Les championnats du monde de surf ISA auront lieu à Biarritz du 20 au 28 mai prochain, retour sur les enjeux d'un événement qui devrait accueillir 500 000 spectateurs sur les plages.
Thomas Remoleur, pouvez-vous tout d’abord, en quelques mots, nous parler du développement du surf en France ?
Le surf est confronté à la même problématique que tous les sports de nature : la nécessité d’expliquer au pratiquant l’intérêt d’être licencié. On compte environ 700 000 pratiquants pour seulement 18 000 licences fédérales et 62 000 licences loisirs ! Pour autant, la fédération obtient de bons résultats sportifs, en alignant des champions et championnes dans les compétitions majeures. Je pense par exemple à Jérémy Flores, Johanne Defay ou Pauline Ado, et il y aussi beaucoup d’espoirs parmi les jeunes. L’intérêt pour ce sport est grandissant et le partenariat avec France Télévisions pour les championnats du monde est une excellente nouvelle, car il va permettre une plus large exposition médiatique.
Quelles ont été les différentes étapes de votre accompagnement de la candidature ?
Le rapprochement avec la fédération française s’est fait en décembre 2015. On avait une relation de confiance avec le président, pour avoir déjà travaillé avec lui par le passé. Lorsqu’il s’est posé la question d’une candidature française pour l’organisation des Mondiaux, c’est assez naturellement qu’il nous a sollicités. Son approche nous a séduite car il souhaitait s’assurer d’avoir les moyens financiers de cette aventure avant de candidater officiellement. La démarche, qui peut vous sembler de bon sens, est plutôt novatrice dans le sport. Dès lors, nous avons accompagné la fédération dans la recherche de partenaires publics dans un premier temps.
Il a fallu ensuite choisir le site, comment s’est déroulée la sélection ?
Avec la fédération, nous avons écrit un cahier des charges très précis, que l’on a envoyé à tous les territoires pouvant être intéressés. Quatre d’entre eux ont répondu : Lacanau, le département des Landes et la communauté de communes incluant Hossegor, l’île de la Réunion et Biarritz-Pays Basque. Après avoir demandé des précisions aux candidats, une commission indépendante a sélectionné deux finalistes, Biarritz-Pays Basque et Hossegor-les Landes. À la suite de leurs auditions, le choix a été fait de retenir Biarritz. cela n’a pas été facile de les départager mais c’était la plus belle candidature, celle qui remplissait le mieux les critères proposés et proposait l’accompagnement humain et financier le plus abouti. Ce site possède de plus un atout important : il y a d’ores et déjà des milliers de personnes qui se baladent devant la plage pour observer les champions faire du surf, ce qui aide à attirer les sponsors et les médias.
L’intérêt d’un tel évènement pour le territoire doit être important, notamment pour l’industrie ?
Effectivement, et c’est justement ce qu’on a voulu expliquer aux industriels du secteur, regroupés dans un cluster, EuroSIMA, qui a vocation à fédérer les entreprises de la glisse à quelques kilomètres seulement des plages de la ville. La fédération a notamment convaincu Quicksilver, la marque la plus emblématique du surf, de devenir partenaire de l’évènement.
Une fois que la France a été choisie pour organiser les Mondiaux, comment avez-vous-procédé, notamment pour votre recherche de partenaires privés et votre communication institutionnelle ?
Le principal problème que l’on a rencontré est que la Fédération internationale a donné très tard sa décision d’octroyer les Championnats du monde à la France, cela n’a été officialisé qu’à l’automne 2016. Avant cette date, il nous été impossible de démarcher des entreprises privées. Ensuite, beaucoup nous ont alors répondu : « C’est très intéressant mais on a déjà bouclé notre budget pour 2017 ! ». Il a donc fallu activer notre réseau et celui de la fédération pour attirer Air France, Quicksilver et Visa.
En ce qui concerne la communication institutionnelle, nous avons surtout fonctionné avec des newsletters envoyées à toutes les cibles de la fédération, tels que les élus du territoire, des parlementaires, le ministère des sports, les cabinets ministériels, les autres présidents de fédération, etc. Nous y avons donné la parole au maire de Biarritz, Michel Veunac, à Tony Estanguet, Co-président de Paris 2024, Denis Masseglia, président du CNOSF, au président du conseil général, ou encore à Guy Forget et Raphaël Ibanez, qui ont parlé de leur passion du surf. Dans le dernier envoi, nous avons notamment démontré la volonté d’écoresponsabalitité de la fédération, en parlant du cadeau que recevront les VIP, à savoir un bracelet en forme de surf, qui donnera lieu à 1€ reversé pour replanter des coraux en Indonésie. Ce système sera reproduit dans la boutique officielle.
Le surf est désormais une discipline olympique, quels ont été vos rapports avec le Comité Paris 2024
Nous travaillons avec eux depuis le début, ils sont toujours été très enthousiastes à ce que la France reçoive cet événement mondial. Nous avons notamment mis en place des actions de communication et leurs représentants ont prévu de venir.
À propos d'Olbia :
OLBIA est une société de conseil spécialisée dans le sport créée il y a trois ans par Pierre Messerlin et Thomas Remoleur, passés tous deux dans les institutions sportives telles que le ministère des sports ou le comité national olympique. Elle accompagne aujourd’hui différentes instances du sport (fédérations, collectivités locales, aménageurs publics) sur des projets de développement, d’équipements ou des évènements. Mandatée par la Fédération française de surf pour choisir le site de sa candidature aux Championnats du monde 2017, Olbia accompagne, depuis, l’instance dans la préparation de l’évènement.
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