« Dans cette dynamique de médiatisation du sport féminin et de la parité, c’est intéressant de proposer dans la même enceinte, le même jour, un match masculin et un match féminin. Cela peut donner l’envie aux spectateurs habitués à voir un match de Liqui Moly StarLigue d’assister à un match de Ligue Butagaz Energie, et vice versa », déclare Florent Houzot, directeur des programmes et de l’antenne de beIN Sports France, à News Tank, le 29/03/2023.
« Nous avons déjà réalisé cette initiative en 2018 à la Halle George-Carpentier (3 900 places, Paris XIIIe) où nous avions proposé le match Paris 92 Hand - Neptunes de Nantes (Ligue Butagaz Energie) à 18h30, suivi du match US Ivry Handball - Paris Saint-Germain (Liqui Moly StarLigue) à 20h50, le mercredi 29/03/2018. L’idée était de créer un événement qui optimise le remplissage des tribunes, assure un spectacle plus long et mutualise une captation. C’était une belle opération, tout le monde était content et avait joué le jeu. »
« Je suis convaincu que nous allons réussir à réaliser cette opération plus d’une fois par saison sur beIN Sports. La LNH et la LFH vont revenir vers nous avec des pistes et des matches que nous pourrions éventuellement organiser dans une même salle pour pouvoir se projeter sur le calendrier », ajoute Florent Houzot, qui répond aux questions de News Tank.
« Il ne faut pas hésiter à événementialiser ou délocaliser les événements de temps en temps » (F. Houzot, beIN Sports France)
Pouvez-vous présenter l’initiative mise en place avec les différentes instances du handball, à savoir la réunion d’un match féminin et d’un match masculin dans une même enceinte sur une même journée ?
« Nous réaliserons encore une double opération handball le samedi 22/04/2023 à Toulon »Aujourd’hui, avec la thématique de la médiatisation du sport féminin, c’est l’occasion. Nous avons à nouveau réalisé cette initiative en mars 2023 avec la diffusion des matches FC Girondins de Bordeaux - AS Saint-Étienne (Ligue 2 BKT) et Bordeaux - Paris Saint-Germain (quart de finale de Coupe de France féminine), le samedi 04/03/2023. Nous réaliserons encore une double opération handball le samedi 22/04/2023 à Toulon (Var) avec la diffusion des matches Toulon Métropole Var Handball - Brest Bretagne (Ligue Butagaz Énergie) et Saint-Raphaël Var Handball - USAM Nîmes (Liqui Moly StarLigue).
«L’objet de notre réunion le lundi 20/03/2023 était de présenter la vision et l’ambition de beIN Sports »Pour réussir à faire cela plus souvent, il est nécessaire de se réunir avec les instances du handball. Étant donné que ce sport est diffusé sur les antennes de beIN Sports, il y a une facilité à pouvoir enclencher cette démarche. Il faut étudier les moyens possibles afin d’arranger les calendriers et faire en sorte que plusieurs fois la saison prochaine, nous puissions organiser dans la même salle un match de LFH et un match de LNH. C’était l’objet de notre réunion le lundi 20/03/2023. Le but était de présenter la vision et l’ambition de beIN Sports au président de la FFHB, aux présidences de la LFH et de la LNH ainsi qu’aux directeurs marketing de la FFHB et de la LFH. Une volonté de travailler dans cette optique est très vite apparue.
Comment procédez-vous pour ce type d’opération ?
«Ne pas créer de contraintes pour les clubs »L’action que nous avons décidé de mettre en place très rapidement est d’abord d’identifier des zones géographiques potentielles avec des clubs et des salles où nous pourrions organiser ce type d’opération la saison prochaine. C’est le prochain travail qui va être réalisé par la LFH et la LNH. Il ne faut pas créer de contraintes pour les clubs et trop de déplacements pour eux.
