Il faut créer davantage de passerelles entre les mondes économique et sportif.
Au lendemain de l’obtention des Jeux de Paris 2024, un grand chantier sur la gouvernance du sport et la performance sportive a été engagé. La ministre des Sports, Laura Flessel, a ainsi confié à Claude Onesta la responsabilité de mener une mission d’étude pour la haute performance sportive, dont le rapport a été rendu public le 30 janvier dernier.
Ancien entraîneur emblématique de l’équipe de France masculine de handball, deux fois champion olympique et cinq fois champion du monde entre 2008 et 2015, Claude Onesta inspire par sa vision du management et sa connaissance du haut niveau. En marge du sujet de performance sportive pure, son rapport soulève plusieurs constats sur l’implication du monde économique dans le sport.
Pour «casser les barrières et s’engager dans une gouvernance associée», le rapport met en avant le projet «Performance 2024» pour rassembler les forces vives du pays autour d’une ambition commune. Comment le monde économique peut-il efficacement s’impliquer et assumer un rôle actif dans la gouvernance sportive ?
Aller plus loin
Le sport est un secteur économique dynamique, qui représente en France 1,8 % du PIB pour près de 37 milliards d’euros. Bien qu’il existe déjà de nombreuses interactions entre le monde économique et le monde du sport, celles-ci se limitent trop souvent à une simple transaction financière, où les entreprises ne sont que des bailleurs de fonds des manifestations sportives et de leurs acteurs.
Le monde économique souhaite aller au-delà de ce simple rôle de financeur et s’engager comme un réel partenaire accompagnant l’évolution nécessaire du monde sportif. Tel que l’encourage Claude Onesta dans son rapport, il s’agit de créer des passerelles pour galvaniser l’enrichissement mutuel des parties prenantes.
Les voies permettant au monde économique d’agir pour et avec le monde du sport sont multiples. Elles se matérialisent entre autres par le sponsoring, le sport en entreprise, ou encore les interventions d’athlètes. La gouvernance partagée des institutions sportives est une autre voie encore trop peu utilisée. Certains acteurs économiques affichent leur volonté d’agir, pendant que d’autres estiment que ce n’est pas leur rôle.
Dans le même temps, le mouvement sportif n’a pas toujours vu ce sujet d’un bon oeil. Or les enjeux actuels poussent à une collaboration des deux parties qui pourrait aider à prévenir d’éventuels scandales qui salissent les valeurs du sport et les marques associées. Il est temps d’impliquer de façon responsable le monde économique dans la gouvernance du sport, afin d’apporter une expertise nouvelle et des compétences précieuses en matière de stratégie et de management.
Deux orientations
Devant la nécessité d’agir, deux orientations sont à privilégier. La première relève d’un contrat moral entre les acteurs économiques et sportifs. Celui-ci permettrait de renforcer l’intégrité des acteurs sportifs et d’assurer le rôle responsable des sponsors, indispensable à une gouvernance efficace et vertueuse.
La deuxième orientation pourrait se concentrer sur les transferts de compétences, encore sous-exploités, entre les entreprises et le monde du sport. L'ex-manager des Bleus mentionne en particulier la vision de la performance, les compétences stratégiques et le savoir-faire en gestion de projet des entreprises.
Fondés sur des valeurs communes, les deux mondes gagneraient à établir des collaborations plus poussées, allant bien au-delà des considérations financières. Les entités existantes s’attelant à réunir les deux mondes peuvent légitimement s’affirmer comme les pierres angulaires de ce renouveau, pleinement impliquées dans le projet de «Performance 2024».
Magali Tézenas du Montcel, déléguée générale de Sporsora
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