Interview. Sur le parvis du Palais de Tokyo (Paris), la sono crache un son à faire fuir son "oto-rhino". Pourtant à quelques centimètres du caisson de basses, le handballeur Nikola Karabatic ne semble guère perturbé. Bras croisés, il découvre grand sourire le Toyota Wheel Park, un skate-park éphémère destiné aux personnes en situation de handicap et installé ici par le constructeur automobile japonais dont il est ambassadeur. Après s'être mis un peu en retrait pour entendre nos questions, le triple champion olympique, qui a annoncé sa retraite sportive à la fin de l'actuelle saison, nous a confié comment il avait l'espoir "d'aider le monde"
Pourquoi ce partenariat avec Toyota?
Nikola Karabatic : « Je suis très fier de ce partenariat avec Toyota et de faire partie de leur Team d'athlètes. C'est une marque engagée. Elle est proche du sport depuis très longtemps et a des vertus éco-responsables. La marque essaye de démontrer qu'au-delà d'être un constructeur automobile, elle pense à toutes les mobilités, celles de demain et notamment des personnes en situation de handicap ».
Quelle est la place des sponsors dans votre carrière ?
N.K. : « Les marques sont importantes dans ma carrière. J'ai la chance d'évoluer dans un sport collectif qui est le handball. Par conséquent j'ai un employeur et je ne suis pas dépendant financièrement des marques pour vivre. Pour autant, les sponsors sont indispensables dans la vie d'un athlète de haut niveau. Nous avons besoin des marques et notamment de celles qui s'engagent. C'est un soutien supplémentaire, et pas seulement financier. Les sponsors offre de la visibilité aux athlètes. Le sport de haut niveau sans partenariats privés, c'est impossible »
Vous avez annoncé votre retraite sportive à l'issue de la saison 2023/2024. Comment l'appréhendez vous ?
N.K. : « Le plus important c'est psychologiquement. Si ce plan là est maitrisé, c'est bon Le fait d'avair annoncé ma retraite sportive en début de saison me permet de profiter pleinement de ces derniers mois de compétition. Je suis actuellement en train de faire le deuil de cette première partie de vie. Cela me permet aussi de me projeter d'ores et déjà sur mon futur, et ma deuxième vie. Je sais que je vais continuer à travailler avec certains de mes partenaires. Par exemple, avec Toyota nous réfléchissons à comment faire évoluer notre collaboration quand je ne serais plus sur les terrains professionnels. Je commence par ailleurs à investir dans des start-up à dimensions éco-reponsables et societales »
Justement, quels sont vos projets professionnels pour l'après-carrière ?
N.K. : « J'ai plusieurs choses en tête. D'abord, j'ai monté des stages de handball avec mon frère [NDR: Luka Karabatic].
Je souhaite transmettre ma passion pour le sport et le handball aux jeunes filles et garçons. J'ai également débuté une carrière de consultant avec Canal. C'est quelque chose que je souhaite poursuivre. l'espère aussi continuer à travailler au sein du PSG Handball, que ce soit à la fondation ou en tant qu'ambassadeur. Comme précédemment évoqué, je travaille sur des projets d'investissements en phase avec mes valeurs et ma vision du monde de demain ».
De plus en plus d'athlètes se reconvertissent dans l'investissement. Quel est votre regard sur ce phénomène ?
N.K.: « Investir dans la "tech c'est prendre des risques. Il faut avoir d'importants moyens financiers. Pour être honnête, il faut être footballeur si l'on se le permettre. De mon côté, ce n'est pas l'investissement financier qui me plait.
Ce qui me parle, c'est plutôt l'investissement qui aura un impact socio-écologique. Tout au long de ma carrière, je me suis demandé ce que je pouvais faire contre le réchauffement climatique. Outre donner de l'argent à des associations, prêter mon image à des causes, cette solution est venue à moi. C'est ce prisme qui m'intéresse. Je veux aider des start-up qui apportent des solutions concrètes pour le climat. C'est ma manière d'aider le monde ».
Entretien : Titouan Laurent
© SportBusiness.Club Octobre 2023