« C’est un très bon moment pour être fan de basket en France. Il n’y a jamais eu autant de pratiquants (la FFBB a enregistré un record historique de 711 000 licenciés en 2022-23) et tous nos indicateurs sont au beau fixe. La France est le premier pays en Europe et au Moyen-Orient (EME) sur le merchandising, le sponsoring, le nombre de membres sur NBA ID (programme de fidélité de la NBA) et le deuxième pays sur la valeur des droits médias (derrière l’Espagne) », déclare Bastien Lacheny, vice president media distribution de la National Basketball Association en Europe et au Moyen-Orient, à News Tank, le 03/01/2024.
La Ligue nord-américaine organisera le « NBA Paris Game 2024 presented by Revolut » à l’Accor Arena (Paris, XIIe arrondissement) le jeudi 11/01/2024 (20 heures HEC). Il s’agit du troisième match de saison régulière organisé par la NBA à Paris après un premier en 2020 et un deuxième en 2023.
La rencontre, qui opposera les Brooklyn Nets aux Cleveland Cavaliers, sera retransmise en clair sur Canal+ ainsi que sur les canaux du groupe de TV payante beIN SPORTS France. Ce dernier détient les droits de diffusion de la NBA en France depuis 2012 et jusqu’en 2024. beIN déboursait un montant estimé à 4,5 millions d’euros par saison pour ces droits sur le cycle 2012-2016, puis à 7 M€ par an sur la période 2016-2020, selon L'Équipe.
« Le contrat actuel avec beIN arrive à échéance au terme de la saison en cours. Des discussions ont déjà commencé. Nous ne lançons pas d’appel d’offres. Nous effectuons uniquement des négociations de gré à gré. Même si nos partenaires ne disposent pas de fenêtres de négociations exclusives contractuellement, nous commençons toujours par avoir des discussions avec eux. Cela a déjà commencé avec beIN qui a exprimé sa volonté de prolonger ses droits. Nous sommes sur un marché compétitif et d’autres diffuseurs potentiels se sont déjà manifestés. Nous étudierons les différentes options, mais nous serions ravis de continuer avec ce groupe », ajoute Bastien Lacheny.
NBA Paris Game, droits médias, stratégie digitale, Victor Wembanyama, marque NBA : Bastien Lacheny répond aux questions de News Tank.
« Victor Wembanyama est le deuxième joueur de NBA le plus regardé sur les réseaux sociaux cette saison avec plus d’un demi-milliard de vues (645 millions), derrière LeBron James (967 M) » (B. Lacheny, NBA)
Quelles seront les activations mises en place autour du NBA Paris Game 2024 ?
Il y aura des activations tout au long de la semaine. Notre département « Basketball Operations » sera sur le pont pour une « Jr NBA week » à laquelle participeront environ 4 000 jeunes joueurs et joueuses, arbitres et coaches.
L’activation principale pour les fans sera la « NBA House » qui sera installée du 10 au 13/01 au Carreau du Temple dans le Marais (Paris, IIIe) avec de nombreuses activations organisées par la Ligue mais aussi par nos partenaires autour de la culture NBA. Elle sera ouverte au public, accessible gratuitement et constituera l’activation principale en termes de fan engagement avec notamment la participation de plusieurs légendes du basketball.
En France, nous avons 21 partenaires marketing. Revolut sera le « presenting partner » du match mais au total ce seront 11 de nos partenaires qui auront des activations spécifiques autour du match : Accor, Foot Locker, Gatorade, Hennessy, Hotels.com, Nike, NBA 2K, La Française des Jeux (via Parions Sport), Revolut, Tissot et Wilson.
Nous avons à cœur d’aider le basket français. Un partenariat entre la FFBB, la LNB et la NBA avait été annoncé en amont du NBA Paris Game 2023. Nous aurons d’autres annonces à faire en janvier autour du match à ce sujet.
La rencontre sera retransmise en clair sur Canal+ ainsi que sur beIN SPORTS France, détenteur des droits TV de la NBA jusqu’en 2024. Etes-vous en discussion pour une prolongation des droits ?
beIN SPORTS France est notre diffuseur depuis 2012. C’est un partenariat qui fonctionne très bien et nous sommes très satisfaits de la couverture NBA proposée par le groupe. beIN diffuse une émission quotidienne sur la NBA. Très peu de partenaires en Europe vont aussi loin, il y a un savoir-faire et une qualité de la couverture média que nous ne sous-estimons pas.
