Publié le 22 novembre 2021

[Sport Stratégies] EXTRAIT DU MAG : « LE DÉFI TITICACA, MODÈLE D’AVENTURE SPORTIVE, SOLIDAIRE ET ENVIRONNEMENTALE »

10 jours de traversée à la nage avec pour seul refuge un radeau écoconçu et autonome en énergie. Voilà le défi fou que se sont lancé le nageur handisport Théo Curin, l’ex-athlète, Malia Metella et l’aventurier Matthieu Witvoet. Portant l’idéal d’une aventure soucieuse de la planète et respectueuse de l’environnement, ce challenge a reçu le soutien de plusieurs partenaires engagés pour la planète. Focus.

« Ensemble c’est tout », le titre du livre à succès d’Anna Gavalda, pourrait aussi bien être le claim du Défi Titicaca, l’aventure humano­-sportive aux atomes écoresponsables dans laquelle se sont lancés Théo Curin, Malia Metella et Matthieu Witvoet.

Coup d’œil dans le rétroviseur. Nous sommes en 2020, frustré par les inégalités de classification dans sa catégorie de handicap, le nageur Théo Curin décide de mettre ses objectifs olympiques entre parenthèses pour réaliser son propre défi.

Se sentant alors l’âme d’un aventurier, l’athlète se sent prêt à repousser ses limites et se fixe un nouveau challenge : traverser le lac Titicaca à la nage, en totale autonomie. « Après avoir évoqué mes attentes avec mon agent, Anne Bayard, j’ai compris que j’aspirais à braver un défi qui n’avait encore jamais été réalisé, axé autour du partage, confie l’intéressé, en plus de partir accompagné, l’idée était d’y greffer un message environnemental fort. L’écologie est un sujet qui me tient à cœur d’autant plus que je nage désormais en eau libre. Aujourd’hui, on ne peut plus se lancer de défis sportifs sans penser à notre impact sur la planète ».

Le concept bien cadré, le natif de Lunéville ne tarde pas à trouver des oreilles attentives. Quelques échanges, des arguments en béton, et la vice­championne olympique Malia Metella et l’écoaventurier Matthieu Witvoet cèdent à la tentation pour compléter le casting. « Nous formons un trio très complémentaire avec chacun ses spécificités pour former un collectif fort, riche en diversités ».

Une fois constituée, l’équipe n’a pas chômé pour préparer ce challenge au budget de 350 000 euros. Des mois durant, elle a même tout mis en œuvre pour parfaire les contours d’une aventure fédératrice, inclusive, respectueuse de la biodiversité, de l’environnement et des populations locales.

L’ensemble du projet a notamment été pensé avec l’objectif de limiter au maximum les impacts négatifs générés lors de la préparation et de la traversée. L’embarcation autonome en énergie a également été écoconçue tandis que la gestion des déplacements s’est voulue rationalisée.

De plus, l’équipe s’est immédiatement engagée à mesurer scientifiquement et objectivement chacune des actions mises en place en réalisant des études d’impact et un bilan carbone précis qui seront publiés à l’issue de l’épopée.

Pour l’aider dans cette démarche, elle a fait appel à 2 agences spécialisées : Herry Conseil et Ekodev, qui accompagnent au quotidien des entreprises et organisations dans leur démarche RSE et leur transition écologique et solidaire.

« C’est un challenge de fou pour lequel tout a été pensé pour léguer un héritage positif », clame Théo Curin.

Des partenaires totalement impliqués 

S’inscrivant dans la lignée des aventuriers sportifs, il a souhaité porté un message engagé et très puissant. Suffisamment pour mobiliser des partenaires engagés, à l’image d’EDF, partenaire historique de l’athlète. Le Groupe qui partage les valeurs du sport est aussi soucieux d’œuvrer en faveur de l’environnement, et n’a pas hésité à souscrire à cette aventure.

« Théo a été moteur. C’est un membre très apprécié du TEAM EDF, et nous avons rapidement adhéré à son idée lorsqu’il est venu nous solliciter. L’approche écologique et la dimension humaine nous ont parlé, car ce sont des enjeux que nous portons dans notre groupe », indique Olaf Maxant, délégué Innovation d’EDF.

En complément de son soutien financier, le Groupe a souhaité être acteur, en
mettant à disposition du Défi ses équipes de la Direction de l’Innovation et R&D, lesquelles ont imaginé et développé un prototype de radeau écoconçu et autonome répondant parfaitement au cahier des charges de l’expédition.

Présents tout au long des phases de préparation, ils ont ainsi pu faire évoluer l’embarcation au fur et à mesure des tests, selon les besoins des nageurs. Ils ont aussi dû prendre en compte les contraintes écologiques fortes, en utilisant en grande majorité des matériaux issus du réemploi : cuvette des toilettes, bâche de rangement, tente de toit et, surtout, les coques, élément principal de l’embarcation, qui proviennent du catamaran de l’équipe Plastic Odyssey (un bateau à moteur propulsé aux déchets plastiques) qui n’était plus utilisé.

