Publié le 15 décembre 2022

[IMOCA] L’UNESCO et l’IMOCA une histoire qui se prolonge jusqu'en 2025

Les skippers le prouvent en faisant le tour du monde à la voile : nous sommes tous connectés autour d’un seul et même Océan. Cette relation étroite à l’Océan incite depuis plusieurs années les marins IMOCA à coopérer concrètement avec les scientifiques. L’IMOCA et la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI)* de l’UNESCO renouvellent leur accord de partenariat jusqu’en 2025, en étroite collaboration avec le Centre d’opérations OceanOPS**.

Un partenariat de haut vol.. et de longue date 

C’est en 2014, lors de la Barcelona World Race, course en double autour du monde, que l’histoire entre l’IMOCA et la COI-UNESCO a débuté : les huit équipages au départ ont embarqué des instruments océanographiques à déployer pendant la course.

Suite à cette grande première, une convention de partenariat a été signée entre l’IMOCA et la COI-UNESCO en 2015 lors de la COP21 et depuis, près de 80 instruments ont été déployés lors de courses au large.

Ce partenariat vient d’être prolongé jusqu'en 2025. " Nous sommes très fiers. C’est un véritable échange ! " souligne Claire Vayer, coordinatrice des projets sciences pour l’IMOCA. " Les skippers contribuent à leur échelle à des actions de bien commun pour la société et donnent un sens encore plus grand à leur projet sportif ! Ils peuvent aussi parfois être directement bénéficiaires de ce à quoi ils contribuent : en déployant des bouées météo par exemple, ils améliorent leurs propres prévisions pendant la course. C’est une relation gagnante pour tout le monde."

Les IMOCA fréquentent des recoins de l’Océan les plus difficiles d’accès où peu de bateaux croisent et donc peu de données peuvent être récoltées. Les skippers représentent ainsi une véritable opportunité pour les scientifiques.

"Le changement climatique est aussi un changement océanique. Pour comprendre comment l'Océan change, nous devons l'observer, de manière systématique, en utilisant un large éventail d'instruments - dériveurs, flotteurs, navires d'opportunité, animaux… Nous devons aussi nous appuyer sur les efforts d'observation des gouvernements, des universités et de la société civile. Ensemble, nous pouvons mettre en place un système mondial d'observation de l’Océan solide, notamment dans les endroits les plus reculés. Je ne saurais trop insister sur l'importance de l'engagement de la communauté des skippers, ainsi que des agences des Nations unies comme l'UNESCO, afin de relever ce défi majeur qui est inscrit dans le programme de la Décennie de l’Océan des Nations Unies***", confie Albert Fischer, responsable des observations et services océaniques à la COI-UNESCO.

Les IMOCA, “navires d'opportunité”

" Pour la météorologie et l'océanographie opérationnelles, nous savons de quelles données nous avons besoin mais aussi de quelle qualité, résolution spatiale et fréquence. Même si nous disposons d'instruments autonomes comme les dériveurs et les flotteurs, ceux-ci doivent encore être déployés et les navires hors des lignes maritimes régulières jouent un rôle crucial, " souligne Martin Kramp, coordinateur international des navires d’opportunité pour OceanOPS. " Les zones océaniques sous-échantillonnées comme les mers du sud peuvent avoir un impact énorme, car ce sont des zones essentielles pour le climat mais que nous connaissons très mal. C'est pourquoi, nous avons contacté la communauté des coureurs, la seule communauté qui fait le tour de l'Antarctique à intervalles réguliers. "

En collaborant à ces programmes, les IMOCA deviennent des navires d’opportunités et rejoignent le projet Odyssey, porté par OceanOPS et labellisé par la Décennie de l’Océan 2021-2030, proclamée par les Nations Unies en 2017.

" La Décennie de l'océan 2021-2030 est une occasion unique de créer un système mondial d’observation de l'Océan adapté aux besoins de la société. L'objectif du projet Odyssey est de fournir un cadre pour permettre de contribuer facilement à cet objectif. Car, comme la communauté des skippers l’a bien démontré, tous ceux qui vivent et travaillent dans l'Océan peuvent jouer un rôle. Augmentons les efforts de sensibilisation dans les villages de course, la visibilité de la science et de la voile dans les médias, et montrons clairement qu'il n'a jamais été aussi important d'encourager la science citoyenne et les partenariats industriels pour créer l'Océan que nous voulons ", a déclaré Julian Barbière, responsable de la politique marine et de la coordination régionale à la COI-UNESCO et coordinateur de la Décennie de l’Océan.

Une coopération de terrain multi-acteurs 

“ Nous coordonnons et standardisons au niveau international mais ce sont des institutions comme l’IFREMER ou Météo France qui sont les opérateurs et les propriétaires des instruments scientifiques ”, précise Martin Kramp.

Avant chaque course, Météo France étudie le parcours afin d’identifier les besoins de déploiement de bouées dérivantes. Ces bouées d’une vingtaine de kilos permettent de mesurer la température de l’eau mais aussi la pression atmosphérique, une donnée essentielle qui ne peut pas être mesurée par les satellites. Les bouées sont ensuite délivrées sur les villages départ et les skippers briefés par des opérateurs de Météo France sur la procédure et la zone de déploiement. L’objectif est de motiver un maximum de skippers à participer.

Une procédure similaire est mise en place pour déployer un autre type d’instrument : le flotteur Argo, qui mesure des données océanographiques récoltées en profondeur et traitées ensuite par l’IFREMER.

Une collaboration complémentaire s’est mise en place avec l’IFREMER il y a plusieurs années, notamment avec des skippers comme Boris Herrmann et Fabrice Amedeo, qui ont embarqué des capteurs sur leurs bateaux afin de mesurer des données telles que salinité, température de l’eau, CO2 ou encore les micro-plastiques. Les scientifiques de l’IFREMER accompagnent ces projets et traitent les données recueillies pour les intégrer dans des bases de données internationales et open-source.
Un projet de démocratisation de la collecte de données océanographique soutenu par l’IMOCA est actuellement en cours de développement au sein de l’IFREMER. L’objectif de ce projet serait de pouvoir équiper à terme, un maximum de bateaux de compétition de façon simple et légère et aussi de pouvoir élargir cette opportunité de collaboration à la voile de plaisance. Un projet de bon augure pour embarquer de plus en plus de coureurs dans l’aventure !
 
SOURCE : IMOCA