Publié le 04 juillet 2017

L'équipage de MACIF vainqueur de The Bridge

François Gabart et l'équipage de MACIF ont coupé la ligne d'arrivée de The Bridge ce lundi à 13h31 (19h31 en France).

François Gabart et son équipage étaient pressés de voir New York ! C’est en effet avec un peu d’avance sur les prévisions que les six « MACIF boys » ont coupé en vainqueurs la ligne d’arrivée de The Bridge 2017 sous le Pont de Verrazzano, lundi à 13h31’20, après 8 jours 31 minutes et 20 secondes. Joint juste avant d’amarrer son trimaran de 30 mètres à Manhattan, le skipper a confié sa joie d’ajouter une nouvelle ligne à son palmarès avec la Macif.

Comment avez-vous vécu cette arrivée sur New-York ?

François Gabart : « Comme je l’ai vécue l’an dernier, je pourrais dire que je sais comment ça se passe ! Mais à chaque fois, on prend une petite gifle, tellement c’est beau et impressionnant. J’ai vécu quelque chose d’extraordinaire avec mon équipe, cette arrivée juste au pied de Manhattan est un vrai plaisir, c’est une belle image qui restera dans ma tête pendant des années. »

Pouvez-vous nous parler de votre émotion de gagner une troisième transat en trois ans sur le trimaran MACIF ?

FG : « C’est une grande fierté et beaucoup de bonheur. Nous avons monté ce projet sans forcément nous attendre à tout ça et nous arrivons à faire de belles choses, que ce soit en solitaire ou en équipage ; nous sommes ravis. C’est une fierté que je partage avec toute mon équipe, tant dans la préparation que dans la réalisation pendant la course. Et je me suis régalé pendant cette course. Malgré un parcours pas simple, malgré beaucoup de près, il y a eu des sensations géniales ; dès qu’on tire un peu la barre, on accélère à des vitesses extraordinaires. »

Que devez-vous au bateau ?

FG : « On ne peut pas séparer le bateau de l’équipage, déjà parce que le bateau a été fait par une partie de l’équipage (Antoine Gautier et Guillaume Combescure ont travaillé sur la conception et la construction, ndlr), et parce qu’en course, ça ne doit faire qu’un. Il faut une symbiose entre le bateau et l’équipage. Nous avons un magnifique bateau, nous avons aussi eu un équipage génial, tout a parfaitement fonctionné ensemble. Après, pour parler uniquement du trimaran MACIF, je suis ravi de ses performances. C’est la première fois que nous naviguons contre IDEC Sport, cela faisait un an que nous n’avions pas navigué contre Sodebo, c’est toujours intéressant de voir où on en est. Les performances du bateau au près sont très bonnes, nous avons presque été surpris par moments d’aller aussi vite ! Cela prouve que tout le travail qui a été effectué sur les appendices, sur l’aérodynamisme, sur les foils, sur la capacité du bateau à être aérien, ont porté leurs fruits. »

L'objectif de The Bridge était aussi de préparer votre tentative de record sur le tour du monde en solitaire en fin d’année, avez-vous appris beaucoup de choses dans cette perspective ?

FG : « Oui, bien sûr, le fait d’être à l’écoute du bateau depuis la table à cartes, de le sentir aller vite, m’a permis de me rendre compte que j’avais encore de la marge : si j’arrive à tourner les manivelles un peu plus vite, ça ne peut qu’aller dans le bon sens, le bateau a encore de la ressource, ça me donne une direction à suivre. J’ai vu qu’il y avait des choses que je ne sais pas encore faire en solitaire, mais si je suis capable de m’en rapprocher un peu, le record peut être battu, même si ce n’est pas le seul paramètre qui rentre en compte. Après, je n’ai pas eu les conditions d’un tour du monde, il va falloir renaviguer dans du portant. »

Vous avez eu pas mal de dorsales et de zones de transition à négocier avec des prévisions pas toujours fiables ; vous avez aussi livré un beau duel à IDEC. Cette course aura-t-elle été stressante pour vous à la navigation ?

FG : « C’était différent de ce que j’avais connu jusqu’ici. Quand tu es en solitaire, comme tu as pas mal de choses à faire sur le bateau, tu fais au plus simple en termes de stratégie : tu te donnes 15 minutes pour faire la nav, tu décides de ta route et tu pars aux réglages. Là, vu qu’il y avait quelqu’un à la barre et aux réglages en permanence, je me suis à chaque fois reposé les questions. J’ai passé énormément de temps à la table à cartes, plus que ce que j’aurais pensé, à imaginer tous les scénarii possibles et il y en a eu beaucoup, vu qu’on a eu beaucoup de transitions et de virements. En plus, quand tu es en tête, tu as plus à perdre que les petits copains derrière, tu jongles beaucoup entre la trajectoire idéale pour ton bateau et celle qui te permet de te positionner entre l’arrivée et les autres. C’est un jeu qui n’est pas facile et demande d’être réactif, il y a eu des petits moments où j’étais étonnamment tendu par la situation, ce qui m’arrive rarement en solitaire, mais au final, c’était un vrai plaisir : j’adore la météo et la stratégie. »

Qu’avez-vous pensé de votre équipage ?

FG : « Ils sont tous ravis d’avoir vécu ça, je vois beaucoup de sourires. C’était aussi un de mes objectifs sur cette course : que tout le monde prenne du plaisir à faire avancer le bateau. Nous nous sommes régalés à faire ça tous ensemble. Chacun est arrivé avec une histoire ou une expérience différente ; certains font du multicoque depuis très longtemps et ont déjà traversé plein de fois l’Atlantique, pour d’autres, c’était la première fois. Au final, nous avons tous fait du bon travail avec plaisir et je suis ravi d’avoir réussi à faire fonctionner tout ça aussi bien. En sport et d’une manière générale, la performance et l’efficacité viennent souvent en se faisant plaisir. »

 

Crédit Photo : Thierry Martinez / The Bridge