Chronique. « Closed Loop ». Le panneau est très visible sur la grille. Il se répète tous les 10 mètres. Interdit de passer, et merci de rester dans la « boucle fermée ». A Pékin, les Jeux olympiques d’hiver, qui s’ouvrent ce vendredi 4 février 2022, s’organisent en circuit fermé. Tous les accrédités, athlètes, encadrants, officiels, arbitres, mais également journalistes et volontaires doivent rester entre eux avec l’impossibilité de « sortir » de là où ils sont, sous peine de risquer d’aller contaminer la population locale. Arrivé lundi, je dois évidemment me soumettre à cette stricte règle que l’on nous rappelle régulièrement. Surtout lorsque je m’approche un peu trop près des barrières de sécurité indiquant la limite à ne pas franchir. Des gardes policiers, et du personnel du comité d’organisation ne me perdent pas vue.
« J’étais venu pour les Jeux d’été en 2008, et je sais qu’à coté de l’hôtel il y a de très bons petits restaurants« , regrette ce journaliste de Reuters avec lequel j’ai discuté dans le bus nous amenant, justement, de l’hôtel au centre de presse. Le parking du lieu où je loge est bouclé également avec de grandes barrières masquées par des bâches. Impossible, même, de voir la vie extérieure, exceptée à travers la vitre du bus. Toutefois, à la veille de l’ouverture des Jeux, ce n’est pas la frénésie dans le quartier et les avenues que nous empruntons. A part les affiches, nombreuses, difficile de croire que la capitale chinoise va accueillir ce grand événement mondial demain. Les décorations du nouvel an chinois, et l’entrée dans l’année du Tigre d’eau, sont plus visibles.
Un manque d’enthousiasme certainement dû au fait que la population n’aura pas le droit d’assister aux épreuves. Les compétitions seront réservées à 150.000 personnes : des « invités ». Même le matériel est soumis aux contraintes des règles sanitaires. Ayant un soucis de connexion avec un de mes ordinateurs, je ne peux pas sortir pour aller dans une boutique acheter un petit accessoire à moins de 10 euros. Seule solution la vente on-line : « Oui, bien-sûr vous pouvez vous faire livrer votre commande ici, me rassure le réceptionniste de l’hôtel. Mais il me faudra le numéro de commande et toutes les références afin que l’on autorise la réception du colis, a-t-il ajouté. Ensuite il y aura une procédure sanitaire avant de vous le remettre. Cela prendra un peu de temps« . Autant dire que j’ai renoncé.
Mon réceptionniste, comme tout le monde dans la boucle fermée, doit suivre les règles. Même les volontaires. Derrière le centre de presse, à Pékin, des structures éphémères, des Algeco locaux, ont été installées pour y loger les bénévoles travaillant sur le site. Dans le petit parc, jouxtant l’immense centre où est installé la presse, des roulottes en bois accueillent le personnel chargé de l’entretien du jardin. C’est aussi le cas à l’hôtel, où tout le monde dort sur place. Et puis, ces volontaires, auront aussi une quarantaine à observer après les Jeux. Du coup, certains participants, ceux enchaînant Jeux olympiques et paralympiques quinze jours après, pourraient cumuler près de 4 mois d’absence de leurs foyer. Les athlètes ne sont pas les seuls à devoir garder le moral.
Bruno Fraioli
(c) SportBusiness.Club Février 2022