Publié le 20 février 2020

[News Tank Sport] Coronavirus : « L'épidémie n’aura pas la peau du sport business » (M. Tapiro, Sports Management School)

Dans une tribune pour News Tank Sport, Michael Tapiro, fondateur et président de la Sports Management School, évoque l'impact du coronavirus sur l'économie du sport, les enjeux qui l'entoure et ses conséquences pour les évènements à venir.

« Alors que l’épidémie de coronavirus se poursuit, la psychose autour de cette maladie semble encore plus virale que l’infection elle-même, notamment sur les réseaux sociaux depuis plus d’un mois maintenant. Un vent de panique à travers lequel naissent des interrogations autour de la tenue des Jeux Olympiques d’été de Tokyo 2020, mais qu’à cela ne tienne, le coronavirus n’aura pas la peau du sport business », affirme Michael Tapiro, fondateur et président de la Sports Management School, dans une tribune pour News Tank, le 18/02/2020.

Le coronavirus Covid-19, qui est apparu à Wuhan (Chine) en décembre 2019, a infecté plus de 74 000 personnes en Chine continentale et a franchi le cap des 2 000 morts le 19/02/2020. Hors de Chine, le principal foyer de contamination est le paquebot de croisière Diamond-Princess, placé en quarantaine le 05/02/2020 près de Tokyo (JAP) avec plus de 3 700 passagers à bord : la contagion s’étend à 542 personnes au 18/02/2020 selon un bilan annoncé par le Japon. Cette épidémie a déjà provoqué le report, la délocalisation ou carrément l’annulation de nombreux événements sportifs.

« Malgré la psychose ambiante, il faut rappeler qu’une seule personne contaminée de 80 ans est décédée au Japon sans que l’on soit certain que la maladie soit la cause directe de sa mort », précise Michael Tapiro dans sa tribune pour News Tank.

« Voilà près de 56 ans que le Japon patiente espérant un retour des Jeux Olympiques d'été au pays après le succès de l’édition 1964, premiers JO jamais organisés sur le continent asiatique. Depuis la désignation de la ville hôte en 2013, Tokyo ne rêve que des Jeux Olympiques. La ville s’est modernisée et le dernier rapport économique indique une facture de 11,5 milliards d’euros qui s’explique notamment par le coût des infrastructures et des transports qui bénéficieront à la population des années durant.

Au niveau des bénéfices, Tokyo ambitionne de faire carton plein. Jamais lors d’une Olympiade, les sponsors ne s’étaient autant mobilisés, puisque ce ne sont pas moins de 65 partenaires nationaux qui ont injecté près de 3 milliards d’euros à l’enveloppe. Au niveau de la billetterie, l’engouement populaire bat son plein autour des Jeux puisque les évaluations du début d’année 2020 annonçaient une demande 10 fois supérieure au nombre de tickets disponibles.

Après une décennie de travaux ou presque, plusieurs milliards d’euros investis et 56 ans d’attente, le Comité d’organisation ne pouvait évidemment pas se laisser abattre par le coronavirus à moins de 200 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques (156 jours au 19/02/2020). De plus, malgré la psychose ambiante, il faut rappeler qu’une seule personne contaminée de 80 ans est décédée au Japon sans que l’on soit certain que la maladie soit la cause directe de sa mort.

Toutefois, face à la menace liée à l’infection, le Japon restant le deuxième pays après la Chine en termes de personnes atteintes de coronavirus avec environ 400 cas identifiés (au 18/02/2020), le Comité d’organisation se devait de rassurer le monde. C’est ce à quoi son président Yoshiro Mori s’est attelé ces derniers jours dans la presse, rappelant que bien que le coronavirus soit pris au sérieux, il n’était en aucun cas prévu de reporter ou annuler les Jeux Olympiques.

Ainsi, le Japon et le CIO entendent bien se coordonner ainsi avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) afin de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la propagation de la maladie. Une pratique normale, souligne Thomas Bach, président du CIO, puisque la lutte contre les maladies infectieuses fait partie du volet sécurité de chaque édition des Jeux Olympiques.

Enfin, outre les mesures sanitaires qui seront annoncées dans les prochaines semaines, le CIO reconnaît qu’il devra effectuer un gros travail de communication afin que la psychose ne prenne pas le dessus et que la fête puisse être aussi belle qu’annoncée.

Qu’il s’agisse du Grand Prix de Formule 1 de Shanghai (initialement programmé du 17 au 19/04/2020), des Championnats d’Asie indoor d’athlétisme (prévus à Hangzhou, à 600 kilomètres de Wuhan, les 12 et 13/02/2020) ou encore de certaines compétitions majeures d’eSport, la liste des événements sportifs reportés ou annulés en Chine et en Asie ne cesse de s’allonger. Les premiers chiffres font état de près de 44 M€ de manque à gagner en sponsoring suite à l’annulation de ces différents événements.

Toutefois, il est important de souligner que l’annulation de Jeux Olympiques reste un fait rarissime dans l’histoire avec seulement trois éditions d’étés annulés (1916, 1940 et 1944), à chaque fois à cause des guerres mondiales. Ainsi, malgré les inquiétudes compréhensibles qui planent autour de l’épidémie de Coronavirus, il semble peu probable que les Jeux Olympiques de Tokyo soient reportés ou annulés.

Cependant, le CIO et le Japon auront fort à faire ces prochaines semaines pour rassurer les amateurs de sport et les athlètes, aussi bien en termes de mesures sanitaires qu’en matière de communication. Une chose est sûre, le sport business devrait bien survivre au coronavirus Covid-19. » Michael Tapiro, fondateur et président de la Sports Management School

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