« Changer d’aréna va constituer une énorme amélioration pour le Paris Basketball (Betclic Élite). Les deux prochaines saisons (2024-2026) seront spécialement importantes pour le club. Ça fait des décennies qu’une aréna de sport n’a pas été construite dans Paris. Cette enceinte sera la meilleure salle de basket de toute l’Europe », déclare David Kahn, président et co-propriétaire du club parisien, à News Tank, le 12/09/2023.
L’ancien président de la franchise de NBA des Minnesota Timberwolves prépare l’arrivée de son club dans l’adidas Arena (8 500 places), nouvelle enceinte installée Porte de la Chapelle (Paris, XVIIIe) dont la livraison est prévue début 2024. Si le Paris Basketball sera le seul résident de cette nouvelle enceinte construite en vue des Jeux de Paris 2024, celle-ci appartient à la Ville de Paris et est exploitée par la SAE POPB, également chargée de l’exploitation de l’Accor Arena (XIIe) et du Bataclan (XIe). Le premier match du club à l’adidas Arena est programmé face au Saint-Quentin Basket-Ball (Betclic Élite) le 11/02/2024.
« La raison principale de son succès sera la proximité du terrain qu’elle offrira aux spectateurs. Beaucoup de salles sont équipées pour accueillir plusieurs sports et sont remplies d’espaces vides. Et elle n’aura pas seulement un impact que sur le monde du sport. La salle sera également la meilleure aréna indoor en matière d’entertainment de tout le Grand Paris. Elle dégagera les meilleures ondes (“vibes”) qui vont donner envie au public de revenir, en particulier les jeunes. Cette aréna a d’ailleurs été conçue en pensant aux jeunes audiences », ajoute David Kahn, qui répond aux questions de News Tank.
- Le Paris Basketball débute la saison 2023-24 de Betclic Élite le 17/09/2023 (coup d’envoi 14h30) avec la réception de la JDA Dijon à la Halle Georges-Carpentier (2 500 places, XIIIe), salle où évolue le club depuis sa création en 2018.
« Deux ouvertures, en février puis octobre 2024, soit deux opportunités de faire venir les gens à l’adidas Arena » (D. Kahn, Paris Basketball)
Qu’attendez-vous de la nouvelle aréna Porte de la Chapelle dans laquelle le Paris Basketball s’installera en février 2024 ?
La salle sera très différente lors de la deuxième ouverture »« Les choses ne seront pas parfaites dans l’aréna lors de nos quatre premiers mois en tant que résident, en février, mars, avril et mai 2024, car les Jeux Olympiques vont occuper l’enceinte durant l’été, et l’organisation n’autorise pas l’affichage de marques dans l’aréna. Nous allons pouvoir afficher notre logo ou encore celui d’adidas sur le parquet ou le tableau d’affichage de score, mais ce ne sera pas le cas partout, notamment dans les couloirs et les espaces de circulation. Cela donnera l’impression que notre installation n’est pas terminée, mais ce sera le cas après les Jeux Olympiques.
C’est pour cette raison que nous aurons deux ouvertures. D’abord, nous aurons une ouverture en février 2024 avec notre premier match face au Saint-Quentin Basket-Ball le 11/02/2024, puis nous ouvrirons à nouveau après les Jeux, en octobre 2024. Ce sera la vraie ouverture de l’aréna pour nous. D’une certaine manière avec deux ouvertures, nous avons non pas une mais deux opportunités de faire venir les gens à l’aréna. La salle sera d’ailleurs très différente lors de la deuxième ouverture.
Comment comptez-vous vous y prendre pour réunir jusqu’à 8 500 spectateurs dans l’enceinte ?
Nous avons déjà enregistré des affluences supérieures à ce chiffre, lors de nos matches délocalisés à l’Accor Arena et à Roland-Garros. C’est la preuve que lorsque nous évoluons dans une enceinte de grande qualité, notre public est au rendez-vous. Et c’est justement l’un des problèmes auxquels nous devons faire face à la Halle Georges-Carpentier : ici, nous ne disposons pas des bénéfices et des infrastructures que nous aimerions proposer à nos fans. Évoluer dans une aréna de première classe va forcément nous aider. Nous nous attendons à ce que l’équipe soit performante et nous espérons aussi créer le buzz tout en continuant à promouvoir le club.
En changeant d’enceinte, vous passez de la Porte d’Ivry (XIIIe) à la Porte de la Chapelle (XVIIIe) et rencontrez un nouveau public.
Nous nous attendons à recevoir beaucoup de supporters n’ayant probablement jamais assisté à un match du Paris Basketball »La Porte de la Chapelle est une partie de Paris où réside un public plus jeune. Nous allons être en mesure de générer beaucoup d’intérêt sur cette partie de Paris, mais aussi peut-être aussi à Saint-Denis, Saint-Ouen, Aubervilliers et même encore plus au nord, car il leur sera d’un coup beaucoup plus facile de venir voir des matches.
