Première course et première victoire pour le trimaran MACIF ! C’est ce samedi à 06h59’27’’ (heure française), après 12 jours 17 heures 29 minutes et 27 secondes de mer (vitesse moyenne réelle de 20,75 nœuds), que François Gabart et Pascal Bidégorry ont coupé en vainqueurs la ligne d’arrivée de la 12e édition de la Transat Jacques Vabre. Un succès inédit en double pour le premier et une deuxième victoire sur cette transat pour le second, sacré il y a tout juste dix ans plus. A l’arrivée au Brésil, l’un comme l’autre ont confié leur bonheur d’avoir partagé des moments très forts sur un bateau « extraordinaire ».
François, quel sentiment vous procure cette victoire ?
François Gabart : « C’est génial ! C’est une impression formidable, parce que c’est la première course du trimaran et sa première victoire, on ne pouvait pas rêver mieux ! Ce bateau est extraordinaire, je l’aime déjà ! Et le fait de partager cette victoire avec Pascal est un moment fort (Pascal coupe : « Il m’aime aussi »), ce n’est que du bonheur ! »
Et vous Pascal ?
Pascal Bidégorry : « François a un nouveau jouet exceptionnel, dont nous n’avons pas encore tiré la quintessence, il y a plein de choses à apprendre, nous avons découvert des choses tous les jours. C’est toujours super de gagner une Transat Jacques Vabre, c’est un parcours magnifique, et une victoire que l’on partage à deux. C’est sympa de gagner à nouveau dix ans après ma première ! »
Avez-vous rencontré des problèmes techniques ?
FG : « Non, pas beaucoup, ce qui est assez exceptionnel pour un bateau neuf, je ne m’attendais pas à ça, je pensais que ce serait plus compliqué. Là-dessus, je ne peux que remercier l’équipe : nous travaillons depuis deux ans pour mettre au point ce bateau, et seulement deux mois après sa mise à l’eau, nous prenons le départ d’une course que nous arrivons à gagner ! Bravo à l’équipe qui a bossé, tant au niveau de la conception, que de la construction et de la mise au point. Avec Pascal, nous n’avons fait que la fin du boulot. Nous avons quand même eu des petits problèmes : l’électronique après le Cap Finisterre ; et récemment même, puisque deux jours avant l’arrivée, nous avons découvert que de l’eau était rentrée à l’arrière du bateau. Une zone de trois mètres s’était remplie d’eau par le tube du safran central, soit 5000 ou 6000 litres ! Comme derrière, il y a un peu d’électronique, notamment les pilotes automatiques, ils n’ont pas trop aimé ! Nous avons réussi à vider, mais nous n’avions plus de pilotes. Ce souci nous a un peu mis dans le rouge. »
François, où situez-vous cette victoire par rapport à celles remportées sur le Vendée Globe et la Route du Rhum ?
FG : « Je n’ai pas envie de les classer, si ce n’est chronologiquement, donc je la place juste après, dans la continuité. Elle arrive dix ans après celle de Pascal sur cette même Transat Jacques Vabre ; quant à moi, c’est l’occasion de me souvenir de ma première Transat Jacques Vabre avec Kito de Pavant en 2009, ce n’était pas une victoire, mais presque (deuxième place en Imoca, ndlr). Cette victoire est belle et d’autant plus forte qu’il y a deux ans avec Michel (Desjoyeaux), nous n’étions pas loin de faire quelque chose de bien. Le mât avait cassé au niveau de Bahia, ça n’avait pas été simple. Là, on y arrive enfin, c’est le début d’une belle histoire avec le trimaran MACIF. »
Comment a fonctionné votre duo avec Pascal ?
FG : « C’était top ! Avec Pascal, c’était notre première navigation en compétition ensemble et nous avons très bien fonctionné dans la capacité à savoir ce que chacun sait faire et à laisser à chacun ses responsabilités. Nous étions très complémentaires, le binôme a vraiment bien marché. Nous n’avions pas de doute au départ, mais nous ne nous connaissons pas depuis longtemps... »
PB : « Nous nous connaissons un peu plus aujourd’hui ! »
Quelle image garderez-vous de cette transat ?
PB : « L’image du passage de Guernesey, lorsque nous avons pris une grosse patate au reaching à 125 degrés du vent, le bateau est monté à 40 nœuds, c’était impressionnant ! Sinon, une autre image, d’ordinateur cette fois, quand on « jibe » (empanne) à l’intérieur de nos amis de Sodebo, juste avant le Cap Vert : c’est un moment déterminant dans la course. Avant cela, nous avons très bien navigué, alors que nous n’avions pas le foil puisque nous étions tribord amure (le trimaran n’avait qu’un seul foil, sur le flotteur tribord, ndlr), nous avons trouvé les bons réglages, nous avons réussi à faire les bons décalages et à être opportunistes. Après, notre décalage en sortie du Pot-au-noir dans l’est, c’était du pur bonheur ! Nous étions au reaching à 30 nœuds alors que Sodebo était au près. Avec les petits soucis que nous avons eus à la fin, cela aurait été compliqué pour nous s’il n’avait pas été loin. Les 48 dernières heures n’ont pas été simples, entre l’eau qui est rentrée et le gennaker qui est tombé sur le pont à 0,8 mille de l’arrivée ! Quelque part, il faut aussi un peu de réussite. Ce qui est super, c’est que le bateau est bien né et super sain, la structure est très bonne. »
Et les hommes, dans quel état terminent-ils ?
FG : « Nous commençons à fatiguer un peu, nous avons beaucoup tourné les manivelles. Avec les deux derniers jours que nous avons vécus, c’est bien d’arriver maintenant, il ne fallait pas que ça dure plus longtemps ! Mais globalement, nous sommes parvenus à bien gérer les bonshommes. »
PB : « Il faut que je prenne mon tour de biceps et d’épaule, je pense que j’ai pris un peu ! »