont dispose Heineken France autour de la Champions Cup restent importantes, notamment en matière d’hospitalité et d’activation dans les points de vente. Il me semble par ailleurs que, dans l’esprit du public français, la marque Heineken reste très largement associée, de manière spontanée, à notre compétition-phare.
Qu'en est-il de la possibilité de trouver un namer pour la Challenge Cup ? Le naming "Heineken Champions Cup" n'empêche-t-il pas l'affirmation du produit "Champions Cup" ?
Pour ce qui est de la Challenge Cup, nous sommes effectivement à la recherche d’un partenaire-titre, dans un contexte très positif de fréquentation des stades et d’audiences TV en hausse. Pour ce qui est de notre compétition-phare, nous estimons que le fait que la marque « Champions Cup » soit associée à une marque aussi prestigieuse et cohérente avec l’univers de notre sport que Heineken ne fait que renforcer son attractivité.
Dans vos accords de droits TV pour 2018-2022, votre logique est souvent, pour chaque territoire, de faire cohabiter un acteur gratuit et un acteur payant. Pourquoi ce choix ?
Il s’agit de trouver un juste équilibre entre les revenus, nécessaires pour nos partie-prenantes et pour le développement du rugby au niveau national, et l’accessibilité de nos compétitions, nécessaires sur le long-terme pour notre réputation et la viabilité de notre programme commercial. Nous sommes particulièrement satisfaits de cet équilibre, notamment en France, au Royaume-Uni et en Irlande. Cette stratégie est manifestement à contre-courant de ce qui peut se faire dans le football par exemple, mais elle nous paraît être la bonne à la fois pour les clubs impliqués et pour le grand public.
France : un match de plus de Champions Cup en clair sur France 2 (samedi) jusqu’en 2021-22
• Le groupe de TV public France Télévisions, a acquis, en sous-licence auprès du groupe de TV payante beIN Sports, les droits TV d’un match supplémentaire de Champions Cup par week-end pendant la phase de poules jusqu’en 2021-22 le 22/10/2019.
• « Outre son habituel match du dimanche après-midi, France 2 retransmettra en direct une autre rencontre le samedi. » L’accord, qui ne comporterait pas de contrepartie financière, serait né d’une volonté de beIN Sports de redonner de la visibilité à la compétition indique le quotidien l’Equipe le même jour.
• France Télévisions (un match par week-end) et beIN Sports (intégralité) avait prolongé leurs droits de diffusion des Coupes d’Europe de rugby pour la période 2018-2022 le 24/05/2017. Sur la phase finale, la double co-diffusion dépendra de la qualification des clubs français. Tant qu’il y aura deux clubs tricolores en lice, ils seront proposés en clair en plus de la retransmission sur beIN Sports.
• « Comme l’appel d’offres (2018-2022) le permet, des discussions pourront être engagées entre beIN Sports et France Télévisions pour augmenter encore l’exposition en clair des compétitions », indiquait l’EPCR le 24/05/2017.
• Le groupe public bénéficiait déjà des deux meilleures affiches de la H Cup (devenue la ERC Cup lors de la saison 2014-15) lors du cycle 2010-2014 où le groupe de TV payante Canal+ détenait l’intégralité de la compétition.
Comment essayez-vous de toucher les territoires en dehors de l'Europe (là où des accords de droits TV ne pourraient pas être signés notamment) ? L'OTT est-il alors la solution ?
Nous couvrons déjà les principaux pays du globe grâce à de nombreux accords en Amérique du Nord, en Amérique Latine, en Afrique, en Asie et en Océanie, et en panachant effectivement des diffuseurs linéaires traditionnels (tels que NBC aux Etats-Unis ou SuperSport en Afrique du Sud) avec des plateformes OTT (telles que DAZN au Japon, au Canada ou en Allemagne ou Rugby Pass sur une partie de l’Océanie).
