« La RSE est consubstantielle au football, c’est dans son ADN. Le football n’a pas attendu le travail des instances pour pouvoir faire des choses en matière de RSE », déclare Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de Football Professionnel, lors de la quatrième édition de Think Football, sur le campus Eiffel de notre partenaire INSEEC U. Sport (Paris XVe) le 05/02/2020.
Nathalie Boy de la Tour s’exprime lors de la table ronde « Pourquoi et comment la RSE ? » au côté de Youri Djorkaeff, directeur de la Fondation FIFA et ambassadeur de Think Football 2020, Jérôme Dumois, directeur de cabinet à l’UNFP, Thomas Seillé, coordinateur de la stratégie RSO de la FFF, et Philippe Furrer, fondateur de insPoweredBy et partenaire de Sport and Sustainability International
« Mon rôle est de placer la Fondation FIFA sur la carte du monde. Elle existe depuis 2018. C’est une jeune fondation mais qui a beaucoup de demandes. Notre stratégie est de regarder la carte du monde et d’agir avec des référents comme l’UNICEF. La nouvelle approche des fondations est de les présenter par l’aspect business. Elle s’inscrivent de plus en plus dans un esprit entrepreneur », indique Youri Djorkaeff, Directeur de la Fondation FIFA.
« Pour impliquer des partenaires dans nos actions, il est plus facile de travailler en co-construction. C’est alors plus simple pour les embarquer. Il faut communiquer en étant transparent sur nos actions. Une mesure d’impact crédibilise la démarche car elle permet de communiquer sur quelque chose de tangible », ajoute Thomas Seillé, Coordinateur de la stratégie RSO de la FFF.
« La RSE fait partie de l’objet même de la Fédération. C’est inscrit dans ses statuts, car elle a un rôle de délégation de service public et doit faire participer le plus grand nombre au football sans distinction quelle qu’elle soit.
La nouveauté, c’est que nous avons surtout abordé jusque-là la dimension sociale et moins la dimension environnementale. Le but désormais est de fixer un cap et d’agir sur ce levier notamment dans l’organisation des matches, dans l’héritage des grands événements comme la Coupe du monde féminine 2019, dans l’orientation vers des achats responsables. Nous devons agir ainsi notamment au Centre national du football.
On se penche sur l'éco-responsabilité des clubs. Le but est alors de généraliser les bonnes pratiques.
Sur le volet emploi, on accompagne les clubs dans leur structuration via notre centre de formation professionnel (Institut de Formation du Football). On travaille aussi sur tout le territoire pour l’insertion professionnelle avec Pôle Emploi. »
Thomas Seillé, coordinateur de la stratégie RSO de la FFF, le 05/02/2020.
« Nous sommes les représentants des joueurs et nous nous engageons sur le terrain de la valorisation des actions de ceux-ci. On est très content de voir un joueur à la tête de la Fondation FIFA.
La RSE fait partie de l’ADN de l’UNFP. On a fait une étude récemment auprès des joueurs et il se trouve que 20 % sont déjà engagés, tandis que 60 à 70 % le souhaitent sans savoir exactement comment faire.
Le premier sujet est d'écouter les joueurs. Pour réussir son action, il faut de la sincérité et cela doit venir d’eux. Nous avons nommé plusieurs joueurs venant d’achever leur carrière comme délégués à l’engagement sociétal.
Nous assurons l’accompagnement, de la structuration du projet jusqu'à sa médiatisation. La force de persuasion des joueurs n’est plus à démontrer, et pas seulement les “Top Players”. Il faut écouter les footballeurs. C’est une erreur d’aller vers les joueurs avec une cause à défendre. »
Jérôme Dumois, directeur de cabinet à l’UNFP, le 05/02/2020.
« Cela fait 20 ans que je suis actif dans le domaine de la RSE. Aujourd’hui, beaucoup d’entités en font, en parlent mais peu mesurent leur impact et se font auditer. Il faut passer à une RSE un peu plus solide via la mesure d’impact et donc un référentiel.
