Le groupe M6 n'a pas la réputation d'être dispendieux. Tout achat doit obtenir le feu vert des comptables de l'entreprise audiovisuelle. Et ce fut le cas pour continuer à écrire le feuilleton du football féminin français. Associée à France Télévisions, M6 s'est offert la Coupe du monde féminine de football, qui se joue du 20 juillet au 20 août 2023 en Australie et Nouvelles Zélande, quelques jours après avoir, toujours en binôme avec le groupe public, prolongé avec la Fédération française de football pour ls matchs des Bleues. « C'est la poursuite d'une histoire qui a débuté il y a dix ans, quand W9 retransmettait l'Euro féminin, » justifie Frédéric de Vincelles, le Directeur des sports.
M6 a répondu à deux appels d'offres successifs. Tous deux se sont révélés infructueux et les négociations se sont conclues au gré à gré. D'une part, pour les droits de l'équipe de France féminine, lancés par la Fédération française de football. D'autre part, pour ceux du Mondial féminin sur deux éditions, 2023 et 2027. « Pour les Bleues, c'était naturel pour nous de continuer à les suivre, affirme le dirigeant. Et pour le mondial, la Fifa avait une exigence financière trop élevée alors que les horaires des matchs étaient moins intéressants qu'en 2019, en France. Nous avons discuté, et cherché la meilleure solution ». Ce fut donc ce double “mariage" avec France Télévisions.
Concrètement, pour la Coupe du Monde, le contrat a été passé avec France Télévisions, qui a profité de l'accord signé par l'Union Européenne de Radio-Télévision avec la Fifa. M6 intervient ainsi en sous licencié. Les 64 matchs seront repartis à égalité entre les deux groupes. Les lots seront connus d'ici peu et les offres commerciales suivront. Le prix d'achat global de 10 millions d'euros, au global, réclamé par la Fifa n'a pas été atteint... Mais il serait “légèrement inférieur”.
Un investissement non rentable
« Ce sont de bonnes nouvelles pour le football féminin, qui sera encore mieux exposé, mais aussi pour le public qui profitera de cette diffusion en clair et accessible, promet Frédéric de Vincelles. C'est aussi, in-fine, de bons accords où toutes les parties sont satisfaites et contentes ». Et cela, même si M6 n'espère pas tirer profit économiquement de l'événement. « Non, ce ne sera pas directement rentable, comme d'ailleurs à peu près 100% des investissements sportifs pour une chaine, reconnait le patron des sports. Ce sont des investissements à perte, mais si on a décidé d'y aller, c'est que ce sera un niveau maitrisé de perte ».
Avec ce double accord, Frédéric de Vincelles voit plutôt une forme de pari : « Nous allons tout mettre en œuvre pour développer la promotion du football féminin, et donc faire progresser les audiences, » affirme t-il. M6 entend poursuivre sa stratégie d'opportunité dans le sport. La chaîne a notamment récupéré une partie des matchs de la Coupe du monde de rugby en France qui se joue cet automne. « Nous répondons à chaque appel d'offres que l'on estime significatif et à notre portée, » conclut le dirigeant.
Bruno Fraioli
© SportBusiness.Club Juin 2023