« Ce projet est un peu un laboratoire pour tester de nouvelles technologies. Ce fut aussi l’occasion de le mettre à profit en matière de dimensionnement énergétique. Ce ne fut pas de tout repos, il a fallu imaginer une embarcation tractable capable d’exploiter des énergies renouvelables pour réchauffer l’équipage », précise Olaf Maxant, avant d’ajouter, « nous avons travaillé
sur toutes ces problématiques pendant plus d’un an, et je dois dire que cet exercice a vraiment motivé nos équipes. Ce fut extrêmement excitant
d’apporter notre pierre à l’édifice ».

EDF n’est pas seule dans cette aventure, d’autres marques ont été conquises par le projet, à l’instar de Simmons, entité spécialisée dans la literie. Simmons, engagée pour la préservation de l’environnement, a été séduite par ce défi qui s’imbrique parfaitement dans sa stratégie de marque. « Je suis tombé par hasard sur une sortie médiatique de Théo Curin qui présentait son projet, et j’ai trouvé ça dingue. J’ai vite senti que cette aventure matchait avec notre philosophie et la façon dont nous concevons des matelas.

En effet, depuis 2019, nous nous positionnons sur des produits recyclés écoresponsables et sur l’innovation… Il nous a donc semblé pertinent de soutenir ce projet en totale cohérence avec la direction sur laquelle la marque est déjà engagée », explique Anne­ Laure Dron, directrice marketing d’Adova.

Conséquence de cette collaboration, Simmons a mis à disposition trois matelas composés de matières 100 % recyclables et issues de composants à 70 % recyclés. De plus, pour être en totale adéquation avec l’esprit du défi, les matelas ont été allégés au maximum pour ne pas alourdir l’embarcation tandis que chacun des produits a été adapté aux besoins et problématiques de
chaque sportif : un matelas composé de ressorts et de matériaux recyclés pour Malia, un autre en fibres recyclées pour Théo et Matthieu.

Au demeurant, outre EDF et SimmonsUnileverTikehau CapitalPum & TenCate Aquavia et APF France Handicap ont également souhaité s’associer à cette démarche écologique et solidaire en apportant, pour certains, leur expertise et leur savoir ­faire.

Une émulation totale dont se réjouissait Théo Curin quelques jours avant le départ, « c’est fantastique d’être accompagné par de tels partenaires aussi engagés ».

Des actions concrètes sur place

Au­ delà de la prouesse sportive, les 3 nageurs ont souhaité agir directement sur place. Après de nombreux échanges avec des associations locales en amont du Défi, l’équipe avait constaté qu’il y avait un vrai besoin de mettre en avant des solutions contre la pollution des déchets plastiques dans le lac.

C’est pourquoi les nageurs profitent de leur passage pour apporter leur soutien aux populations et associations locales luttant contre la pollution du lac et participant activement à la préservation de la biodiversité. En parallèle, soucieux de laisser un héritage local, le Défi Titicaca aide au financement d’actions permettant d’éviter que les déchets soient brûlés ou jetés dans le lac Titicaca.

Ce soutien permettra également la formation des acteurs locaux sur ces sujets et la mise en place d’un système de collecte de déchets ­aujourd’hui inexistant. Autre engagement notoire : la gestion du rationnement. Depuis le début de la traversée, outre l’exploit sportif, les trois compères s’efforcent d’utiliser à 90% de la nourriture lyophilisée, laquelle est conditionnée en vrac dans des sachets en silicone réutilisables.

Toujours dans une démarche écologique, chacun s’est fait la promesse de n’utiliser aucun plastique à usage unique et notamment aucune bouteille d’eau. En effet, jusqu’à la fin de leur périple, les nageurs n’exploiteront que l’eau du lac qu’ils filtrent pour s’hydrater mais également pour l’ensemble de leurs besoins.

Pour beaucoup, la crise que nous traversons est disruptive, et représente une opportunité de changer de modèle de consommation et d’exploitation de notre planète. La prise de conscience est réelle, mais les actes ont encore du mal à prendre le relais. Peut-­être que cette expérience originale permettra d’attiser la flamme écologique pour concerner le plus grand nombre.

Une chose est sûre, Théo Curin sait qu’il peut être prescripteur, et ne s’interdira pas d’échafauder d’autres projets pour transmettre ses messages : « Nous avons la chance d’être écoutés par les médias, j’ai donc le devoir d’utiliser ma notoriété pour toucher le plus grand nombre. Ce défi est extraordinaire, mais je ne compte pas m’arrêter là, j’ai plein d’autres idées en tête ».

Alexis Venifleis

 

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