Le parcours de Sarah Ourahmoune est pour le moins atypique. Championne de France de boxe pour la première fois à 17 ans, elle collectionne les titres avant de mettre sa carrière sportive entre parenthèses pour se concentrer sur ses études. Devenue éducatrice spécialisée, elle remonte sur le ring en 2007 et ajoute un titre mondial et trois titres européens à son palmarès, mène en parallèle de nouvelles études en communication à Sciences-Po et propose des cours de boxe pour femmes avec une halte garderie. Entre 2012 et 2014, elle met à nouveau de côté le sport de haut niveau pour devenir maman et créer l’entreprise Boxer Inside, avant d’effectuer un retour fracassant à la compétition pour se qualifier pour les JO de Rio, où elle sera sacrée vice-championne olympique de boxe anglaise.
Sarah Ourahmoune, en quoi votre vie a-t-elle changé depuis votre médaille d’argent à Rio ?
C’est un retour sur terre un peu particulier. On se dit que ça y est, on a atteint son objectif, on a vécu son rêve et dans le même temps, on change d’identité. Désormais, je ne suis plus boxeuse, le quotidien est totalement différent : pendant vingt ans, ma vie a été rythmée par les entraînements et les matches de boxe et aujourd’hui ce n’est plus le cas. Mais il n’y a pas de nostalgie ou de regrets. En fait, j’ai surtout envie de vite rattraper le temps perdu : ces deux dernières années, c’était très compliqué de gérer la compétition, la famille et le travail. Comme je l’espérais, l’impact de ma médaille olympique m’a beaucoup aidée dans mes projets professionnels. Je n’ai plus à faire du commercial, les clients viennent à moi et ça, ça change tout. Cela a aussi été beaucoup plus facile de trouver des partenariats pour m’aider à développer mon projet de gants connectés, que j’ai relancé après les Jeux. Il y a vraiment un avant et un après Rio.
Pouvez-vous nous décrire vos différentes activités professionnelles ?
Mon premier projet entrepreneurial a vu le jour en 2014. Cette société, qui s’appelle aujourd’hui Boxer Inside, propose différents services aux entreprises : des cours de boxe en entreprise, mais aussi des séminaires ou des team-buildings. La majorité de nos clients sont des PME mais on travaille aussi avec des boîtes plus importantes comme Raja, qui a sa propre association sportive. L’ambiance est assez sympa, quand l’entreprise n’a pas de salle de sport à disposition, on donne des courts dans des entrepôts, des salles de réunion ou des réfectoires après avoir poussé des tables ! Chez notre tout premier client, on a même créé une salle de boxe dédiée. On a ainsi de nombreux clients réguliers, mais aussi des « one-shot » pour tout ce qui est team-building. Dans ce cas, les entreprises font appel à nous une seule fois pour une longue séance d’initiation, suivie d’une session pratique et d’un débriefing. Aujourd’hui, je m’implique exclusivement sur cette partie-là, sachant aussi que les team-buildings peuvent inciter les entreprises à démarrer une collaboration régulière avec nous.
Et pour ce qui est de votre projet de gants connectés ?
Celui-là, on est encore en train de le fignoler, mais c’est pour très bientôt ! Il s’agit d’une technologie qui permet, en enfilant les gants, de mesurer ses capacités de boxeur comme la force et la fréquence de frappe. Cela se traduit sous la forme d’un jeu, baptisé « Jungle Fight », où le participant évolue dans un univers ludique avec des animaux et peut lancer un défi à n’importe qui dans le monde à travers une compétition virtuelle. La concrétisation de ce projet est pour moi un grand aboutissement car ça n’a vraiment pas été facile. Quand l’idée m’est venue il y a plus de deux ans, j’étais partie sur un sac de boxe connecté. Mais après avoir réussi à rassembler des fonds, ça n’a pas bien fonctionné et j’ai fini par jeter tous les prototypes à la poubelle. Ce n’est qu’en septembre dernier, juste après les Jeux, que j’ai tout relancé grâce à de nouveaux partenaires. La première démonstration aura d’ailleurs lieu pendant les Trophées SPORSORA, où les participants pourront enfiler les gants et voir leurs résultats et leur classement s’afficher en live sur un écran !
Ces Trophées SPORSORA, vous en êtes la co-présidente, qu’est-ce que ce rôle représente pour vous ?
Tout d’abord, le marketing sportif est un sujet qui me plaît beaucoup. Quand on fait les JO, on côtoie souvent les annonceurs ou les sponsors et il est intéressant de voir comment ils mettent en place leur stratégie. En ce qui concerne mon rôle de co-présidente, c’est bien sûr une grande fierté ! En tant que sportive et entrepreneure dans le secteur du sport, je connaissais ce concours mais jamais je n’aurais cru pouvoir un jour co-présider le jury. Qui plus est avec Xavier Court, le co-fondateur d’un site aussi populaire que Vente-Privée, j’ai été très impressionnée. C’était passionnant de regarder les différents projets pendant la sélection, il y en avait de très innovants, créatifs, responsables… Cela m’a donné plein d’idées pour mes projets personnels. Et je loue l’initiative d’avoir ajouté la catégorie « startup » pour aider ces beaux projets qui émergent…