L'EPCR a annoncé un record (depuis cinq ans) de 210 765 spectateurs pour la 3e journée des Coupes d'Europe 2019-20. Comment expliquez vous cet engouement ?
Après une transition un peu laborieuse entre la « H Cup » et la Heineken Champions Cup, les changements de formats et de gouvernance, nous constatons effectivement que l’engouement pour nos compétitions est plus fort que jamais. Le principal point de démarcation que nous nous efforçons de maintenir se situe au niveau de l’intensité et de la qualité du jeu, de la sélectivité générale faisant que les équipes participantes ont peu de droit à l’erreur. Nous nous efforçons de maintenir le niveau de rugby au plus haut, ce qui bien évidemment est influencé par les formats retenus, l’arbitrage pratiqué, etc.
Coupes d'Europe de rugby : 210 765 spectateurs pour la 3e journée 2019-20, un record depuis 5 ans
• « Les Coupes d’Europe de rugby (Champions Cup et Challenge Cup) ont enregistré la plus forte affluence des cinq dernières années pour des matches de la troisième journée avec un total de 210 765 spectateurs dans les stades du 06 au 08/12/2019 », indiquait l’EPCR le 13/12/2019.
• Munster Rugby (Guinness Pro14) - Saracens RFC (Gallagher Premiership Rugby) (10-3) a enregistré la plus forte affluence de Heineken Champions Cup avec 25 024 spectateurs à Thomond Park (25 600 places) à Limerick (IRL) le samedi 07/12/2019. Les dix rencontres de la 3e journée de Champions Cup ont enregistré une affluence totale de 141 228 (67 % du total) soit une moyenne de 14 122 spectateurs par match.
• Rugby Club Toulonnais (Top 14) - London Irish Rugby (Gallagher Premiership Rugby) (37-17) a enregistré la plus forte affluence de Challenge Cup avec 15 336 spectateurs au Stade Mayol (18 200 places) de Toulon (FRA) le 07/12/2019. Les dix rencontres de la 3e journée de Challenge Cup enregistrent une affluence totale de 69 537 soit une moyenne de 6 953 spectateurs par match.
L'Orange Vélodrome de Marseille va accueillir les finales des Coupes d'Europe 2020. Qu'en attendez-vous ? Comment se fait le choix du site des finales ? La logique est-elle de les offrir à des territoires qui seraient "moins fans de rugby" ?
Nous attendons des finales historiques, dans une ville et un stade mythiques ! Le choix de Marseille s’est effectué tout simplement sur la qualité de leur candidature, et effectivement avec l’objectif d’offrir des expériences nouvelles à nos fans et de partir à la rencontre de nouveau fans sur de nouveaux territoires. Plus de 60 000 billets ont déjà été vendus pour le week-end, je conseille donc aux intéressés de se manifester rapidement : certains clubs français ont à ce jour de très bonnes chances d’aller au bout, y compris en Challenge Cup au vu des performances actuelles du RCT et de l’UBB, notamment.
Un changement de format des compétitions est évoqué à partir de 2022-23. Où en sont vos réflexions ?
Tous les éléments qui nous permettraient d’améliorer encore les formats actuels sont à l’étude, et notre objectif est d’arriver à une conclusion très rapidement. L’amélioration pourrait passer par un format encore plus resserré, mais pas seulement, et rien n’est arrêté à ce jour. En revanche, nous avons une préférence majoritaire pour des compétitions sur neuf week-ends, comme c’est le cas aujourd’hui.
Pourquoi avez-vous déplacé votre siège social de Neuchâtel à Lausanne en juillet 2018 ? En voyez-vous les bénéfices depuis ?
Nous en tirons des bénéfices très significatifs, notamment en matière de logistique, grâce à une plus grande proximité de l’aéroport international de Genève (SUI), et en matière d’environnement et de ressources humaines, grâce à notre présence dans la « Capitale Olympique », où nous bénéficions d’un écosystème dans le management du sport unique au monde, le tout dans un contexte économique et social particulièrement sain et dynamique.