Nous voulions que le NBA Paris Game soit disponible en clair. C’était le cas en 2023 et ce le sera à nouveau en 2024. Notre choix s’est porté sur Canal+, mais nous avons reçu un intérêt de la part d’une multitude de diffuseurs en clair. C’était un processus compétitif et intéressant pour nous. Cela nous a montré l’appétit que les chaînes gratuites pouvaient avoir pour le produit.
Ces discussions ont eu lieu avant l’arrivée de Victor Wembanyama en NBA. Depuis, nous sommes encore passés dans une autre dimension. Le phénomène va bien au-delà des seuls médias sportifs. Et le nombre de demandes d’accès de la part de médias généralistes a explosé.
Le contrat actuel avec beIN arrive à échéance au terme de la saison en cours. Des discussions ont déjà commencé. Nous ne lançons pas d’appel d’offres. Nous effectuons uniquement des négociations de gré à gré. Même si nos partenaires ne disposent pas de fenêtres de négociations exclusives contractuellement, nous commençons toujours par avoir des discussions avec eux. Cela a déjà commencé avec beIN qui a exprimé sa volonté de prolonger ses droits. Nous sommes sur un marché compétitif et d’autres diffuseurs potentiels se sont déjà manifestés. Nous étudierons les différentes options mais nous serions ravis de continuer avec ce groupe.
Les plateformes de streaming comme Amazon ou DAZN ont-elles manifesté un intérêt ?
Amazon détient les droits de diffusion de la NBA au Brésil. DAZN est notre diffuseur en Allemagne et pourrait rapidement arriver sur le marché français. Les plateformes de streaming sont aujourd’hui des diffuseurs à part entière sur le marché du sport. Un acteur qui possède les droits TV de la Ligue 1 et de Roland-Garros sur le marché français doit évidemment être considéré.
Victor Wembanyama constitue-t-il un élément essentiel pour la revalorisation des droits TV en France ?
Un élément encore plus important est la compétitivité du marché et nous avons la chance d’être dans ce cas de figure avec des acteurs multiples. Avoir des joueurs locaux qui brillent est évidemment un plus. Victor Wembanyama s’inscrit dans une tradition française. Il y a aujourd’hui 14 joueurs français en NBA. La France est le troisième plus gros pourvoyeur de joueurs pour la Ligue.
Victor Wembanyama n’est néanmoins pas n’importe quel joueur en termes d’impact médiatique. Lors de la saison 2022-23, nous avions un contrat avec la LNB pour diffuser les matches de championnat de France de Victor sur l’application NBA. Nous diffusions aussi ses highlights sur nos réseaux sociaux. C’était la première fois que nous faisions cela avec un joueur qui n’était pas encore en NBA. Maintenant que c’est un joueur NBA, Victor Wembanyama est le deuxième joueur de NBA le plus regardé sur les réseaux sociaux cette saison avec plus d’un demi-milliard de vues (645 millions), derrière LeBron James (967 M).
L’audience des matches des Spurs est en très forte hausse sur le NBA League Pass (+450 % en France lors de la première semaine de la saison régulière 2023-24 par rapport à la première semaine de la saison précédente). Les Spurs ont enregistré une augmentation de + 67 % de l’engagement sur leurs réseaux sociaux par rapport au début de la saison dernière et ils sont la deuxième équipe la plus vendue en France. L’impact est réel, mais se baser uniquement sur un seul joueur est un modèle dangereux. La marque NBA est plus forte que cela et va au-delà de Victor Wembanyama. Avoir ce joueur est malgré tout un bonus incroyable dans une année de renouvellement de droits.
Quelle est la stratégie de la Ligue pour développer la marque NBA à l’international ?
Nous avons relancé toutes nos plateformes digitales au début de la saison 2022-23. Nous travaillions auparavant avec un partenaire externe et nous étions très satisfaits de la qualité du service et du produit. Mais la partie direct-to-consumer (DTC) est devenue tellement importante et centrale dans notre stratégie que nous avons voulu prendre plus de contrôle sur le produit. Nous avons donc repris la gestion en interne. Cela nous permet de prioriser le développement de façon plus agile et d’avoir la main sur le produit.
Il y a trois éléments :
- l’application gratuite ;
- le NBA League Pass (payant), très important pour nous car il permet de diffuser tous les matches de la saison ;
- le NBA ID, notre programme de fidélité.
Sur ces éléments, nous constatons que la France est l’un des pays les plus importants sur la région Europe et Moyen-Orient. La France est le pays numéro un sur le NBA ID, un des trois plus gros sur le NBA League Pass et un des pays qui enregistre le plus gros volume de vues et d’utilisateurs uniques sur l’application.
