Publié le 13 mars 2024

[NEWS TANK SPORT] Her Game Too : « Fournir aux clubs des solutions pour lutter contre le sexisme au stade » (A. Morel)

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« Nous allons à la rencontre des clubs pour leur fournir des solutions et les aider pour lutter contre le sexisme au stade. Cela passe par exemple par un petit QR code dans les toilettes des femmes pour signaler un comportement ou un incident, que nous partageons ensuite au club. En plus d’une discussion et d’une stratégie commune, ces partenariats impliquent des opérations marquantes, comme celle de l’AS Saint-Étienne (Ligue 2 BKT) qui remplacera le flocage du nom des joueurs par celui d’Her Game Too le 09/03/2024. Nous voulons rendre le public curieux », déclare Anoush Morel, présidente de la branche française de l’association Her Game Too, à News Tank le 05/03/2024.

« Le partenariat avec la Ligue de Football Professionnel à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes implique une grande campagne vidéo, tournée avec des vraies supportrices, représentant plusieurs équipes. Cette campagne, c’est juste des choses normales qui se passent dans un stade : une discussion mercato, des gens qui mangent des frites, des personnes qui soutiennent leur équipe, qui sont déçues par le résultat, etc. Et elle permet de souligner que dans le public, il y a des femmes. Nous avons, avec la LFP, envoyé la campagne aux clubs, pour qu’ils voient comment se l’approprier. S’ils veulent la prolonger après ces deux journées, ils le peuvent évidemment », indique l’ambassadrice de l’association auprès du Paris Saint-Germain (Ligue 1 Uber Eats).

« L’objectif d’Her Game Too est de sensibiliser dans un premier temps les publics de Ligue 1 Uber Eats et de Ligue 2 BKT à la lutte contre le sexisme en tribunes, ce qui est nécessaire puisque plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers mois. Encore beaucoup de femmes ne se sentent pas bienvenues dans les stades, ou mal accueillies, ou ont peur d’y aller seules. C’est une situation non acceptable, puisqu’à contrario elles ne craignent pas d’aller à un concert seules », ajoute Anoush Morel, qui répond aux questions de News Tank.


« D’abord se concentrer sur les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, qui ont la plus forte portée » (Anoush Morel)

Comment est né Her Game Too en France ? 

Her Game Too a été importé du Royaume-Uni par Hadrien Agnew François, qui connaissait une des co-fondatrices au Royaume-Uni. 

Her Game Too fonctionne grâce à des « ambassadrices »…  

Au début nous étions quatre, et désormais nous sommes 12 ambassadrices et déléguées. C’est une action bénévole. Chaque ambassadrice est en lien avec un club, et a également plusieurs déléguées. Chacune gère, au quotidien, les relations avec « son » club. Une ambassadrice peut être rattachée à un club sans qu’il y ait de partenariat. L’ambassadrice va voir le club, lui propose nos solutions, notamment axées selon les incidents que le club a pu enregistrer ces derniers mois. 

L’ambassadrice a cet objectif d’être le petit coup de pouce pour inciter l'équipe à rendre son stade encore plus inclusif et son public encore plus tolérant.

Quel est le but d’Her Game Too ? 

Sensibiliser dans un premier temps les publics de Ligue 1 Uber Eats et de Ligue 2 BKT à la lutte contre le sexisme en tribunes, ce qui est nécessaire puisque plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers mois. 

Encore beaucoup de femmes ne se sentent pas bienvenues dans les stades, ou mal accueillies, ou ont peur d’y aller seules. C’est une situation non acceptable, puisqu’a contrario elles ne craignent pas d’aller à un concert seules. 

Cela s’explique simplement : la culture footballistique a encore la mauvaise étiquette de la culture hooligan, qui est pourtant quasiment absente en France. 

Vous avez noué vos premiers partenariats avec des clubs professionnels : ASSEAJ Auxerre, Toulouse FC…

Nous allons à la rencontre des clubs pour leur fournir des solutions et les aider. Cela passe par exemple par un petit QR code dans les toilettes des femmes pour signaler un comportement ou un incident, que nous partageons ensuite au club.  En plus d’une discussion et d’une stratégie commune, ces partenariats impliquent des opérations marquantes. comme celle de l’AS Saint-Étienne (Ligue 2 BKT) qui remplacera le flocage du nom des joueurs par celui d’Her Game Too le 09/03/2024. Nous voulons rendre le public curieux. 

