EXTRAIT DU MAG : l’Equipe s’offre les 24 heures du Mans et le WEC pour 3 ans

Alors que la 9e saison du Championnat du monde d’Endurance de la FIA (World Endurance Championship, WEC) s’apprête à débuter le 1er mai prochain à Spa-Francorchamps, l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) et L’Équipe viennent d’annoncer la signature d’un partenariat de 3 ans pour la diffusion en clair du WEC et des 24 Heures du Mans. Une bonne nouvelle pour tous les amoureux de sports mécaniques en France. Jérôme Saporito, directeur du Pôle TV du groupe L’Équipe, nous explique l’importance de cette nouvelle acquisition.

Fort d’une expérience de douze ans à la tête du service des Sports de TF1, Jérôme Saporito dirige la chaîne L’Équipe depuis janvier 2019 « avec l’ambition de la rendre encore plus présente dans le paysage audiovisuel français ». Une volonté qui semble déjà porter ses fruits au regard des chiffres d’audience.

« Sur les 3 premiers mois de 2021, nous sommes à un peu plus de 1,6% de parts de marché. Ce qui correspond à une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière et de 30% par rapport à il y a deux ans. » L’explication ? « Un travail de fond avec les équipes, assez peu visible pour les téléspectateurs. On a protégé nos temps forts, à savoir les émissions, "L’Équipe d’Estelle" et "L’Équipe du Soir".

On les a renforcées par petites touches... un peu à la méthode des "Grosses Têtes" sur RTL. » Pour « L’Équipe du Soir » par exemple, qui existe depuis une quinzaine d’années, la chaîne a régulièrement ajouté « de nouveaux ingrédients », « de nouveaux visages ». « Tout en gardant l’ADN de l’émission. » C’est à dire ? « C’est une émission de potes. Une sorte de récréation avec des spécialistes qui parlent de foot sérieusement sans se prendre au sérieux. » Pour « L’Équipe d’Estelle », même stratégie.

« Avec un style plus proche du divertissement... et des rubriques bien identifiées, à l’instar de « La Petite lucarne ». » La recette est donc simple : protéger ce qui fonctionne, puis densifier le contenu et mettre en valeur. « Pour donner de la force aux programmes, et à la chaîne en général, il faut faire en sorte que le téléspectateur comprenne et repère mieux les rendez-vous. Si vous y parvenez, les résultats d’audience s’en ressentiront aussitôt. »

Mais revenons à nos moutons ! Ou plutôt à nos voitures... Le contrat, qui prend effet dès la saison 2021 et couvre les saisons 2022 et 2023, est un contrat global et va permettre à tous les fans d’Endurance de profiter d’une couverture maximale de la discipline, dont la mythique épreuve des 24 Heures du Mans.

« Nous étions déjà diffuseur depuis quelques années du Championnat du monde d’Endurance de la FIA (WEC). Mais nous n’avions pas Le Mans. Quand je suis arrivé à L’Équipe, j’ai regardé notre portefeuille de droits et j’ai vite compris que le WEC sans Le Mans, c’était une erreur. C’était vraiment dommage. Il fallait tenter d’y remédier. Le Mans, c’est l’épreuve phare que l’on met en vitrine. Celle qui brille le plus. »

Dès lors, Jérôme Saporito monte un dossier, qu’il présente à Pierre Fillon, président de l’ACO. « Nous avions de vrais atouts. Nous sommes L’Équipe. Donc nous avons une certaine force de frappe. Et la possibilité d’embarquer le WEC sur tous nos supports (d’abord sur la chaîne, forte de l’expertise de sa Rédaction ; ensuite sur le site internet L’Équipe, très puissant, qui enregistre 3 millions de visiteurs uniques par jour, NDLR).

Je trouvais intéressant pour un ayant droit de bénéficier de cette visibilité-là. » Un partenariat global, qui fait sens et qui s’inscrit dans la continuité d’une longue tradition... Un partenariat « gagnant-gagnant » qui a su séduire ACO.

UNE CINQUANTAINE DE JOURNALISTES MOBILISÉS POUR LA CHAÎNE L’ÉQUIPE TV

Avec l’arrivée de la nouvelle catégorie Hypercar cette saison, qui verra batailler en piste à l’horizon 2023 des constructeurs tels que Ferrari, Porsche, Toyota, Audi, Glickenhaus ou encore Peugeot, l’enjeu sportif s’annonce plus palpitant que jamais. Pour l’occasion, L’Équipe sort l’ar tillerie lourde. Une équipe de journalistes sera spécifiquement dédiée au digital, menée par Jérôme Cazadieu, le directeur de la Rédaction, et Emmanuel Alix, directeur du Numérique.

« La chaîne fera vivre le direct. Jérôme et Emmanuel donneront de la profondeur au récit télévisuel. Ils vont rendre compte en temps réel, avec le recul nécessaire à l’analyse. » Au total, une cinquantaine de journalistes seront mobilisés sur la chaîne L’Équipe. « 80, si l’on ajoute l’ensemble des collaborateurs du Groupe impliqués lors de l’événement. »

Au programme également : un « Hors-Série » présentant toutes les voitures mythiques du Mans. « Normalement, le fan devrait trouver son bonheur dans les supports du groupe L’Équipe. » Fin août, dans la Sarthe, la prise d’antenne se fera dès le mercredi matin. « Nous ferons des points réguliers via les émissions, rendrons compte des essais qualificatifs et de la ferveur qui monte.

Le week-end sera intégralement consacré au Mans. Nous n’oublierons pas pour autant de traiter les autres grands événements sportifs... Mais le but, c’est de faire vivre ce grand rendez-vous. » Jérôme Saporito et ses équipes ont pour ambition de couvrir toutes les courses supports des 24 Heures du Mans et de les faire découvrir aux téléspectateurs.

« Sans jamais oublier la dimension populaire de la course, à laquelle je tiens beaucoup. » Il s’interroge : « Quel autre événement sportif en France est capable de réunir 250 000 spectateurs (*) ? Il y en a très peu... Peut-être le Tour de France sur les grandes étapes ? »

La crise sanitaire a-t-elle constitué un frein à la signature du contrat ? La question est posée. « Nous sommes dans une période tellement instable que nous nous devons de prendre des risques. On ne peut pas attendre que cette crise passe et arrêter de travailler. C’est extrêmement important pour une chaîne de sport de se projeter sur l’après. »

La suite ? De nouveaux abonnés ? « On l’espère, oui. Mais il est important de préciser que L’Équipe souhaite avant tout s’adresser aux spécialistes. On élargit le spectre dans un second temps ! » Récupérer cette « course mythique », « c’est une magnifique opération, pour le groupe L’Équipe, qui va dans le sens de l’histoire. Rappelons que nous avons acquis les droits de la Formula E, diffusée depuis une quinzaine de jours.

Auxquels s’ajoutent ceux du Championnat d’Endurance Moto et les 24 Heures du Mans Moto, sans oublier les 24 Heures Camions. Nous sommes dans une bonne dynamique. On ne s’interdit rien... On verra si d’autres opportunités s’ouvrent à nous. »

*100 millions de téléspectateurs et plus de 250 000 spectateurs ont ainsi suivi la 87e édition des 24 Heures du Mans en 2019