Les stratégies RSE nécessitent de connaître le contexte pour s’insérer ensuite avec une démarche qui a du sens localement. La Fondation du Everton FC (Premier League), par exemple , reverse plus de 4 M€ dans le tissu local et travaille avec la Ville de manière très étroite.
Être audité est plus facile à dire qu'à faire. Un audit financier est plus évident pour savoir ce que devient l’argent. Pour l’audit d’impact, il faut partir du modèle et de la problématique adressée, et voir comment on l’a solutionné. Il faut savoir avec quoi on démarre et pour aller où.
Si on veut passer à une RSE plus ambitieuse, on doit pouvoir chiffrer un impact. Sinon, on reste dans “un monde sympa de bisounours philanthropiques”.
Authenticité et sens sont les maîtres-mots pour communiquer. Je suis un adepte d’une communication décentralisée. Cela aura plus d’impact si ce sont les autres qui en parlent. »
Philippe Furrer, fondateur de insPoweredBy et partenaire de Sport and Sustainability International, le 05/02/2020.
« On parle de projets au niveau des états et gouvernements. Ils sont portés par les fédérations mais via aussi les états. On se rend ainsi compte que le pouvoir du football est énorme.
On fait de la RSE depuis longtemps sans le savoir, dans les clubs amateurs notamment.
La responsabilité du football, des instances, bénévoles et clubs est de plus en plus importante. Il faut être de plus en plus structuré.
On a une force avec le football. Quels que soient la couleur, la religion, le sexe ou l’origine : on rassemble.
La Coupe du monde au Qatar en 2022, avec de courtes distances entre les stades, sera une référence pour les éditions suivantes, avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone.
Il ne faut plus que la Fondation FIFA soit financé à 100 % par la FIFA. Il faut aller vers d’autres acteurs qui peuvent financer et devenir partenaires.
A la Fondation FIFA, on part toujours du terrain pour construire une histoire, en cherchant de nouveaux leaders et de nouvelles communautés. »
Youri Djorkaeff, Directeur de la Fondation FIFA et ambassadeur de Think Football 2020, le 05/02/2020.
« 14 ans en arrière, au moment de la création du Fondaction du football, je n’aurais pas pensé être présente au sein d’une table ronde traitant d’une telle thématique, qui irradie depuis le football français.
Le football est le troisième lieu éducatif en France après les parents et l'école. Il faut donc prendre à bras-le-corps ce rôle d'éducation civique et citoyenne.
Il est important de faire prendre conscience que tout passe par les actions du club, que le rôle de la LFP est d’abord de les laisser faire. La limite est qu’ils ne les industrialisent pas à hauteur de ce qu’ils pourraient faire. C’est là qu’intervient la LFP pour donner un cadre et faire essaimer les bonnes pratiques et mener des actions nationales.
Il y a 12 ans, on faisait face à la résistance des instances pour mettre en place des actions RSE. Il y a eu un travail d'évangélisation.
Comme dans une entreprise, il faut créer le produit RSE, convaincre de son importance en interne et le vendre. Cela prend du temps et nécessite énormément de travail. L’accélération de la prise de conscience au niveau générationnel vient du fait que, si il n’y a pas de sens, la nouvelle génération n’aura pas envie de s’engager. Elle a ainsi contraint les autres à en prendre conscience.
Aujourd’hui, il y a 17 structures de type fondation au sein des clubs de football.
Depuis quatre ans, nous menons une enquête “Jouons la collectif” au niveau des clubs professionnels. On définit notre politique avec la direction communication et RSE, on fixe des indicateurs de performance pour mesurer l’impact. Mais ces indicateurs sont difficiles à définir car il doivent être pérennes. On a mené un benchmark au niveau mondial et on est en train de définir cet indicateur RSE.
Il faut être créatif. On n’a pas besoin de beaucoup de moyens. Notre initiative avec l’Association Télémaque et la mise en place de la Tribune solidaire est un bel exemple. »
Nathalie Boy de la Tour, Présidente de la LFP, le 05/02/2020.