«Il y a la potentielle problématique de la billetterie »En 2018, il y avait uniquement des clubs parisiens à part Nantes qui avait dans tous les cas un déplacement prévu dans la région parisienne lors de cette journée. Il y a ensuite la potentielle problématique de la billetterie. Mais ce sont des choses auxquelles pensent les Ligues et la Fédération. Elles estiment que c’est intelligent et intéressant d’organiser ce genre d’opération avec une dimension événementielle et communication.
Avez-vous un objectif chiffré ?
L’objectif est de faire cette opération plus d’une fois par saison. Nous y arriverons. En faire une par mois la saison prochaine est un objectif ambitieux mais nous pouvons très bien le réaliser sur les prochaines saisons. Ce sera déjà bien si nous parvenons à faire cette opération cinq ou six fois en 2023-24.
Est-ce une opération nécessaire pour diffuser plus de sport féminin ?
«beIN Sports diffuse beaucoup de sport féminin depuis 2012 »Il y a les actions mises en place par les ministères, la communication de l’Arcom et de nombreux discours sur la médiatisation du sport féminin. beIN Sports en diffuse beaucoup depuis 2012. À chaque fois que nous en retransmettons, nous travaillons pour que les conditions de diffusion soient bonnes, avec une belle programmation et une belle exposition. beIN Sports est largement au-dessus des 5 % du volume horaire du sport féminin dans les retransmissions sportives communiqué par l’Arcom. Nous ne sommes pas loin des 20 % en fonction des saisons.
Nous diffusons plus de 1 400 heures de sport féminin en direct par an et plus de 2 000 heures avec les rediffusions. Ce chiffre représente presque deux matches par jour. Nous ne voulons pas faire de quotas et dire qu’il faut augmenter les chiffres à tout prix. Il faut surtout travailler les conditions d’une bonne diffusion, que ce soit dans la médiatisation de certains sports masculins ou dans la médiatisation du sport féminin.
«À travers cette opération, nous augmentons la diffusion du handball féminin sur beIN Sports »Nous avons été remerciés par les entraineurs des deux équipes lors de la diffusion du quart de finale de la Coupe de France féminine Bordeaux - PSG le 04/03/2023. Ils nous ont remerciés parce que beIN Sports permettait aux joueuses d’évoluer sur une pelouse digne de ce nom. C’est là qu’il faut travailler et ne pas seulement dire qu’il faut plus de sport féminin. À travers cette opération initiée avec les acteurs du handball, nous augmentons la diffusion du handball féminin sur les antennes de beIN Sports. Nous retransmettons plus de 160 matches de handball masculin et féminin par an sur nos antennes.
L’objectif est donc d’améliorer les conditions de diffusion du sport féminin ?
«En faire un peu plus avec des meilleures conditions de diffusion »
Si nous pouvons en faire un peu plus avec cette opération, alors c’est une bonne stratégie. Nous essayons d’en faire un peu plus avec des meilleures conditions de diffusion. Quand nous avons diffusé Olympique Lyonnais - FC Fleury 91 (demi-finale de Coupe de France féminine) avant le match OL - FC Nantes (Ligue 1 Uber Eats) le 17/03/2023, les tribunes n’étaient pas autant remplies que nous l’espérions. Mais le produit télé était de très bonne qualité.
«Certains clubs n’ont pas leur stade ou jouent dans des stades non éclairés »
Nous avons du mal à programmer du sport féminin lorsque nous en avons parce que certains clubs n’ont pas leur stade ou jouent dans des stades non éclairés. Il y a parfois des contraintes. J’aurais aimé diffuser le match OL - Fleury à 20h30 mais ce n’était pas possible car il y avait le match de Ligue 1. Je remercie encore Jean-Michel Aulas (président de l’OL) d’avoir poussé en interne pour l’organisation et la diffusion sur beIN du match de Coupe de France féminine avant le match OL - Nantes.
Le sport féminin n’est aujourd’hui pas diffusé dans de bonnes conditions selon vous ?
