Publié le 20 janvier 2021

[NEWS TANK SPORT] Sponsoring : « La recherche de sens et d’impact sociétal prime sur le ROI pour Advens » (D. Poulmaire)

« Orienter l’investissement dans le sport en ayant comme objectif d’être utile à la société est bénéfique pour l’entreprise » (D. Poulmaire)

« L’opération conduite par le trio Advens-Entourage-Ruyant permet de faire passer le sponsoring dans une autre dimension. Celle du Monde d’Après, dans lequel la recherche de sens et d’impact sociétal prime sur la tentation de  »l’égomarketing«  que peuvent avoir les sponsors et sur l’obsession du ROI si chère aux investisseurs », déclare Didier Poulmaire, président de Poulmaire Avocat & Fiduciaire dans une tribune intitulée « Et le Sponsoring devint sociétal… » publiée sur LinkedIn le 14/01/2021.

Advens, entreprise française spécialisée en cybersécurité et sponsor du skipper Thomas Ruyant engagé sur le Vendée Globe, « a renoncé à toute la visibilité qu’un événement sportif planétaire comme le Vendée Globe peut offrir au sponsor donnant son nom au voilier sponsorisé, pour l’offrir à une cause sociétale conduite par l’association Entourage (redonner un réseau à ceux qui n’en ont plus) », explique celui qui participait la veille à un webinar consacré au décryptage de l’opération « LinkedOut ».

« Le trio Advens-Entourage-Ruyant s’emploie à utiliser la performance sportive non pas comme un simple vecteur de communication commerciale mais comme un double levier d’actions sociétales : une exposition médiatique comme caisse de résonance pour Entourage et la création d’une course dans la course visant à réinsérer 80 candidats sur la durée du Vendée Globe », ajoute Didier Poulmaire dans une cette tribune que News Tank reproduit intégralement ci-dessous.

Dans une actualité prise en otage par la crise sanitaire et par ses drames quotidiens, le grand public aura sûrement entre-aperçu l’inattendu logo « LinkedOut » qu’arbore le voilier du navigateur Thomas Ruyant, en bagarre depuis le 08/11/2020 pour une victoire dans la plus folle des courses en solitaire autour du monde : le Vendée Globe.

La simple vision des voiles du bateau de Thomas Ruyant ne suffit cependant pas à expliquer toute la révolution que cette opération sociale et solidaire, judicieusement dénommée « LinkedOut » (par clin d’oeil et avec l’accord du réseau mondial LinkedIn) opère dans le monde du sponsoring. Jusqu’à présent, une opération de sponsoring était simple à expliquer : d’un côté, un ayant-droit du sport (un organisateur d’événements, une équipe ou un athlète) à la recherche d’un partenaire économique, et, de l’autre, une entreprise désireuse de s’associer aux performances de cet ayant-droit pour bénéficier de toutes les retombées médiatiques nées desdites performances.

Ça c’était avant. C’était même le monde d’Avant.

L’opération conduite par le trio Advens-Entourage-Ruyant permet de faire passer le sponsoring dans une autre dimension. Celle du Monde d’Après, dans lequel la recherche de sens et d’impact sociétal prime sur la tentation de « l’égomarketing » que peuvent avoir les sponsors et sur l’obsession du ROI si chère aux investisseurs.

Il ne s’agit plus pour l’entreprise partenaire (Advens, premier pure player français en matière de cybersécurité) de trouver la meilleure visibilité ou la plus grande exposition médiatique pour sa marque ou ses services, mais, avant toute chose, de contribuer, par son investissement au profit d’un navigateur performant (Thomas Ruyant) et son équipe (TR Racing), à donner une illustration concrète de la raison d’être d’Advens en tant qu’entreprise citoyenne, et d’aider un acteur désintéressé (l’association Entourage) à traiter un problème sociétal majeur (l’inclusion sociale des personnes en situation de précarité).

Advens a fait ce qu’aucune entreprise de sa taille n’avait jamais fait jusqu’à présent dans le sport professionnel à ce niveau : renoncer à toute la visibilité qu’un événement sportif planétaire comme le Vendée Globe peut offrir au sponsor donnant son nom au voilier sponsorisé, pour l’offrir à une cause sociétale conduite par l’association Entourage (redonner un réseau à ceux qui n’en ont plus).

