« Quand le sport traditionnel est à l’arrêt, nous, nous pouvons continuer. Et dans une période où il y a peu de contenus à visionner, cela booste fortement les audiences eSport », déclare Nicolas Maurer, CEO de Team Vitality (eSport), à News Tank, le 23/03/2020.
« Habituellement, nous jouons offline (hors ligne), dans des arénas ou des studios. Dans le contexte actuel, cela n’est plus permis, mais nous avons tout de même la possibilité de continuer à participer à des compétitions eSport online (en ligne). Certes, la production de ces compétitions n’est plus la même, elle est plus épurée, mais c’est un réel avantage que de pouvoir continuer à disputer les compétitions de nos équipes », indique le CEO de l’organisation française.
« Pour prendre l’exemple de l’ESL Pro League (compétition sur CS :GO), la production est moins bonne en jouant online, mais paradoxalement, nous battons tous les scores d’audiences. Cela s’explique par le fait qu’il y a beaucoup moins de contenus concurrents en ce moment, encore moins dans le sport », explique Nicolas Maurer, qui répond aux questions de News Tank.
Quels sont les problèmes qui se posent à jouer online plutôt qu’offline, dans des espaces dédiés ?
L’ESL Pro League est passée d’un système mondial à un format avec des poules européennes / américaines. C’est la limite du online : à cause de la latence, on ne peut pas jouer des rencontres en étant géographiquement très éloigné. Ainsi, pour les compétitions régionales comme la LEC, il n’y a pas de problème de latence, la compétition peut continuer, mais pour les compétitions internationales, c’est plus compliqué. Certaines ont été annulées ou reportées. Nous allons voir comment les éditeurs vont s’organiser.
Y a-t-il d’autres alternatives ?
Soit on joue online, soit il n’y a plus de compétition. C’est assez simple. Certes, ce n’est pas optimal pour un joueur professionnel, mais c’est très satisfaisant et cela ne remet pas en cause l’intégrité compétitive. La compétition peut continuer et c’est assez unique dans le sport en ce moment ! Les sponsors sont d’ailleurs ravis de cette opportunité.
Les calendriers ont dû être réajustés…
Chaque éditeur est en train de travailler pour adapter son calendrier et proposer des solutions. Par exemple, le championnat du monde de Rocket League est annulé et tout son prize money et redistribué aux championnats européens et américains qui ont lieu online. Il n’y a eu qu’une seule semaine d’interruption pour la LEC (reprise le vendredi 20/03/2020). L’ESL Pro League ne s’est pas arrêtée, mais a donc rectifié son format… Les réajustements se font donc jeu par jeu. Je suis impressionné par les éditeurs - organisateurs de tournoi qui ont très vite su proposer un fonctionnement viable pour pouvoir s’adapter aux contraintes du online.
Jouer en ligne pose-t-il des problèmes quant à l’arbitrage ?
Le online pose plusieurs questions : est-ce que c’est bien le joueur X qui joue ? Est-ce que les coaches respectent bien les moments où ils peuvent intervenir ? Mais les éditeurs disposent déjà de tous les outils de contrôle qui permettent de veiller à l’intégrité compétitive.
Quelles dispositions a pris Team Vitality à l'égard de ses effectifs ?
Nos centres d’entrainement sont fermés, tout comme V. Hive. Les joueurs travaillent de chez eux. Nous nous assurons qu’ils sont bien équipés. Nous sommes encore en train d’établir un plan en interne. Le staff de V.Hive va être au chômage technique. Cela va être ensuite étudié au cas par cas selon les business unit. Sur certains business unit type événementiel, l’activité à court terme va tendre vers zéro, mais sur d’autres comme le sponsoring il y a un réel point d’interrogation. On peut penser qu’il y a un ralentissement assez logique de l’activité car beaucoup d’entreprises vont geler leur budget au regard de l’incertitude économique. Nous allons voir comment les choses vont évoluer. Mais notre force est que nous existons aujourd’hui avec l’eSport, et c’est peut-être aussi une opportunité à certains égards.
Quelles conséquences économiques en tirez-vous ?
Nous serons impactés économiquement, c’est certain : au niveau sponsoring, cela va ralentir les signatures, au niveau merchandising, nous allons avoir des soucis quant à la possibilité de livraison ou de production. Mais l’impact sera moindre que celui que subit le sport traditionnel. »