Publié le 21 avril 2020

La tribune d'Alejandro Agag, Président de la Formula E, sur la situation actuelle

Alejandro Agag, le Fondateur et Président de la Formule E, explique pourquoi l'épidémie de coronavirus entraînant la suspension mondiale du sport est un avertissement pour l'avenir, à moins de s’attaquer d'urgence à la crise climatique.

"Samedi 18 avril, les rues de Paris auraient dû être bondées.

Des milliers de fans devaient remplir les tribunes et encourager des pilotes tels que le champion français Jean-Eric Vergne, sillonnant les rues de la Ville Lumière et repoussant les limites technologiques de la mobilité électrique.

Malheureusement, ces rues étaient vides.

L'urgence sanitaire mondiale causée par l'épidémie de Covid-19 est une situation inquiétante pour nous tous. Dans des pays dont je suis très proche - comme l'Espagne, la France et le Royaume-Uni - cette pandémie prend des proportions dramatiques. La santé, l'économie et la vie quotidienne sont menacées, entraînant des conséquences tragiques auxquelles les gouvernements, les entreprises et les citoyens doivent faire face avec courage. Je leur adresse tout mon soutien, en particulier au personnel hospitalier et aux agents de santé qui sont en première ligne.

Dans le cadre des mesures de santé publique, le sport ainsi que toutes les formes de divertissement ont été parmi les premières activités à être totalement stoppées. Le report des Jeux olympiques de Tokyo à l'année prochaine, une action sans précédent en temps de paix depuis 369 après JC, fut la décision la plus marquante que les acteurs du sport mondial aient dû prendre.

Le confinement mis en place par les gouvernements, presque partout dans le monde, est une mesure de dernier recours pour faire face à un danger à très court terme, comme une pandémie. Cependant, nous avons le devoir de regarder au-delà de cette crise et d'essayer de comprendre quand et comment de tels scénarios pourraient se reproduire à moyen et long terme.

Comme je l'ai récemment publié sur Instagram, la crise liée au Covid-19 nous sert de répétition pour entrevoir ce que provoquera le changement climatique. C’est maintenant qu’il faut agir.

Pourquoi la question du climat est-elle pertinente en cette période de crise ? Deux éléments sont à prendre en compte :

Premièrement, le plus grand risque sanitaire de notre époque pour la santé humaine reste la pollution de l'air. Elle nous rend également moins résistants aux symptômes des infections respiratoires telles que celles causées par le Covid-19. Dans de nombreuses régions du monde, la pollution atmosphérique a déjà un impact sur la vie quotidienne et empêche les gens de quitter leur domicile, tout comme le Covid- 19.

Deuxièmement, les scientifiques alarment sur le fait qu'une augmentation incontrôlée des émissions de gaz à effet de serre entraînerait de plus en plus d'épisodes météorologiques extrêmes. Si nous ne respectons pas leurs avertissements, les catastrophes naturelles pourraient engendrer des confinements plus fréquents, conduisant à la fin de la vie normale telle que nous la connaissons, dont le sport.

La réponse humaine a montré une certaine preuve de résilience face à la crise du Covid-19, il n'est donc pas trop tard pour modifier le cours des choses. La réduction spectaculaire de la pollution en Chine - et dans nos villes européennes - due à la suspension des voyages et à la fermeture temporaire d'usines, montre qu'il n’est pas trop tard pour changer collectivement de cap.

A l’image des ingénieurs et des scientifiques qui font preuve d’innovation pour aider à lutter contre le Covid-19, la technologie jouera également un rôle majeur dans la création d'un avenir plus propre, plus rapidement. Les évolutions technologiques seront essentielles pour allier à la lutte contre le changement climatique une croissance économique durable et saine.

Grâce à l’opinion publique, qui s’implique activement et contribue de plus en plus aux actions de sensibilisation, les gouvernements et les entreprises répondent à ces enjeux en mettant en place des mesures spécifiques et en cherchant des solutions technologiques pour réduire l'impact environnemental.

Réduire les émissions mondiales grâce à la mobilité électrique est un exemple de ce que la recherche technologique peut faire pour l'environnement. C'est sur ce constat que l'idée du championnat ABB FIA Formula E a été conçue en 2011. Montrer comment l'électricité est une alternative durable aux moteurs à combustion.

Depuis, avec nos partenaires, nous avons mené des recherches constantes produisant des avancées technologiques importantes, comme les batteries étendues de 52 kW / h, introduites la saison dernière.

Ce n'est pas tout. La durabilité est notre priorité lorsqu'il s'agit d'organiser des courses. Ce n'est pas un hasard si nous venons de renouveler notre certification ISO 20121, la norme internationale de durabilité dans l’événementiel. Nous voulons transmettre notre message aux jeunes générations et aux institutions, nos pilotes agissent tels des ambassadeurs. Lucas di Grassi est non seulement pilote pour l'équipe Audi Sport ABT Schaeffler, mais il est également ambassadeur pour le climat pour les Nations Unies.

C'est avec la même vision des enjeux environnementaux que je suis fier d'avoir lancé la série Extreme E racing, l'équivalent tout-terrain de la Formule E, qui verra des SUV 100% électriques rouler dans des endroits reculés de la planète, également les plus menacés d'un point de vue climatique. Il s’agit d’offrir la mobilité durable comme l'une des solutions possibles, ainsi que d’utiliser nos ressources pour mettre en œuvre un héritage positif dépendant des besoins locaux.

Extreme E débutera en 2021 et représentera un nouveau concept de rallye tout- terrain, avec des courses dans des zones d’ores-et-déjà endommagées par le changement climatique comme les glaciers du Groenland et les forêts tropicales en Amazonie.

Les défis que nous vivons tous en ce moment pourraient bien se reproduire dans les années à venir en raison du changement climatique. Pas seulement dans les endroits reculés où nous emmenons Extreme E, mais dans les villes où nous vivons, travaillons et nous amusons tous les jours.

Bien que le Covid-19 soit actuellement dans nos esprits, nous devons conjuguer tous nos efforts afin d’éviter que cela ne se reproduise. Aujourd'hui est la Journée de la Terre, mais il en est de même tous les autres jours du calendrier. Il faut se mettre au travail maintenant."

 

Source : Communiqué de Presse Formula E