En février et en mars notamment, nous nous attendons à recevoir beaucoup de supporters n’ayant probablement jamais assisté à un match du Paris Basketball, parce qu’ils habitent loin de la Halle Georges-Carpentier. En février 2024, nous allons les faire venir pour qu’ils puissent voir un match. Ensuite, nous leur dirons qu’il est temps de prendre un abonnement.
Nous travaillons sur le projet de l’aréna depuis des années. J’ai eu la chance lors de mon expérience à Indianapolis (aux Indiana Pacers, NBA) d’être la personne chargée du développement et de l’ouverture de la Bankers House Fieldhouse (alors appelée Conseco Fieldhouse, inaugurée en 1999). Une nouvelle aréna peut être très attrayante. Les gens ne vont pas seulement venir pour voir l’équipe, mais ils voudront voir cette nouvelle enceinte. Et notre travail sera de nous assurer qu’ils y passent le meilleur des moments afin qu’ils aient envie d’y revenir encore et encore.
L’aréna est centrale dans votre projet…
Les gens ne vont pas seulement venir pour voir l’équipe, mais ils voudront voir cette nouvelle enceinte »Avec mon associé Eric Schwartz, nous ne nous serions jamais lancés dans ce projet si nous n’avions pas pu bénéficier d’une nouvelle aréna. Ici, à la Halle Georges-Carpentier, nous sommes très vite limités : nous ne pouvons pas proposer suffisamment de prestations pour les fans et en tirer des bénéfices. Pour vendre du merchandising, ici, nous installons une table… Dans la nouvelle aréna, nous aurons une boutique officielle dédiée à l’équipe. La promesse d’une nouvelle salle était déterminante pour que nous nous impliquions dans le projet.
Comment votre business model va-t-il être impacté par l’aréna ?
Les ventes de billets et particulièrement les hospitalités VIP vont être extrêmement importantes »Nous préférons ne pas donner de chiffres. Mais dans le futur et avec la nouvelle aréna, les ventes de billets et particulièrement les hospitalités VIP vont être extrêmement importantes dans les premières années pour faire du club une véritable entreprise. Les partenariats seront également très importants, notamment les sponsors maillot. Pour cette saison, nous n’avons pas pour l’instant de sponsor maillot principal. Notre partenaire Snipes de 2022-23 ne sera plus affiché sur la face avant, mais reste un partenaire du club. Nous viserons également à proposer beaucoup plus de merchandising.
Les droits TV et les droits numériques n’ont pas progressé à hauteur de ce que nous escomptions lorsque nous avons créé le club en 2018. En interne, nous avons énormément de pression et nous devons nous assurer que l’expérience de regarder un match de basket soit sans égal, la meilleure que quiconque ait jamais vécue à Paris.
Êtes-vous déçu du nouveau contrat de diffusion conclu par la LNB avec La chaîne L’Équipe et Skweek ?
Nous avions projeté que le montant des droits TV en France serait bien plus élevé »J’en suis très satisfait et je suis persuadé que cela va beaucoup aider le basket français. Mais c’est encore très loin de ce que l’on espérait. Nous avions projeté que le montant des droits TV en France serait bien plus élevé à ce moment-là. Ce n’est pas le cas, et nous allons devoir nous adapter.
Vous connaissez très bien le monde du sport aux États-Unis. Comment percevez-vous le business model du sport en France ? Quels sont ses freins ?
En France, beaucoup de pratiques commerciales dans le domaine du sport sont datées »L'écosystème français du sport business ne récompense pas l’entrepreneuriat à sa juste valeur. Trop de modèles sont quelque peu bloqués dans le passé, à une seule exception, le Paris Saint-Germain (Ligue 1 Uber Eats). Le PSG fait un travail fantastique et il doit être gratifié pour le business qu’il crée pour la ville et pour la France : la billetterie, les partenariats, le merchandising, sa marque… Mais à part le PSG, je ne suis pas sûr que d’autres l’aient compris. Il y a beaucoup de travail à faire. À notre échelle, nous avons besoin d’une nouvelle aréna pour aller plus loin. En France, beaucoup de pratiques commerciales dans le domaine du sport sont datées et n’ont pas encore été adaptées aux tendances actuelles du sport business.
Pensez-vous que les Jeux Olympiques peuvent faire évoluer les mentalités ?
Je ne sais pas, mais en tout cas je l’espère. Certains éléments sont très intéressants. Le COJOP Paris 2024 a par exemple choisi de travailler avec On Location pour la vente de ses hospitalités. C’est une entreprise très importante dans ce milieu, qui va aussi travailler sur la vente des hospitalités de Milan-Cortina 2026 et de Los Angeles 2028. Certains diront qu’ils essaient simplement de faire monter les prix. Peut-être, mais cela va de pair avec l’engagement de fournir une expérience à la hauteur de l’engagement financier, et de fournir la possibilité à tous d’assister aux événements dans de bonnes conditions.
À notre échelle, notre nouvelle aréna n’aura que des bonnes places : tous les spectateurs seront au plus près du jeu. Nous proposerons un certain nombre de sièges bon marché, de sorte que tous nos supporters soient en capacité d’assister à un match du Paris Basketball. »