Publié le 19 septembre 2023

[NEWS TANK SPORT] TotalÉnergies : « Si j’avais l’opportunité de devenir sponsor du Tour de France… » (Patrick Pouyanné)

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« Si un jour j’avais l’opportunité de devenir un sponsor du Tour de France, on regarderait cela de très près », déclare Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies, au quotidien L'Équipe, le 14/09/2023.

Cyclisme, Formule 1, Coupe du monde 2023 de rugby, FFR ou encore Paris 2024… Le dirigeant français en poste depuis 2014 fait le point sur les engagements dans le sport du fournisseur et producteur français d'électricité et de gaz. En amont de la Coupe du monde de rugby, compétition disputée en France dont TotalEnergies est un sponsor officiel, le groupe a été pointé du doigt par l’ONG Greenpeace via une « vidéo choc » mettant en scène le Stade de France recouvert de pétrole de TotalÉnergies.

« Greenpeace, ce n’est pas les Français. 75 % des Français disent que notre partenariat avec la Coupe du monde de rugby est légitime (sondage réalisé en août 2023). Nous, on sait ce qu’on fait. Et même si j’avais l’illusion, en 2020, de pouvoir convaincre les parties prenantes de notre bonne foi (pour le partenariat sur Paris 2024), j’ai compris qu’ils ne veulent pas la reconnaître pour des raisons de combats plus idéologiques. Très bien… Ce qui m’importe, c’est le cap qu’on s’est donné, parler aussi à nos clients. Après, j’ai une frustration parce qu’on est le plus attaqué dans mon pays d’origine, où on a notre siège. Mais cela m’embête surtout vis-à-vis de mes salariés. Alors il faut aussi leur donner des temps de fierté comme la Coupe du monde de rugby. D’ailleurs on a acheté 15 000 places pour eux », indique Patrick Pouyanné.

« Il faut faire la distinction avec les crises qu’on peut vivre. Sur l'énergie, il y a un discours au niveau national, du Parlement, des politiques, etc. Mais quand je dis que l’essence ne dépassera pas 1,99 € cette année et même au-delà tant que les prix resteront élevés, les Français viennent dans nos stations. Les polémiques sur la boîte trop riche, qui pollue, en fait ne touchent pas nos clients. Il y a une déconnexion. L’entreprise augmente sa part de marché auprès des stations-service. Sur le marché de l'électricité et du gaz, on a maintenant cinq millions de clients. Et le sport, notamment le rugby, un sport de villes moyennes, peut nourrir ce lien de proximité. On est fier d'être français, même si on se fait taper dessus de temps en temps », ajoute-t-il.


« Nous n’avons pas d’obligation à sponsoriser un événement, c’est plutôt de la bonne volonté. Donc si elle n’est pas bien accueillie, on fait autre chose » (P. Pouyanné, TotalÉnergies)

Automobile. « Je trouvais la F1 assez élitiste »

  • « Quand je suis devenu patron (en octobre 2014), on était dans la Formule 1. Les gens avaient en tête le nom des constructeurs et pas celui du pétrolier.
  • Donc je dépensais plus de 20 millions pour aider le constructeur à faire parler de lui. Je trouvais aussi la F1 assez élitiste. »

Cyclisme. « Il me fallait des sports avec plus de proximité »

Coureurs de la Team TotalEnergies en 2023 - ©  D.R.
  • « Il me fallait des sports avec plus de proximité. On m’a parlé du vélo à cause du Tour de France. Puis on a racheté Direct Énergie et donc récupéré une équipe.
  • Sur une étape des Pyrénées, j’ai rencontré Jean-René Bernaudeau (le manager de l'équipe). Je ne lui ai demandé qu’une chose : ”Pas d’affaire. Sinon le lendemain, vous aurez perdu votre sponsor.” J’avais aussi été très frappé, en suivant l'étape, du nombre de gens avec nos maillots. »

Paris 2024. « On est allé trop vite, on n’a pas vu le calendrier politique »

  • « Pour les Jeux Paris 2024, on est venu nous chercher. Tony Estanguet cherchait quelques grands mécènes privés. Les pouvoirs publics m’avaient aussi demandé de regarder le dossier. 2024, c’est l’année du centenaire de l’entreprise, donc ça faisait sens.
  • Quand c’est passé de 80 à 120 M€, on a commencé à tousser, mais les Jeux Olympiques, c’est universel. Après, il y a eu un quiproquo avec la maire de Paris. Il y avait des élections municipales, elle avait besoin du soutien des écologistes, elle a dit ce n’est pas possible.
  • Alors, dépenser 120 millions - c’est beaucoup d’argent, même pour nous - pour s’entendre dire que c'était mal… En sortant de cet entretien, j’ai dit : regardons la Coupe du monde de rugby, un autre événement national mais dont le sponsoring n’a rien à voir en termes financiers.
  • Et je suis heureux que LVMH soit très bien accueilli (partenaire premium des Jeux depuis le 24/07/2023). Nous avons d’ailleurs échangé parce qu’ils voulaient tirer parti de notre expérience. On en a nous-mêmes tiré des leçons. On est allé trop vite, on n’a pas vu le calendrier politique.
  • Nous n’avons pas d’obligation à sponsoriser un événement, c’est plutôt de la bonne volonté. Donc si elle n’est pas bien accueillie, on fait autre chose. Contrairement à ce que disent certaines ONG, l’entreprise n’a pas besoin de sponsoring olympique pour ses résultats. Ni de la Coupe du monde de rugby. Nous avons envie simplement de contribuer. Et si on ne faisait rien, on me dirait : vous gardez tout l’argent. »

Rugby. « Je ne suis pas totalement convaincu qu’il faille un sponsor sur un maillot d'équipe nationale (FFR) »

  • « Pour la Coupe du monde de rugby, on a sponsorisé le tournoi des quartiers, avec des jeunes de 8 à 13 ans. Je dois rencontrer le nouveau président (de la FFR) et on va proposer de pérenniser cette action.
  • Il y a eu aussi un débat interne pour devenir sponsor du maillot de l'équipe de France de rugby… À la fin, j’ai dit non. D’abord, je ne suis pas totalement convaincu qu’il faille un sponsor sur un maillot d'équipe nationale.
  • Ensuite, c'était évident qu’on allait déclencher une polémique dont je n’ai pas besoin. Je préfère réfléchir avec la Fédération à la poursuite d’actions concrètes. »

    Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, à L'Équipe, le 14/09/2023
 
 
 
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