«Il n’est pas toujours possible de critiquer les diffuseurs »
Je ne donne de leçons à personne. Je me donne des leçons à moi-même et à beIN. Il faut faire les choses dans un objectif positif. Quand nous répondons à un appel d’offres, qu’il soit pour du sport féminin ou masculin, nous voulons avoir le maximum de conditions pour réussir la diffusion. Il n’est pas toujours possible de critiquer les diffuseurs. Ce que nous essayons de faire, il faut surtout le faire mieux. Et quand ce n’est pas possible de faire mieux, alors nous ne rendons pas service au sport.
«L’opération doit être un exemple »
Pour revenir sur l’opération, cela doit être un exemple. En dehors des discours, voilà les actions concrètes qui permettent à beIN Sports de diffuser plus de handball féminin. beIN Sports retransmet déjà du handball féminin avec l’équipe de France, la Ligue Butagaz Énergie. Organiser deux matches dans la même salle offre des conditions permettant une bonne diffusion du sport féminin sur une chaîne de télévision.
Cette opération semble dépendante du fait qu’il faut un diffuseur commun pour les deux compétitions…
«Nous avons réussi à le faire à Lyon en football, mais ce n’est pas encore aussi simple que si c’était le même diffuseur »Tout est possible. Pour l’opération à Lyon, il y avait deux diffuseurs différents. beIN détient les droits TV de la Coupe de France féminine alors qu’Amazon a retransmis la rencontre de Ligue 1. Nous avons réussi à le faire, mais ce n’est pas encore aussi simple que si c’était le même diffuseur. Quand beIN Sports était l’unique diffuseur à Bordeaux, nous avons utilisé et mutualisé nos moyens. Dans un monde où il faut faire des économies et où l’écologie est importante, nous n’avions alors ramené qu’un seul car. Pour Lyon, deux cars étaient nécessaires mais nous avons mutualisé certains moyens.
«Nous discutons aussi avec la LFH, qui n’a pas de diffuseur en tant que tel »beIN Sports détient pratiquement tous les droits TV du handball avec la Liqui Moly StarLigue et les équipes de France masculine et féminine. Nous discutons aussi avec la LFH, qui n’a pas de diffuseur en tant que tel. Je leur ai dit que la porte était ouverte à partir du moment où il est possible d’offrir sur nos antennes les bonnes conditions de diffusion. Des matches de LFH sont produits sur la plateforme OTT Handball TV. Rien ne nous empêche de diffuser les 10 plus belles affiches de Ligue Butagaz Énergie sur beIN si nous parvenons à bien les programmer. Nous devons nous donner les moyens d’une bonne diffusion, que ce soient les clubs, les diffuseurs, les villes et les stades.
Quelles sont les solutions pour améliorer les conditions de diffusion ?
«Si tout le monde a travaillé en amont, le diffuseur a toutes les conditions pour avoir l’envie de diffuser les matches »Tout le monde a sa part de responsabilité. Si tout le monde a travaillé en amont, le diffuseur a toutes les conditions pour avoir l’envie de diffuser les matches. Nous voulons retransmettre des événements qui donnent envie d’être regardés. Quand le téléspectateur regarde la NBA ou la NFL, c’est un spectacle. Il n’a pas envie de regarder un événement où il n’y a pas de lumière ou avec un parquet de mauvaise qualité. Depuis que nous avons commencé à diffuser le handball en 2014, des clubs ont bénéficié d’une nouvelle salle ou de travaux de réaménagement. Plusieurs salles de LNB, championnat que nous diffusons depuis plus d’un an et demi, sont très bien remplies. Il y a une attractivité.
«Les délocalisations de la LNB ont très bien fonctionné »Il ne faut pas hésiter à événementialiser ou délocaliser les événements de temps en temps. C’est ce qu’a réussi à faire la LNB avec des délocalisations qui ont très bien fonctionné à l’Accor Arena, la Paris La Défense Arena ou Roland-Garros. Le diffuseur ne peut pas être seul responsable. Tout le monde doit apporter sa contribution. Jean-Michel Aulas a pris ses responsabilités en réalisant son travail de dirigeant qui développe à la fois son club, un stade et en même temps les sections masculine et féminine. Ce n’est pas le cas de tous les clubs.