Comment cela a-t-il été rendu possible ? Avant toute chose, par la volonté d’un chef d’entreprise (Alexandre Fayeulle - Advens) et par le jeu de deux rencontres successives, l’une avec le navigateur Thomas Ruyant, et l’autre avec le fondateur de l’association Entourage (Jean-Marc Potdevin). Rien ne prédestinait Advens à sponsoriser un bateau et rien ne prédestinait l’association Entourage à s’embarquer dans le Vendée Globe au côté d’un jeune navigateur. Or, force est de constater que ces trois acteurs ont créé un précédent qui risque de faire date. Celui qui consiste à utiliser la performance sportive non pas comme un simple vecteur de communication commerciale mais comme un double levier d’actions sociétales :

- le premier levier est d’utiliser l’exposition médiatique résultant des performances de Thomas Ruyant comme une formidable caisse de résonance pour faire connaître et faciliter les actions d’inclusion sociale conduites par l’association Entourage ;

- le second levier est de créer une course dans la course : faciliter pendant le déroulement du Vendée Globe lui-même, par la mise en jeu d’actions de communication croisées utilisant la puissance du digital et le partage de CV via les réseaux, la réinsertion d’une promotion de 80 candidats dans le monde économique, en facilitant la sensibilisation de celui-ci grâce au rayonnement du nom du bateau LinkedOut jouant la course en tête.

Ce double effet de levier fait de LinkedOut le point de départ et le symbole de ce qu’il est désormais convenu d’appeler « la Course au Changement ».

Pourquoi une Course au changement ?
Parce qu’Advens s’est lancée, en parallèle de ses efforts pour faire connaître LinkedOut dans les médias, dans une très large entreprise d’évangélisation des bienfaits de cette opération hybride, mixant sponsoring et mécénat, en essayant d’amener avec elle toutes les entreprises en quête de sens, désireuses elles aussi d’aligner leur Raison d’être avec un investissement responsable et solidaire dans le sport. Ce n’est sans doute pas un hasard si un acteur aussi important du monde de l’Assurance que Swiss Life a rapidement mesuré tout l’impact de cette opération et a décidé de rejoindre les rangs des protagonistes de la Course au changement.

À l’heure où la crise sanitaire bouleverse l’écosystème du sport en profondeur et rebat les cartes de son financement, l’opération LinkedOut nous donne des pistes de réflexion intéressantes pour la suite. Quelles sont elles ? 

1/ Le sport reste une des plus puissantes caisses de résonance au monde, même lorsqu’il s’agit d’aborder des problèmes de société sensibles (ici l’exclusion sociale) et y compris en temps de crise ;

2/ Orienter l’investissement dans le sport en ayant comme objectif d’être utile à la société est bénéfique pour l’entreprise. Advens, comme Swiss Life, peuvent aujourd’hui mesurer concrètement tous les bénéfices de leur choix audacieux, tant sur le plan de la dynamique interne que sur celui de la perception par leurs clients et prospects de leur opération de sponsoring atypique ;
 
3/ La performance sportive est un moteur susceptible de susciter et d’entraîner derrière elle toutes les énergies et toutes les bonnes volontés capables ensemble, tout en venant d’univers différents (le monde de l’entreprise, du sport et de l’associatif), de déplacer des montagnes et de s’attaquer à des causes difficiles, tout en permettant à un sportif de haut niveau de remplir ses objectifs sportifs ;
 
4/ À l’heure de l’influence grandissante de l’intelligence artificielle, c’est encore la volonté des hommes et des femmes qui a permis d’accomplir l’impossible et de faire travailler ensemble pour une même cause, un navigateur de talent, un chef d’entreprise et un fondateur d’association visionnaires, ainsi que leurs équipes respectives, le tout dans le meilleur intérêt de ceux qui en avaient le plus besoin, à savoir les personnes en situation d’exclusion sociale.
 
5/ Mixer habilement actions de sponsoring et actions de mécénat dans une même opération globale dans le sport est donc possible, voire même judicieux. Ne devrait-on pas dans ces conditions l’encourager en proposant par exemple aux pouvoirs publics de réfléchir à un schéma et/ou un dispositif fiscal incitatif spécifiques ? Les acteurs le réclament et le contexte économique y pousse nous semble-t-il.
 
L’heure n’est pas encore au bilan, mais les observateurs reconnaissent déjà que l’opération LinkedOut fait souffler un vent de renouveau dans le sport professionnel en général, et dans le sponsoring en particulier. Elle nous donne aussi l’espoir de rêver un peu car il y a tout lieu de penser qu’en franchissant, comme on l’espère, la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonnes dans les tous premiers de la course, ce n’est pas seulement un marin solitaire qui terminera sa route à la barre du LinkedOut, mais bien 80 personnes qui en commenceront une autre, celle d’une nouvelle vie en société avec une dignité retrouvée.

Source : News Tank Sport