« Aujourd’hui, tout le monde cherche à faire comme “Drive to Survive” (série documentaire sur la Formule 1 distribuée par Netflix), même quand ce n’est pas adapté. Il faut que chaque sport réfléchisse au bon format de narration, à ses besoins et aux moyens mis en place. C’est une opportunité pour les sports d'être racontés différemment, plutôt que d’avoir le simple résultat sportif du lundi matin », déclare Cyril Abiteboul, directeur général de CDK Technologies et ancien directeur général de l'écurie de Formule 1 BWT Alpine F1 Team, à l’occasion du festival « Demain le Sport » organisé à la Maison de la Radio et de la Musique à Paris (XVIe), le 22/09/2022.
Il intervient aux côtés de Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, et de Paul Martin et Yann Le Bourbouach, producteurs associés de Quadbox (joint-venture entre Quad et Box to box Films, la société de production à l’origine de Drive to Survive), dans le cadre d’un échange intitulé « Plateformes, réseaux sociaux : une nouvelle façon de raconter et de consommer le sport » et animé par Gilles Tessier, journaliste à France Télévisions.
« En regardant “Drive to Survive”, tout le monde s’est dit : “j’aimerais bien faire ça chez moi, dans mon sport.” C’est totalement complémentaire de l’actualité et du direct. La série sur le Tour de France sortira au printemps, avant le Tour de France 2023 et juste avant l’anniversaire de ses 120 ans. Cela fait partie de l’évolution du Tour. Il y a eu la radio, la télévision, et maintenant la série », indique Christian Prudhomme.
« Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir faire des documentaires. Ce n'était pas possible de faire un documentaire comme “Drive to Survive” il y a dix ans. Pour le Tour de France, nous avons vu tous les moyens mis en place par France Télévisions sur le direct. Pour notre part, nous essayons d’aller un peu plus au cœur du peloton, d’immerger le spectateur le plus possible parce que nous avons le temps », explique Yann Le Bourbouach.
« Il y a des sports un peu moins médiatiques qui nous intéressent pour ce développement narratif » (Y. Le Bourbouach, Quadbox)
• « La complémentarité du direct et de ce genre de programme fait que nous allons chercher des personnages. Notre travail est de raconter des histoires. Nous n’allons pas faire la même chose avec le Tour de France que ce que nous avons fait avec “Drive to Survive.” Ce que fait la Formule 1 dans la diffusion des Grands Prix n’est pas ce que fait France Télévisions dans la diffusion du Tour de France.
• Quand nous réalisons une série comme celle-ci, nous essayons de mettre en perspective le parcours de l’athlète. Il est légitime de pousser à la dramatisation. Il faut beaucoup de pédagogie auprès des coureurs pour leur expliquer cela. Il faut savoir gagner leur confiance et leur faire comprendre que nous ne sommes pas là pour les piéger. Chaque personnage est traité différemment.
• Dans l'écosystème du sport, il y a un terrain formidable pour nous, que ce soit dans le management ou dans le sportif. Il y a des sports un peu moins médiatiques qui nous intéressent pour ce développement narratif. Il y a plein d’autres sports où nous pourrions faire différemment que ce que nous faisons avec “Drive to Survive” ou le Tour de France. »
Yann Le Bourbouach, producteur associé de Quadbox, le 22/09/2022
« Il n’y a pas un sport qui ne rêve pas d’avoir sa série Drive to Survive » (C. Abiteboul, CDK Technologies)
• « Il y a un avant et un après “Drive to Survive” pour la Formule 1, qui était un peu en perte de vitesse médiatiquement. La série lui a donné un coup de projecteur énorme, ce qui a permis de montrer tous les enjeux à la fois politiques et techniques. Cela a donné un nouvel élan en France, en Europe et dans le monde. La façon de raconter change le produit qui est raconté. C’est tout l’intérêt de ces nouvelles plateformes.
• Il n’y a pas un sport qui ne rêve pas d’avoir sa série “Drive to Survive” parce que c’est transformatif sur la chaîne de valeurs. Nous finissions par avoir des sponsors pour les équipes de Formule 1 car il y avait la série. C'était un nouveau marché, avec une visibilité.
• Un des facteurs de succès de “Drive to Survive” , c’est l’intelligence de faire une équipe ultra réduite de deux personnes pour capter toutes les images. Ils ont réussi à réduire leurs besoins. Ils étaient habillés comme nous. Tout ceci va s’améliorer probablement pour créer un peu plus de proximité via les technologies VR ou la réalité augmentée, mais cela passe aussi par les personnes qui vont créer une intimité avec l'équipe qu’ils vont suivre.
• “Drive to Survive” permet d’avoir une présence médiatique pour toutes les équipes, c’est ça qui est intéressant. Il y avait une parité de traitement. C’est une opportunité pour les ambassadeurs et les pilotes afin de faire exister sa propre narration et ses enjeux.
• Aujourd’hui, les athlètes ont aussi la capacité de faire leur narration eux-mêmes. N’importe qui peut faire son propre média. »
Cyril Abiteboul, directeur général de CDK Technologies, le 22/09/2022
« Ces coureurs vivent quelque chose d’extraordinaire, et j’espère que ce sera mis à la portée de tout le monde grâce à la série » (C. Prudhomme, Tour de France)
• « Que l’on regarde à la télévision, sur son téléphone ou sa tablette, les grands événements sont encore plus forts aujourd’hui. Pour une étape du Tour de France, nous sommes installés dans le canapé, mais chaque étape est une épopée. J’espère le voir, la sentir, tout comme voir les rivalités entre les équipes dans la série.
• On ne peut pas faire mieux que France Télévisions sur l’image. Mais j’attends une amélioration notamment sur le son. A la télévision, nous n’entendons pas le bruit du peloton qui vit, ainsi que les coureurs qui se parlent et crient.
• Nous voulons rendre de l’humanité, retrouver les personnages. Je rêve que nous obtenions de l’Union Cycliste Internationale que les coureurs puissent enlever leur casque dans les arrivées au sommet, pour que l’on retrouve leur visage et l’effort. Ces coureurs vivent quelque chose d’extraordinaire, et j’espère que ce sera mis à la portée de tout le monde grâce à la série en complément total du direct de France Télévisions. »
Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, le 22/09/2022
« Ces séries bénéficient à tout l'écosystème du sport » (P. Martin, Quadbox)
• « Nous n’avions pas idée du succès que la série “Drive to Survive” aurait. Tout le monde nous regardait et nous disait qu’on était fous de vouloir traiter ce sport et le rafraîchir. L’idée était juste de faire la meilleure série possible. Le succès a été une surprise.
• Filmer ne transforme pas la réalité mais la magnifie. L’audience a une attente, et Netflix est une plateforme de divertissement. Quand nous voyons une façon d’améliorer la dramaturgie, c’est fait mais en gardant l’impression d’authenticité. Nous allons plus sur les émotions pour emmener l’audience avec le pilote.
• Ces séries bénéficient à tout l’écosystème du sport, que ce soit les équipes, compétitions, médias, détenteurs de droits. Chacun voit plus de médiatisation, d’intérêt. C’est la leçon principale que j’ai gardé de “Drive to Survive” : en travaillant main dans la main, chacun y gagne et la qualité est au rendez-vous. »
Paul Martin, producteur associé de Quadbox, le 22/09/2022