Notre stratégie digitale est de continuer à être une marque très forte sur les réseaux sociaux. Nous sommes la plus grosse marque de sport sur ces canaux. Nous avons des fans jeunes et confortables avec les nouvelles technologies. C’est intéressant pour les marques et les diffuseurs puisque la population sur le marché de la télévision payante est vieillissante.
Qu’en est-il de l’utilisation de l’intelligence artificielle ?
Nous travaillons avec WSC Sports (société israélienne spécialisée dans les technologies et l’intelligence artificielle en milieu sportif). Nous avons une ligue très internationalisée, par conséquent les intérêts ne sont pas forcément les mêmes pour tous les fans. Tout le monde veut évidemment voir des contenus de LeBron James ou Stephen Curry. Mais le fan serbe a peut-être envie de voir des actions de Nikola Jokic, le fan grec celles de Giannis Antetokounmpo.
Grâce à l’automatisation et l’intelligence artificielle, nous pouvons éditer automatiquement des milliers de clips vidéo en quelques minutes et les distribuer aux fans selon leurs intérêts ou leur consommation dans l’application. Nous pouvons leur proposer un contenu pertinent en fonction de leur consommation, et cela grâce à l’intelligence artificielle. C’est clé pour nous.
L’organisation de matches dans d’autres pays européens est-elle à l’étude ?
Nous continuerons certainement d’organiser des matches en Europe. Nous avons organisé notre premier match de saison régulière à Paris en 2020, le deuxième en 2023 puis désormais un troisième en 2024. Il faut disposer d’une salle aux normes NBA pour organiser un match de saison régulière. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas eu de match en France pendant un certain temps.
Nous avons aujourd’hui plusieurs salles potentielles. C’est le cas aussi dans d’autres pays. Nous évaluons les différentes opportunités. Il n’est pas impossible que nous revenions à Paris, comme il n’est pas impossible que nous allions dans une autre ville européenne.
Et revenir à Abu Dhabi (EAU) ?
Nous avons une volonté de revenir à Abu Dhabi pour organiser à nouveau des matches de pré-saison. Des matches de saison régulière ne sont pas prévus dans l’immédiat. Voyager au Moyen-Orient en cours de saison, à une période où les matches s’enchaînent, est beaucoup plus compliqué qu’en Europe.
Le trajet New York - Paris représente sept heures de vol en avion. Pour Abu Dhabi, c’est 12h30 de vol et trois heures supplémentaires de décalage horaire. C’est un vrai challenge logistique, financier et nous sommes également très attentifs à la santé des joueurs.
Victor Wembanyama, Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic… La forte représentation des joueurs européens en NBA l’oblige-t-elle à accroître son développement en Europe ?
l y avait 64 joueurs européens en NBA au début de la saison 2023-24. C’est très important pour le marché. Les noms cités sont des joueurs dominants. Ils sont parmi les meilleurs joueurs de la Ligue. Notre stratégie ne dépend pas seulement de cela. Nous avons trois piliers :
- encourager les jeunes à jouer au basket à travers nos programmes comme la Jr NBA (250 000 participants depuis 10 ans en France), les NBA School, les académies ;
- être présent physiquement sur le territoire, avec l’organisation d'événements réguliers, de matches, et l’ouverture de magasins comme le NBA Store à Paris à l’été 2022 ;
- rendre le contenu le plus accessible possible, notamment à travers notre stratégie digitale, avec l’application NBA, le NBA League Pass et le programme de fidélité NBA ID.
Combien de bureaux la NBA possède-t-elle aujourd’hui ?
La NBA possède des bureaux dans 17 marchés à travers le monde : Pékin, Le Caire, Dakar, Hong Kong, Johannesburg, Lagos, Londres, Madrid, Manille, Mexico, Mumbai, Nairobi, New York/New Jersey, Rio de Janeiro, Shanghai, Singapour et Toronto.
Quel bilan tirez-vous du premier « NBA In-Season Tournament » ?
C’est une nouvelle compétition. L’important pour nous la première année était d’introduire le produit et en faire comprendre le format aux fans. Nous avons utilisé beaucoup de marketing pour éduquer le fan. Nous nous sommes appuyés sur nos partenaires. Presque tous nos diffuseurs en Europe ont retransmis les matches de groupes et les matches à élimination directe.
L’audience a été très bonne aux Etats-Unis. L’audience des matches de la compétition a été nettement supérieure à celle des rencontres de saison régulière à la même période en 2022. Nous sommes très satisfaits de la première édition. L’enjeu était de donner un second souffle au début de saison. L’objectif est atteint. Les diffuseurs sont satisfaits puisque les audiences ont été bonnes, les joueurs ont joué le jeu et le retour des fans est très bon.