Avoir conscience du changement climatique c’est bien, agir c’est mieux ! Grâce à la plateforme Mon Match Carbone lancée par Game Earth, les sportifs amateurs et consommateurs de sport peuvent désormais mesurer l’impact carbone de leur activité, pour ensuite changer leur comportement. À l’origine de cet outil, Benjamin Adler répond à nos questions.
Sport Stratégies : Benjamin Adler, qu’est-ce que Game Earth ?
Benjamin Adler : Pour faire simple, Game Earth est le premier programme européen de compensation carbone dédié au sport professionnel. J’ai créé ce dispositif à la suite du confinement de 2020 dans le but de transformer le formidable potentiel d’impact positif des acteurs du sport en une puissance collective au service du climat. Pour aller au bout de mes idées, et faire en sorte de véritablement bouger les lignes, j’ai créé un fonds de dotation qui a vocation à abonder des projets vertueux déjà existants, ou alors financer et créer des initiatives avec une association partenaire.
Par ailleurs, via ce fonds, nous souhaitons participer à l’organisation d’opérations BtoB ou BtoC, afin de sensibiliser aux enjeux carbone et climatique, de sorte que l’industrie du sport se prépare aux enjeux durables.
S.S : Le monde du sport se préoccupe-t-il suffisamment des problématiques environnementales selon vous ?
B.A : C’est une question à laquelle je ne peux répondre de façon univoque. Il y a du mieux, c’est évident, certains acteurs sont d’ailleurs très mobilisés face à ces enjeux, mais il faut aller bien plus loin. Aucun n’ignore l’impact de l’industrie sur le climat, mais les initiatives vertueuses sont loin d’être légions. Il faut vite agir, et se questionner sur la façon dont nous pouvons tous œuvrer ensemble pour inciter les pratiquants à changer de comportement.
Les acteurs publics s’emparent de plus en plus de ces sujets, tout comme les marques qui ont compris qu’elles devaient agir, sous peine de perdre des clients soucieux de consommer de façon plus responsable. En revanche, une grande partie des clubs ne se mobilise pas suffisamment, car ils ne se sentent pas menacés par une désaffection de leurs supporters. Leur rayonnement et leur pouvoir prescripteur sont tels qu’ils devraient
plutôt agir comme des locomotives, en entraînant les supporters dans la boucle.
S.S : Votre programme vient par ailleurs de lancer la solution « Mon Match Carbone ». Pouvez-vous expliquer le principe de cet outil ?
B.A : Mon Match Carbone est justement un outil crée et financé par le fonds de dotation Game Earth Funds. Cet outil qui se veut être un simulateur de consommation carbone, s’adresse à tous les français pratiquants et consommateurs de sport, qui souhaite mesurer et réduire l’impact de leur activité. L’idée est de fournir un instrument pédagogique précis qui apporte une consommation globale, et des astuces pour changer ses habitudes.
Ce calculateur en ligne développé en collaboration avec le cabinet BL Evolution, se veut exhaustif, tant et si bien qu’il intègre la consommation sportive au sens large. En se rendant sur le site internet monmatchcarbone.fr, le pratiquant n’aura qu’à suivre un parcours intuitif, en répondant à plusieurs questions qui portent sur sa pratique sportive, sa mobilité, son alimentation et ses équipements, pour évaluer le poids de son impact carbone. Son résultat indiqué, il pourra ensuite agir de façon autonome, ou suivre le guide que nous lui avons préparé.
S.S : Cet outil ne s’adresse donc qu’aux sportifs amateurs ?
B.A : Oui, car il n’en existait pas jusqu’à présent. Les organisateurs et clubs sensibilisés sur les questions environnementales, disposent déjà de leur propre instrument d’audit. En revanche, les fédérations pourraient très bien agir en relais, et inciter leurs pratiquants à se rendre sur notre plateforme pour diminuer leur impact carbone.
S.S : Comment a été accueilli la sortie de votre outil ?
B.A : Ce n’est que le début de l’aventure, mais pour l’heure les échos sont positifs. Les utilisateurs ont été agréablement surpris par notre approche globale, et la simplicité de l’outil. Aussi, les conseils que nous livrons sont très appréciés. Le but est que cette plateforme soit évolutive, nous l’agrémenterons continuellement de nouvelles fonctionnalités de façon à livrer le meilleur accompagnement possible aux sportifs.
S.S : Avez-vous des objectifs chiffrés ?
B.A : Le but est d’abord d’installer notre plateforme dans le paysage, ce qui est loin d’être acquis. Il suffit de constater que la plateforme Nos gestes
Climat, lancée par le gouvernement, est encore sous utilisée par la population française.
Nous devrons donc tout mettre en œuvre pour rentrer dans la culture et nous inscrire dans le quotidien des pratiquants. Pour y parvenir, nous espérons obtenir le parrainage du ministère des Sports, ce qui permettra de relayer notre solution jusqu’aux licenciés, étape cruciale pour qu’ils puissent découvrir et se familiariser avec Mon Match Carbone. Si d’aventure tout se passe comme prévu, j’aime à imaginer que la plateforme soit utilisée par plusieurs millions de pratiquants d’ici Paris 2024.
Propos recueillis par Alexis Venifleis