Activité physique et sportive, bien-être, relaxation... Non, cela ne correspond pas à un programme de remise en forme mais bien à l’un des facteurs de réussite et de développement d’une entreprise, à savoir la prise en compte de la santé des salariés.
Le 12 novembre 2020, le Sénat a adopté un amendement favorisant la pratique du sport en entreprise en ne la considérant plus comme un avantage en nature. Principal avantage : exonérer de cotisation sociale les différentes initiatives d’un employeur pour développer la pratique physique et sportive au sein de son entreprise (financement de coachs sportifs, mise à disposition d’équipements...).
Si cette disposition législative était tant attendue, c’est qu’elle est l’aboutissement d’un long combat juridique qui aura finalement vu le Gouvernement reconnaitre la nécessité et les bénéfices d’une telle mesure. Elle arrive à point nommé quand il faut dans le contexte actuel lutter contre la sédentarité et la perte de lien social afin de garder les Français en bonne santé face au virus.
Une entreprise qui prend soin de ses salariés, c’est la clé du succès !
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social » qui « ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». À ce titre, l’activité physique et sportive a un rôle majeur et scientifiquement démontré de prévention dans la grande majorité des maladies chroniques qui sont aujourd’hui les principales causes de mortalité dans le monde.
Est-ce à l’entreprise de s’engager sur un tel enjeu ? Oui. Pour assumer ses responsabilités envers ses employés tout d’abord. L’entreprise représente un espace social particulièrement adapté à la répétition de messages positifs et de prévention. La demande des salariés est réelle, en effet plus de 80% souhaitent pratiquer une activité physique ou sportive en entreprise (étude Opinion Way 2016).
Surtout, c’est une vraie garantie de développement pour l’entreprise elle-même. De nombreuses études ont démontré que la bonne santé des salariés coïncidait avec des gains de productivité et de rentabilité pour l’entreprise. Ainsi, un collaborateur sédentaire se mettant à la pratique d’une activité physique et sportive gagne entre 6 et 9 % de productivité (étude GoodWill Management, 2016). La rentabilité nette d’une entreprise dont les salariés sédentaires se mettent à la pratique d’une activité physique et sportive peut, elle, progresser jusqu’à 14 % ! Dans le même temps, l’activité physique et sportive des salariés occasionne une diminution de 32 % des arrêts maladie, soit une économie potentielle de 4,2 milliards d’euros par an (enquête GymLib, 2020). Enfin, une forte baisse de l’absentéisme a été constatée dans de nombreuses entreprises ayant mis en place des programmes d’APS ou de bien-être à destination de leurs employés.
Alors que le Gouvernement, convaincu, s’est enfin décidé à encourager ces initiatives et que le dispositif voté au Sénat pour sécuriser juridiquement la pratique entrera en vigueur le 1er mars 2021, il est temps pour les employeurs de franchir le pas, encore plus face à la situation sanitaire actuelle mettant rudement à l’épreuve la population.
Sport et bien-être : des réponses adaptées aux conséquences de la crise sanitaire sur le fonctionnement des entreprises
Pour de nombreuses entreprises, la durée de la crise sanitaire a pérennisé le développement du télétravail. Si cette nouvelle façon de travailler présente une multitude d’avantages, elle occasionne parallèlement certains effets néfastes, tels que la fragmentation du lien social et un évident risque de sédentarité plus élevé pour les salariés. Afin de lutter contre ces deux effets collatéraux, les nouvelles organisations post-COVID des entreprises peuvent s’appuyer sur l’activité physique et sportive mais également sur des activités de bien-être et de relaxation, de plus en plus plébiscitées par des salariés mentalement éprouvés par l’année écoulée. Conjuguées à la sécurisation juridique de la pratique du sport en entreprise, plusieurs outils sont à la disposition des employeurs. On compte une multitude d’acteurs professionnels de l’accompagnement de la pratique à destination des entreprises. Les offres de cours à distance se sont par exemple beaucoup développées suite aux confinements successifs et beaucoup de ces offres sont directement destinées aux entreprises. De même, plusieurs fédérations sportives proposent des solutions d’accompagnement.
Alors que la méconnaissance de ces outils a longtemps constitué un frein au développement de la pratique en entreprise, il est ainsi désormais aisé de se faire accompagner par une organisation professionnelle.
Si l’offre à distance est une alternative viable, certains freins au développement global de la pratique subsistent néanmoins, notamment pour les TPE/PME qui constituent l’immense majorité des entreprises en France. À la différence des grandes entreprises, elles n’ont souvent pas à disposition des locaux adaptés à la pratique. La solution serait la possibilité de mutualiser les locaux sportifs, en autorisant les entreprises ayant des équipements sportifs à accueillir du public extérieur. Cela implique une évolution du cadre réglementaire.
Dans une période où la question de la sécurité sanitaire n’a jamais été aussi importante, l’activité physique et sportive est essentielle. Si un premier pas salvateur a été franchi suite à l’amendement voté au Sénat, le défi reste conséquent et certains freins subsistent. L’entreprise est ancrée dans le quotidien d’une immense majorité de Français. Lever les freins et démocratiser la pratique en entreprise, c’est l’assurance d’une économie dynamique au sein d’une société épanouie.
Magali Tézenas du Montcel, Déléguée Générale de SPORSORA
Cette tribune a été publiée sur LesEchos.fr le 18/12/2020.