Publié le 13 octobre 2021

[SPORT BUSINESS CLUB] NICOLAS DUPEUX (ACCOR ARENA): "LA PROGRAMMATION SPORTIVE REPART FORTEMENT"

Nicolas Dupeux (Accor Arena) : «La programmation sportive repart fortement»

Interview. Directeur général de l’Accor Arena, à Paris, Nicolas Dupeux se réjouit d’additionner bientôt dans son portefeuille la gestion de la future enceinte sportive de la Porte de la Chapelle. Ces deux sites accueilleront des compétitions lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. Das le 12e arrondissement, l’Accor Arena fait sa mue avec l’ouverture d’une nouvelle salle, la “Phantom”, pouvant recevoir 3 500 personnes et un espace de coworking. Nicolas Dupeux indique également qu’une nouvelle recapitalisation est prévue fin 2021.

La première pierre de la future Arena Porte de la Chapelle (18e), construite en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, a été posée mardi 5 octobre 2021. L’Accor Arena en est sera l’exploitant pour 10 ans. Est-ce un enjeu de taille pour vous ?

Nicolas Dupeux : « L’exploitation de cette future Arena est un atout majeur dans le déploiement de notre stratégie d’activité. Notre vision est de faire de ce nouvel équipement le catalyseur de transformation du territoire dans lequel il va s’implanter et de mettre notre expertise au service des publics. Nous aurons ainsi la chance d’exploiter deux sites olympiques, l’Accor Arena et la future Arena Porte de la Chapelle que nous avons baptisé, pour le moment, “La Chapelle District”. Cette dernière, qui accueillera des épreuves de badminton olympique et paralympique, d’haltérophilie paralympique et de gymnastique rythmique est bien plus qu’une aréna. D’une part, c’est un complexe qui sera constitué d’une salle de 8 000 places à 9 000 en jauge maximale, d’un espace événementiel de 3 500 mètres carrés et de deux gymnases. L’un disposera d’une tribune de 1 000 places. D’autre part, il y aura un club résident de basket, le Paris Basketball. Celui-ci y jouera tous ses matchs à domicile. La gestion de ce nouvel équipement est une véritable opportunité pour nous. Notre enjeu est de créer des synergies fortes entre les deux arénas en termes d’exploitation et de services. Dès la première année [l’ouverture est programmée à l’été 2023], une cinquantaine d’événements sportifs et une cinquantaine de concerts seront programmées ».

En attendant l’ouverture de La Chapelle District, comment se porte l’activité sportive à l’Accor Arena après cette période difficile ?

N.D.: « La programmation sportive repart assez fortement. Nous allons accueillir dans quelques jours [les 16 et 17 octobre 2021], le Paris Grand Slam qui célèbre ses 50 ans. Nous avons une capacité de 12 000 personnes mais nous devrions être un peu moins nombreux pour cette édition. En effet, ce rendez-vous mondial du judo se déroule toujours en début d’année et le fait de changer la date modifie le plateau sportif et perturbe les spectateurs. Ensuite, la première semaine de novembre se tiendra le Rolex Paris Masters en tennis. On s’attend à être plein avec un peu plus de 14 000 personnes. Ensuite, nous avons le retour du All Star Game de basket, le 29 décembre, la finale de la Coupe de France de Hockey-sur-glace et le Meeting de Paris Indoor en janvier 2022, puis le 35e festival des Arts martiaux en mars, la finale de la Coupe de France de basket en avril et la finale de la Coupe de France de handball. Ces dates sont en cours de finalisation. Enfin, l’année prochaine, nous devrions avoir un nouveau match de MMA. En octobre 2020, nous avions accueilli le premier combat de MMA en France. L’événement a été couronné de succès malgré une jauge limitée à 1 000 personnes. Tous nos sports traditionnels indoor reviennent et nous continuons notre diversification avec l’e-sport. La Trackmania Cup est programmée en juin 2022. Nous sommes de plus en plus sollicités pour accueillir des compétitions e-sport : les organisateurs recherchent des salles modernes pour des questions de connectivité, mais aussi un mode sport arena. Notre calendrier est aujourd’hui sur un rythme normal en termes de programmation. En revanche, nous sommes dans une phase de montée en puissance en termes de fréquentation. Le contexte général de sortie de crise sanitaire fait que nous avons un temps de mise en vente plus court. C’est difficile encore de se projeter mais le covid-19 semble s’atténuer et les gens reviennent assister aux événements ».

Quelle est votre stratégie dans le sport et votre feuille de route financière après les pertes que vous avez essuyées en raison de la crise sanitaire ?

N.D.: « Le sport représente environ 20% de la programmation, soit 35 événements sportifs sur les 130 annuels [160 sont prévus en 2022]. Notre stratégie dans le sport est de consolider tous les disciplines mythiques (tennis, judo, basket…) et de continuer à être la place d’attractivité des grands championnats du monde. On se bat comme pour une candidature olympique pour accueillir ces événements. C’est ce que nous avons fait pour la NBA il y a deux ans. Nous travaillons main dans la main avec la Ville de Paris pour défendre notre candidature. L’Accor Arena bénéficie de toutes les expertises et de l’amplification de communication de la ville de Paris. Sur le plan financier, nous avons effectivement essuyé des grosses pertes. Compte tenu de notre structure économique, nous avons recapitalisé l’Arena l’année dernière avec nos actionnaires de référence, c’est-à-dire la Ville de Paris et AEG. Cela nous a permis de compenser ces pertes. Une nouvelle recapitalisation est prévue fin 2021. Nous sommes davantage dans la perspective d’assainir nos comptes que de prendre des prêts pour passer cette période ».

Etes-vous déjà dans les starting-blocks avec la perspective des Jeux de Paris 2024 ?

N.D.: « La reprise est forte. On l’attendait depuis des mois. Les équipes sont très enthousiastes. Pour les Jeux olympiques et paralympiques, nous avons les outils, les experts et le savoir-faire pour accueillir des sports qui sont à très forte visibilité : gymnastique, basket et basket fauteuil à l’Accor Arena ; badminton à l’Arena La Chapelle. Nous travaillons actuellement avec le COJO (Comité d’organisation Jeux olympiques et paralympiques) pour répondre au cahier des charges d’exploitation et trouver le meilleur modèle dans une perspective d’héritage pour nos équipements. Nous allons réaliser des investissements, des aménagements, des rénovations et consacrer beaucoup de temps pour s’assurer que tout soit parfait ».

De nouveaux partenaires pourraient-ils vous rejoindre prochainement ?

N.D.: « Nous constatons que la reprise s’accompagne aussi d’une volonté pour un certain nombre de marques d’être un peu plus présentes, depuis la crise, sur un lieu comme le nôtre proposant des moments d’échanges et d’expériences autour de l’entertainment et du sport. Nous devrions annoncer deux ou trois nouveaux partenaires globaux d’ici fin 2021. Ce seront de grandes marques grand public ayant un vrai intérêt pour le sport, car il y a une récurrence des événements comme la finale de la Coupe de France de basket, mais qui recherchent aussi le contact avec le public ».

Pascale Baziller
© SportBusiness.Club Octobre 2021

Source : Sport Business Club