Concernant Toulouse, c’est une fierté d'établir ce premier partenariat en Ligue 1. C’est le fruit de près de deux mois de discussion, avec une équipe RSE très à l'écoute. Le club est très motivé pour prendre des mesures afin de rendre son stade encore plus accueillant pour les supportrices.

Her Game Too peut aussi mener des initiatives concrètes comme ce sera le cas à Bordeaux dans le cadre d’une collaboration : les joueurs vont porter des maillots d’entraînement avec des noms de femmes abonnées dans le scapulaire.  

Autres collaborations avec l’OGC Nice et le RC Lens (Ligue 1 Uber Eats) : ils ne vont mettre que des escort kids filles et ramasseuses de balles en bord terrain lors de la 25e journée de Ligue 1. 

Nice va également organiser une séance de dédicaces de ses joueuses sur le parvis du stade, tandis que Lens organise un colloque sur la place de la femme dans le football. 

Plusieurs clubs ont un système très développé mais communiquent peu dessus »

Les clubs sont-ils sensibles à cette lutte ? 

Nous sommes en général très bien reçus, et nous les en remercions. C’est aussi grâce à la Ligue, qui porte notre combat. 

Concernant le signalement et le traitement d’abus, plusieurs clubs ont un système très développé mais communiquent peu dessus. Je pense à l’Olympique Lyonnais (Ligue 1 Uber Eats) avec la solution Help OL, qui permet la prise en charge de victimes avec une cellule de police située sous le stade. C’est un processus peu médiatisé mais exemplaire. 

Her Game Too devient également partenaire de la LFP à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes… 

Oui, à l’occasion de la 25e journée de Ligue 1 (du 08 au 10/03/2024) et de la 28e journée de Ligue 2 (du 09 au 11/03/2024). 

Le partenariat implique une grande campagne vidéo, tournée avec des vraies supportrices, représentant plusieurs équipes. Cette campagne, c’est juste des choses normales qui se passent dans un stade : une discussion mercato, des gens qui mangent des frites, des personnes qui soutiennent leur équipe, qui sont déçues par le résultat, etc. Et elle permet de souligner que parmi le public, il y a des femmes. 

Nous avons, avec la LFP, envoyé la campagne aux clubs, pour qu’ils voient comment se l’approprier. S’ils veulent la prolonger après ces deux journées, ils le peuvent évidemment. 

Nous collaborons également à cette occasion avec les diffuseurs, Prime Video et beIN Sports, qui proposeront des focus sur les spectatrices. Prime Video féminisera également son antenne.

Nous aimerions aussi aller voir les clubs amateurs »

Her Game Too se concentre sur les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ?

Dans un premier temps oui car ce sont ceux qui ont la plus forte image et portée, et qui montrent l’exemple. Dans un second temps, nous aimerions aussi aller voir les clubs amateurs. 

Le message doit aussi être porté et approprié par les staffs et les joueurs. 

De nombreuses plaintes ont été déposées ces derniers mois par des supportrices à la suite d’incidents survenus lors de fouilles au corps… 

Le personnel d’accueil est un acteur concret pour le public de football, et il faut l’inclure dans les discussions »

Her Game Too intervient aussi auprès des équipes de stadiers. Cela a déjà été le cas au Roazhon Park du Stade Rennais FC (Ligue 1 Uber Eats). 

Le personnel d’accueil et de sécurité n’est pas un empilement de poteaux dissuasif. Ce sont des acteurs concrets pour le public de football, et les inclure dans les discussions va, je pense, les rendre fiers. Nous espérons que cela leur donnera de bonnes idées, notamment pour élaborer des systèmes de signalement d’abus. 

Quid des chants sexistes ? 

C’est le même sujet, mais nous connaissons les pratiques ancrées dans le supportérisme. Nous aimerions que les supporters se responsabilisent sur ces insultes sexistes, mais cela viendra dans un second temps. 

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